Depuis 1979, le 4 mai est la journée mondiale de la saga Star Wars. Détournement d’une phrase célèbre prononcée par les Jedi, « May the Force be with you », ce « May the Fourth » est l’occasion pour les fans d’exprimer leur amour pour la saga, et pour les commerçants de proposer divers objets marketing à l’effigie de ce jour de fête. Afin d’ajouter notre pierre à l’édifice et rendre hommage à cette guerre des étoiles, c’est donc aujourd’hui que notre critique de Star Wars Jedi: Survivor voit le jour.
Sorti le 28 avril dernier sur Xbox Series, PS5 et PC, le jeu est la suite directe de Fallen Order, sorti en 2019 et gros succès critique et public. Le duo Electronic Arts/Respawn Entertainment est donc de retour aux affaires, et avec eux, le personnage principal de l’histoire, le jedi Cal Kestis, qui repart à l’aventure quelques années après l’épilogue de Fallen Order. Développé spécialement pour les consoles de la nouvelle génération, Survivor n’a pas le droit à l’erreur, notamment du point de vue technique. Au final, le jeu aura-t-il réussi à tenir ses promesses ou ne sera-t-il qu’une simple reprise du premier opus, sans prise de risques ?
(Test de Star Wars Jedi: Survivor réalisée sur PS5, à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Un film dont vous êtes le héros
Lorsque démarre l’aventure Star Wars Jedi: Survivor, cinq années se sont écoulées depuis les événements de Fallen Order, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’en est passé des choses durant cette ellipse. Heureusement, Respawn Entertainment a eu la bonne idée de proposer un résumé de l’épisode précédent dès l’écran de titre, et ce n’est pas du luxe, notamment pour les joueurs qui n’auraient pas eu l’occasion d’y jouer. Après un rapide rappel des relations de Cal et son droïde BD-1 avec Merrin, Cere et Greez, il est temps de partir à l’aventure.
Le premier rendez-vous avec la force est pris sur Coruscant, où nous retrouvons notre jedi dans de bien beaux draps. Ah, Coruscant… Quoi de mieux que la planète-cité pour nous en mettre plein la vue d’entrée ? L’objectif est clair et il est atteint. La ville est magnifique, et les effets de perspective, de hauteur, de mouvements donnent juste envie d’arrêter de courir et de sauter pour profiter, comme si Cal n’était finalement qu’un simple touriste galactique. Les animations des personnages, qu’ils soient robotisés ou humanoïdes sont superbes de fluidité.
Ce qui marque d’entrée de jeu dans ce Jedi: Survivor, c’est la volonté des développeurs de proposer un vrai film Star Wars au joueur. Un film dont vous êtes le héros. Jonglant habilement entre les moments de calme, d’humour, d’émotions et d’actions, dans des décors dignes des plus gros blockbusters américains, le jeu ne rate pas sa cible. La vraie bouffée d’air frais de ce second opus, c’est l’évolution du personnage de Cal Kestis. Dans Fallen Order, nous l’avions trouvé sans intérêt, sans relief, et nous avions quelques doutes à l’idée de reprendre son contrôle pendant de nombreuses heures. Mais force est de constater que le personnage a grandi. D’adolescent, Cal est devenu un adulte, et c’est tout le jeu qui a grandi avec lui, devenant lui aussi plus mûr, plus développé.
Le jeu est une suite, ne l’oublions pas. Et du point de vue de l’écriture et du développement des personnages, c’est une bonne suite. Si vous n’avez pas eu l’occasion de jouer à Fallen Order, vous perdrez forcément le sens de quelques dialogues ou flashbacks distillées tout au long du jeu. Plus important encore, vous perdrez même le sens de quelques moments d’émotions plutôt réussis, entre des personnages bien connus. Nous ne dévoilerons pas tout, mais quelques revenants seront aussi de la partie, faisant de Jedi: Survivor un vrai bon sequel, avec la part de surprise qui va avec.
