Sorti pour la première fois en 2013 sur une PS3 en fin de vie, puis sur PS4 dans une version remasterisée en 2014, The Last of Us revient une ultime fois en 2022 sous la forme d’un remake agrémenté d’un « Part I » faisant écho à sa suite. Et même si la question de savoir si le jeu en valait la chandelle quand on parle du remake d’un titre vieux de moins de dix ans se pose naturellement, certains feront l’impasse sur ce questionnement.
Réalisée en totale découverte, avec un œil nouveau, cette critique évitera donc tout jugement par rapport aux anciennes versions. On se concentrera ici sur une expérience neuve, sans préjugé et en ayant esquivé les vagues de spoils. Emportez armes, munitions et trousses de soins : nous partons pour un voyage à la découverte d’une œuvre que beaucoup jugent comme l’un des meilleurs jeux de tous les temps.
(Test de The Last of Us Part I sur PS5 réalisée à l’aide d’une copie fournie par l’éditeur)
On the road again…
Le premier contact avec le jeu nous plonge directement dans l’ambiance à l’aide de sa scène d’introduction devenue culte avec le temps. On y contrôle la fille de Joël, plusieurs années avant les événements principaux du titre. Peu importe que vous ayez déjà parcouru les aventures d’Ellie et Joël par le passé ou que vous y posiez les yeux pour la première fois : la mise en scène, la tension et le climax de cette introduction marquent à jamais. C’est un fait.
Mais c’est après que la véritable aventure commence, lorsque le scénario se met en marche et que les premiers affrontements au rythme des clapotis des claqueurs vous entraînent. La promesse est alléchante, et le road trip macabre qui s’annonce n’en est que plus passionnant.
Ellie, jeune fille recueillie par un groupe activiste se faisant appeler « Les lucioles », semble être totalement immunisée au cordyceps, ce champignon parasite qui change les humains en d’hideuses créatures sanguinaires. Votre mission ? L’escorter à travers les États-Unis pour permettre aux scientifiques du groupe de l’étudier et de produire un vaccin pour le salut de l’humanité.
Un monde transformé…
Le monde de The Last of Us Part I est à la fois familier et parfaitement méconnaissable : des checkpoints se chargent de surveiller les entrées et sorties des quartiers, la nature a repris ses droits et les créatures peuplent la pénombre, prêtes à vous sauter à la gorge. C’est avec tout cela qu’il faudra composer, la mise en scène et le rythme retranscrivant parfaitement l’état d’un monde qui n’en est plus un, où il ne s’agit plus seulement d’être le plus fort, mais d’être celui qui survit.
Tout, du moindre bruit suspect aux ombres de soldats qui ne se doutent pas encore de votre présence, est calculé pour que la tension ne cesse jamais vraiment, si ce n’est à quelques instants d’insouciance avec Ellie qui ne dureront pas. Et c’est cette maîtrise avec laquelle le titre nous prend par la main, pour nous la lâcher sans crier gare après seulement quelques minutes, qui rend l’expérience déconcertante.
Les personnages sont tous criants de réalisme tant par leurs animations que par les comédiens qui les incarnent et qui donnent vie à ces êtres dont la mort est devenue le quotidien. Si le monde semble pousser son dernier soupir, le souffle nouveau qui enivre ce remake donne tout son sens à son existence, en témoignent les nombreux comparatifs trouvables sur YouTube : graphiquement, ce titre n’a plus rien à voir avec son matériau d’origine.
Les rouages sont grippés…
S’il y a une chose sur laquelle nous pouvons attaquer The Last of Us Part I, c’est bien certaines de ses mécaniques de gameplay qui sont, elles, restées en 2013. De la nécessité de trouver des établis pour pouvoir améliorer son équipement à l’impossibilité de concevoir ses propres munitions, l’enrobage magnifique laisse parfois place à un goût poussiéreux des plus désagréables.
De plus, certains passages où nous devons attendre qu’Ellie réalise une action spécifique ou qu’un dialogue optionnel se déclenche donnent un sentiment de coopération artificielle, comme si l’entente entre les deux protagonistes n’était que le fruit de l’attente ou de l’appui sur une touche au bon moment (mention spéciale aux blagues d’Ellie, une masterclass). L’infiltration, quant à elle, reste relativement simple, même avec une I.A vendue comme retravaillée.
À vouloir trop coller au jeu d’origine sur certains points, Naughty Dog ne parvient pas à rajeunir un gameplay vieux de presque dix ans, même en empruntant son interface à The Last of Us Part II. Néanmoins, le jeu reste très agréable à prendre en main et, portés par l’ambiance et le scénario, nous aurons vite fait de laisser derrière nous ces bribes du passé.
The Last of Us Part I n’est pas juste un jeu : c’est un voyage. Une expérience narrative au-delà du simple plaisir vidéoludique, un conte sombre et torturé dont on ne ressort pas vraiment indemne. Parées de leurs plus riches atours, la mort et la désolation n’auront jamais eu l’air aussi belles.
Mais ce remake vaut-il réellement le coût d’être acheté au tarif qu’on lui connaît ? Pour quelqu’un ne connaissant pas le titre d’origine et souhaitant le découvrir dans les meilleures conditions, la réponse sera irrémédiablement un « oui » franc et massif. Pour les autres, ils se doivent de se poser la question : veulent-ils entreprendre de nouveau ce voyage mi-onirique mi-cauchemardesque ?
Si les graphismes importent peu pour vous, l’expérience originale ou le remaster vous suffira certainement. En tout cas, la couverture de The Last of Us Part I est aussi belle et maculée de sang que l’histoire qu’elle renferme, et cette dernière n’a clairement pas perdu de sa superbe avec le temps.