Si le massacre en masse de soldats ou de créatures diverses et variées (vivantes ou non) se trouve fort représenté dans l’univers vidéoludique, l’art urbain, lui, en revanche, semble nettement moins inspirer les développeurs. Et quand on parle d’art urbain, on ne parle pas ici de construction de monuments harmonieux ni d’immeubles à l’architecture inspirée, mais plutôt de décorations souvent illégales qui viennent orner les murs de nos cités (mais aussi les trains et tout autre support inspirateur pour qui aime à laisser sa trace à la vue des passants, et que l’on nommera généralement tags ou graffitis).
Vandals se propose de vous offrir l’opportunité de dire « j’étais là » aux yeux du monde, en taguant, concrètement, les murailles de différentes villes tout en tentant d’éviter la police, pas très encline à vous laisser détériorer les possessions des honnêtes citoyens. Comment cela se manie-t-il ? Vous constaterez dans notre article que les mécaniques de jeu ne nous sont pas spécialement inconnues…
Vandal heart
Dans Vandals, vous incarnez un grapheur lambda dont l’objectif va être de venir apposer sa griffe sur divers murs et véhicules, sans toutefois se faire serrer par la maréchaussée. C’est le concept de base du jeu, et vous commencerez par vous choisir ce qu’on pourrait appeler un « nom de scène » en définissant votre pseudo via votre clavier virtuel. Ensuite, vous êtes lancé dans une phase de tutoriel qui vous apprendra les actions de base possibles, qui ne sont guère compliquées à retenir ; de fait, la stratégie primera dans ce jeu sur la complexité des contrôles. Vandals reprend une formule désormais devenue classique sur mobile, grâce à d’excellents titres tels que Lara Croft Go, Hitman Go ou encore Deus Ex Go (rien à voir avec Pokémon GO pour ceux qui se poseraient la question).
Il s’agit là de jeux d’infiltration au tour par tour, en vue isométrique, découpés en plusieurs maps elles-mêmes séparées en chapitres. Dans Vandals, après avoir acquis les bases du gameplay, vous êtes lâché dans Paris, la première des cinq villes que vous visiterez (dont Tokyo, Berlin…). Le principal attrait de ce genre de titre réside dans le gameplay, intuitif pour convenir aux supports mobiles. Au début de chaque stage, vous débutez à une certaine position, avec un lieu à rejoindre pour bomber un mur ou un camion, et une voie de sortie pour échapper aux autorités et passer au niveau suivant. Le jeu se joue, en fonction des affinités, soit avec des swipes, soit en touchant directement la position suivante voulue. On a l’impression de jouer à un jeu de plateau.
Ha j’tagge
Toute la difficulté de la chose proviendra des obstacles placés sur votre chemin. De fait, vous aurez le choix entre plusieurs trajets, mais il vous faudra composer avec les forces de l’ordres en place, et donc, éviter de vous faire repérer, ce qui conduira irrémédiablement à une arrestation. Lors de chaque « tour » de jeu, vous et vos adversaires pourrez vous déplacer d’un cran, et les policiers, gardes et autres chiens de défense bénéficieront d’un angle de vue leur permettant de vous repérer de loin si vous vous trouvez dans leur ligne de vision. Ce qui les lancera aussitôt à vos trousses. Néanmoins, vous aurez la possibilité de ramasser des bouteilles vides à lancer, de passer par les égouts histoire de les éviter ou encore d’utiliser un sifflet pour les faire aller où vous souhaitez. Vous l’avez compris : la stratégie de terrain est de mise, et comme aux échecs, il va s’agir de compter les coups des uns et des autres pour s’en sortir indemne.
Et une fois parvenu devant l’endroit que vous souhaitez grapher, le fun se poursuit. A vous de choisir la couleur de fond de votre « tableau », d’y dessiner ou écrire, avec le doigt sur l’écran, ce que bon vous semble (pour ma part, c’est souvent à base de dessins d’organes masculins comme sur nos tables d’école à 11 ans), puis d’y apposer votre signature parmi un certain éventail de dérivés stylisés de votre pseudo choisi initialement. Une fois toute cette activité artistique terminée, il vous sera possible de quitter les lieux à moins d’avoir été grillé, mais aussi, de tenter de récupérer des étoiles disséminées dans chaque niveau.
Streets of arts
Leur obtention améliorera votre score, mais attention ; un autre élément est à prendre en compte lors de vos runs : le nombre de coups joués. Chaque stage possède un nombre maximum d’actions et mouvements à atteindre, que vous pourrez dépasser si vous ne pouvez faire autrement, mais cela vous privera d’une étoile de succès. Calculez donc bien vos déplacements si vous souhaitez taper le perfect dans chaque niveau.
Et puis, élément fascinant de ce Vandals, dans certains stages, vous aurez l’opportunité de ramasser des images accompagnées de textes qui vous en apprendront plus sur l’art de rue, c’est à dire le graffiti, de ses origines à nos jours. Une encyclopédie passionnante à se constituer pour qui souhaite améliorer ses connaissances sur cet aspect très dénigré de la graphie murale et contemporaine.
Pour terminer concernant le jeu, l’aspect technique. Niveau visuel, vous aurez droit surtout à des paysages urbains assez génériques, donc ne vous attendez pas à reconnaître vos rues favorites de Paris ou de New York si vous connaissez ces villes ; joli à l’oeil, le jeu n’entre tout de même pas dans le détail, et de toute façon, ce n’est pas ce qu’on attend de lui.
Les musiques qui vous accompagneront collent tout à fait avec l’ambiance du jeu, et l’on a droit à moult petits bruitages qui passent bien (aboiements de chiens, toussotements des gardes…). Tous ces éléments composent un titre harmonieux, plaisant, qui deviendra de plus en plus exigeant au fil de vos escapades mécréantes nocturnes.
Conclusion Vandals
Vandals n’est pas un jeu qui invente la poudre à couper l’eau chaude. Il reprend une formule efficace éprouvée notamment par Square Enix, mais en modifiant un peu la donne, préférant l’art urbain que les autres n’abordaient pas, et se détachant d’une licence connue. Le fait est que ce format de gameplay convient parfaitement au support mobile, donc si vous avez envie d’un peu d’infiltration adoptant plus ou moins une formule très « jeu de plateau » au tour par tour, Vandals ne vous décevra pas. D’autant que vous aurez droit à un challenge qui risque de vous prendre du temps, ainsi qu’à un apprentissage culturel bien amené sur le graffiti et tout ce qu’il implique. Largement de quoi lâcher quelques euros pour profiter de ce titre atypique.