Il y a parfois du bon à reprendre les mêmes et recommencer. Capcom et Nintendo le savent bien, et il était pour eux évident de sortir un premier jeu de combat sur Nintendo Switch qui ait une véritable chance de bien fonctionner avec la console. Ainsi naquit l’idée de ressortir l’une des plus anciennes recettes du jeu de combat, mais aussi l’une des plus réussies : Street Fighter II: The World Warrior. Finies les bornes d’arcade, il en va maintenant de jouer sur la nouvelle console de chez Nintendo. Néanmoins, les développeurs ont su innover quelque peu pour éviter de ressortir exactement le même jeu, en commençant par le nouveau nom de ce dernier : Ultra Street Fighter II: The Final Challengers. Les développeurs ont aussi ajouté plusieurs nouveaux modes et autres améliorations que vous découvrirez au fil de ce test. Mais alors est-ce que le mélange Street Fighter/Nintendo Switch est un bon mélange ?
Ultra Street Fighter II: The Final Challengers – Loin des bornes d’arcade mais près du cœur
Détruire les mâchoires, mais pas les bases
Street Fighter II, c’était le bon vieux temps où vous alliez mettre une pièce dans une borne afin de vous taper dessus avec un pote. Et les bases, dans Ultra Street Fighter II: The Final Challengers, sont les mêmes. À coups de Hadouken ou de Double Lariat, vous pouvez jouer à un contre un avec un ami, ou bien faire le mode Arcade qui vous emmènera combattre l’ordinateur sur tous les terrains du monde. L’ordinateur prend alors, comme vous pouvez vous en douter, les personnages domiciliés dans le pays/l’arène dans laquelle vous combattez.
On retrouve d’ailleurs, en parlant de bases, tous les personnages présents dans la version Super Street Fighter II. Ainsi, nous pouvons incarner Cammy ou encore Dee Jay, des personnages non-présents dans la version de base de Street Fighter II. Il est aussi possible d’incarner Vega, Sagat, Balrog et M.Bison qui n’étaient jouables que par l’ordinateur dans Street Fighter II. En tant que version ultime du jeu, Ultra Street Fighter II: The Final Challengers se place très bien en reprenant les bases déjà acquises auparavant, et en ajoutant de nouveaux éléments qui peuvent aussi bien gêner qu’être appréciés.
Le K.O. imparfait de la nouveauté
Nous nous demandons que penserait Dhalsim de l’équilibre entre l’ancien et le nouveau dans ce Ultra Street Fighter II: The Final Challengers. En effet, certains nouveaux modes viennent bien évidemment enrichir l’expérience de jeu conférée autrefois par les anciennes versions de Street Fighter II. Nous pensons par exemple au mode multijoueur en ligne, qui vient permettre le contact entre les joueurs du monde entier, ou de deux amis n’étant pas dans le même salon, avec possibilité de jouer compétitif. De plus, le mode deux joueurs contre l’ordinateur est sympathique, quoique légèrement chaotique dans le sens où les deux joueurs ont une seule barre de vie, et qu’ils peuvent tous les deux frapper l’adversaire. On voit donc trois personnages, bondissant partout, ou se déplaçant en même temps. Et même si ce mode est drôle sur le coup, il est extrêmement court et assez répétitif sur le long terme, car il n’y a que quatre combats possibles.
Néanmoins, la plus grosse bavure de ce Street Fighter II: The Final Challengers reste la voie du Hado. En effet, ce mode permet d’utiliser les Joy-Con comme si vous balanciez des vrais Hadouken ou Shoryuken en vue à la première personne avec Ryu. Néanmoins, les mouvements avec ces mêmes Joy-Con sont peu précis et souvent, on se retrouve à faire un Hadouken là où on a réalisé les mouvements indiqués pour faire un Shoryuken. De plus, le mode est extrêmement répétitif car on se contente de balancer nos coups sur des hordes de soldats à la solde de M.Bison encore et encore, et dans le mode difficile, on finit la manche avec un combat contre ce dernier à qui il faut… balancer nos coups jusqu’à ce qu’il tombe. Bref, vous l’aurez compris, nous n’avons pas apprécié du tout cette voie du Hado, qui montre pourtant l’originalité dont peut faire preuve Capcom en utilisant les fonctionnalités de la Switch.
