Celui qui affirmerait que le beat’em up 2D est mort et enterré depuis belle lurette n’aurait probablement pas toute sa lucidité. Bon, de fait, il faut le reconnaître, les Devil May Cry, Bayonetta et autres ceci-cela Warriors se sont largement approprié le terrain laissé à l’abandon par les antiques Kung-Fu Master, Double Dragon et consorts dont nous ne dresserons pas la liste ici. Mais il n’empêche que, soit de façon purement linéaire avec défilement horizontal comme dans Dragon Ninja, soit multi-directionnelle à la Final Fight, ce genre consistant à casser des museaux à profusion (d’où son nom) continue à faire des émules, et à être représenté de loin en loin par des développeurs généralement indé. Super Crush KO est de ceux-là.
Pour autant, même si l’on découvre chaque jour de nouvelles petites pépites indé cachées, est-ce de facto un gage de qualité (ou de fail) que d’émaner d’un petit studio plutôt que d’un gros rouleau compresseur ? Nous allons nous pencher sur le sujet en analysant ce Super Crush KO un peu sorti de nulle part.
Chacune cherche son chat
Il n’en faut pas beaucoup, parfois, pour partir distribuer des mandales aux scélérats qui nous pourrissent la vie. Dans Super Crush KO, par exemple, point d’invasion alien globale ni de troupes militaires à dézinguer. Bon, derrière tout ça, il y a comme qui dirait un vaste complot orchestré par une IA vindicative désireuse de détruire l’humanité tout entière, mais quand même ; d’abord, récupérer le chat. Celui-ci a été subtilisé à notre vaillante héroïne Karen par une vile mégère en manque de câlins félins, chose impardonnable qui mérite qu’on aille tataner des robots par dizaines pour récupérer ledit matou. Mission à laquelle nous allons nous plier avec délectation.
Dans Super Crush KO, vos adversaires seront tous des robots de tailles et de formes variées. Certains ressembleront à des gros chiens, d’autres à des pangolins (oui, ce mot existe), d’autres encore à de simples sphères capables de vous tirer dessus de loin ou de charger vers vous sans possibilité d’esquive.
Sans compter les quelques boss, pour lesquels, et c’est un point positif contrairement à un jeu comme Bloodstained pour n’en citer qu’un (que l’on aime par ailleurs d’amour), on aura le loisir de voir leur jauge de vie diminuer au fur et à mesure du combat. C’est toujours agréable de savoir si on est à quelques coups de venir à bout de son ennemi ou si on est loin du compte et qu’on n’aura plus qu’à recommencer l’affrontement après avoir décédied…
Délice de tarte à la phalange sur son lit de bastos
En début d’aventure, vous ne bénéficiez guère d’une grande panoplie d’actions disponibles. Frapper au corps à corps, tirer et sauter, c’est à peu près tout. Mais en parcourant les premiers niveaux, vous tomberez régulièrement sur des distributeurs de nourriture disséminés un peu partout dans la ville, grâce auxquels vous apprendrez de nouvelles attaques très pratiques qui vous permettront de vous engager dans des séries de combos bien jouissives en alternant esquive, tirs avec votre arme à feu et frappes spéciales.
D’où le titre de notre test : on prendra tout autant de plaisir à éradiquer des hordes d’ennemis dans ce petit jeu 2D que dans un bon gros Bayonetta bien nerveux.
De fait, si tirer avec votre arme permettra de tenir les vilains à distance, ne comptez pas trop sur cette option ; votre gun surchauffe rapidement, vous obligeant à aller au contact quasi-systématiquement, comme dans Bayonetta où vos combos étaient nettement plus efficaces que vos flingues. Et une fois que vous aurez appris vos diverses attaques spéciales, comme lancer l’ennemi en l’air pour lui infliger des dégâts aériens, ou le plongeon permettant de frapper plusieurs adversaires regroupés, vous allez savourer les enchaînements bien fluides qui vous feront virevolter d’un ennemi à l’autre de manière parfaitement jubilatoire.
Même quand c’est pas long, ça peut être dur et bon…
Si Super Crush KO est peut-être intense une fois passés les premiers niveaux de mise en bouche, avec la multiplication du nombre d’ennemis, de leurs styles d’attaque, les boss et vos propres compétences acquise en cours de route, son caractère jouissif est néanmoins contrebalancé d’une certaine manière (on y revient de suite) par sa longueur basique, qui n’excède pas la vingtaine de niveaux, chaque série de cinq se concluant par un boss-fight. Étant donné que la majeure partie de vos attaques spéciales vous seront octroyées dès les débuts du jeu, il ne tiendra qu’à vous de rusher à travers l’aventure, que vous achèverez donc en très peu de temps (quelques heures). Un bémol, mais tout le monde ne verra pas la chose de cette façon.
En effet, Super Crush KO ne bâtit pas un grand secret autour du fait qu’il a été, aussi et surtout, semblerait-il, pensé pour le scoring et la gratification personnelle émanant du travail mené à bien par le joueur, à la sueur de son front et à chaque level… Ainsi, pour peu que vous soyez un peu complétionniste (il existe réellement ce mot ?) et que vous souhaitiez en avoir pour votre pèze, vous aurez à cœur de parcourir à nouveau les stages terminés afin d’améliorer votre probable rang B en A, voire S. Et ensuite, vous irez comparer vos hauts faits avec les scores des autres joueurs partout dans le monde.
Par une alchimie inexplicable (car tout ceci ne vous rapportera rien in-game), la formule fonctionne, et le jeu donne envie d’y revenir sans cesse pour parfaire son parcours en peaufinant sa performance et faire de mieux en mieux (nombre de fois touché, vies perdues, temps écoulé…). Très addictif. Et si tout ceci ne sert que de prétexte à profiter plus longtemps d’un jeu plutôt court, car on a investi quelques brouzoufs dedans pour l’acheter, hé ben ho… Why not ?
Un dernier mot avant de conclure et de vous laisser savourer le trailer qui, espérons-le, vous donnera éventuellement envie de vous essayer à ce sympathique jeu indé, pour évoquer l’aspect technique. Le jeu se déroule entièrement avec une ville en toile de fond, et affiche de jolies couleurs pastel douces à l’œil, dont les teints rosés et bleutés à la fois contrastent et s’harmonisent parfaitement avec l’action souvent brutale proposée par le gameplay. Quant aux musiques, elles s’avèrent plaisantes sans être inoubliables, et les sons des coups et tirs divers sont parfaitement satisfaisants.
Une bien bonne surprise que ce Super Crush KO, petit jeu indé qui risque de passer inaperçu aux yeux de la plupart des joueurs avides de gros monstres AAA. C’est pourquoi nous espérons que ce test vous incitera à y regarder de plus près.
Le jeu est joli dans son genre, jouissif à manier, et propose un système de scoring et de leaderboard mondial addictif qui viendra pallier le faible nombre de stages proposé, allongeant la durée de vie pour qui ne souhaiterait pas rusher jusqu’au finish et voudrait au contraire tenter de dépasser ses limites tout en rentrant dans ses frais.