Une autre nouveauté est aussi celle de pouvoir utiliser deux nouveaux personnages : Violent Ken et Evil Ryu. Plus rapides et plus puissants que Ken et Ryu, ils possèdent leur propre histoire. Leur grosse particularité est donc leur montée de stats par rapport aux autres personnages, ce qui peut être très bien d’un côté pour les débutants, mais une vraie plaie contre un véritable joueur. En effet, se retrouver contre un Violent Ken ou un Evil Ryu alors que vous avez un personnage basique vous promet un combat déséquilibré. Pas facile, donc, si quelqu’un souhaite les utiliser en partie classée. Néanmoins, si le skill parle, vous n’aurez probablement pas de mal à faire sauter ces vilaines caries.
Vieille ou nouvelle école
Pour ce qui est du design des arènes ou des personnages, ainsi que des animations, nous nous arrêterons sur une autre nouveauté de cet Ultra Street Fighter II: The Final Challengers : la possibilité de changer à tout moment le design et les musiques dans les paramètres, les faisant basculer des nouveaux graphismes aux anciens graphismes, et inversement.
En effet, il est possible de jouer avec la direction artistique d’antan comme avec la nouvelle. Cette dernière est agréable, néanmoins elle n’est pas parfaite et présente de nombreux défauts, comme les décors et arènes qui sont parfois à la limite d’être déplaisants à l’œil à cause du détourage des décors et personnages aux second- et arrière-plans, qui est très mal réalisé. Les nouveaux doublages et musiques, quant à eux, restent très sobres que l’on soit en mode old-school ou en mode remastérisé.
Pour parler de la direction artistique en 8-bit, elle est semblable à celle disponible sur les autres Street Fighter II. Si vous voulez jouer sur la corde de votre nostalgie, c’est donc avec ce mode qu’il faut jouer. Néanmoins, des bandes de couleur sont ajoutées pour coller avec l’écran, rétréci pour ne pas faire bouillie de pixels. Il faudra donc supporter ces bandes aux deux bords de l’écran.
Mon royaume pour une manette ou un pad arcade !
La maniabilité sur Nintendo Switch sera, malheureusement, l’un des points faibles de ce Ultra Street Fighter II: The Final Challengers. Imaginez-vous faire des quarts de cercle avec les tout petits sticks analogiques des Joy-Con. Désormais, imaginez répéter l’action durant tout un combat. Vous l’avez compris, d’un côté purement pratique, ce n’est pas vraiment gagné de faire un jeu de combat sur Nintendo Switch.
Il vous faudra donc acheter une manette, plus grande, afin de bénéficier de meilleurs pads si vous voulez ne manquer aucun Hadouken. Surtout si vous voulez jouer à deux et que vous avez seulement en votre possession les deux Joy-Con de la Switch. Ce n’était pas facile de jouer avec les deux, alors imaginez donc avec un seul. Nous avons essayé, et il en a résulté une bonne crampe aux doigts.
Conclusion sur Ultra Street Fighter II: The Final Challengers
En bon classique de jeu de combat, Ultra Street Fighter II: The Final Challengers réussit néanmoins son entrée sur la nouvelle console de Nintendo. Il en fallait un, il y en a eu un, car aucun classique du genre n’était encore sorti sur la console. Les bases sont toujours aussi bien ancrées, et on retrouve des modes intéressants dans les nouveautés tel que le mode en ligne et le deux joueurs contre l’ordinateur. Le fait de pouvoir varier entre direction artistique old-school et remastérisée est aussi un point charmant, car il se fera au gré du joueur, qui pourra alors se décider entre découverte et nostalgie. D’un autre côté, nous avons réalisé une grimace d’insatisfaction lors de notre essai de la voie du Hado et une grimace de douleur lorsque l’on a essayé de jouer sur un seul Joy-Con. Pour conclure, Ultra Street Fighter II: The Final Challengers est un jeu plaisant mais qui n’est cependant pas totalement au point pour la Nintendo Switch.