De nombreux modèles, mais pas de révolution
L’utilisation de la force, du sabre laser, mais aussi du tout nouveau blaster ne seront pas de trop pour aider Cal et ses camarades dans leur recherche d’un ancien savoir jedi et d’un moyen de sauver l’ordre. Ça ne vous rappellerait pas quelque chose ? Oui, même si le scénario de Jedi: Survivor n’est pas loupé, il reste toutefois très proche de celui de son prédécesseur. Rien de très grave en soi. Après tout, n’est-ce pas là la définition même de l’univers Star Wars ? Des scénarios proches, vécus dans des univers différents, par des personnages plus ou moins éloignés les uns des autres. Ce qui compte, c’est le voyage, pas la destination, même si on a personnellement eu du mal à s’engager complètement dans les pans de l’histoire concernant Dagan Gera, personnage clé, mais qui sent un peu le réchauffé.
Survivor reprend les codes qui avaient fait le succès de Fallen Order. Une once de RPG, un level design de type Metroidvania, un bestiaire varié, des points de contrôles et des boss à la Dark Souls (la variété en moins), et c’est reparti. Chacune des planètes qui composent l’univers de ce second opus mettra plusieurs heures pour se dévoiler à vous dans son intégralité. Mais une fois tous les raccourcis débloqués, toutes les compétences de Jedi de votre personnage développées, l’aventure aura quelquefois plus des airs de balade que de parcours du combattant. Mention spéciale à la planète Koboh, véritable hub central de l’aventure, qui est la seule à donner une véritable impression de monde ouvert et d’interactions, là où les autres planètes, bien que magnifiques et variées, s’apparentent plus à un long couloir agrémenté de quelques culs-de-sac pour entretenir l’illusion.
Hormis quelques nouveautés, comme les créatures de transport, ou le développement d’une petite base sur la planète Koboh, les joueurs ne seront pas dépaysés. Le gameplay est quasiment inchangé par rapport au premier épisode. Il n’en reste pas moins une réussite. Les combats au sabre laser, iconiques de l’univers Star Wars, sont un plaisir, et on ne peut s’empêcher de sentir l’adrénaline monter au moment d’affronter des hordes de stormtroopers ou autres créatures plus exotiques. Les animations sont variées, les réactions de l’IA plutôt bien calibrées, et les effets du sabre et de l’usage de la force sont hyper immersifs. Quand on rajoute à ça la puissance de la PS5, on ne peut pas bouder son plaisir de guider notre nouveau Jedi favori dans sa quête du savoir et ses affrontements face aux nouveaux ennemis proposés.
Je préfère manger à la Cantina…
Depuis 1977 et la sortie du film « Un nouvel espoir », Star Wars est entré dans l’imaginaire collectif. Que l’on soit fan, simple amateur ou n’ayant jamais vu les films, nous sommes tous capables aujourd’hui de citer les noms de quelques personnages de la saga. De Yoda à Dark Vador, en passant par la famille Skywalker ou Yann Solo (oups), impossible d’être passé à côté du phénomène. Et ça, Respawn Entertainement et Electronic Arts le savent très bien.
L’aventure Star Wars Jedi: Survivor est remplie d’anecdotes, de personnages, de références rendant hommage à la saga. Mais tout est réfléchi pour permettre à chacun de s’y retrouver. À aucun moment le jeu ne nous force à lire, à nous intéresser au lore pour comprendre l’histoire qui se joue devant vos yeux. Si vous aimez l’univers, le jeu est fait pour vous rien que pour son bestiaire, qui reprend quelques créatures cultes de la saga, comme le Rancor, mais aussi pour la place canon qu’il occupe dans la chronologie Star Wars, entre les épisodes trois et quatre. Si au contraire, vous souhaitez jouer au jeu sans passer des heures à personnaliser votre droïde BD-1 ou sans sortir des sentiers battus juste pour un élément de codex, le jeu ne vous le fera pas payer, et c’est tant mieux.
Comment ne pas avoir le sourire aux lèvres lorsqu’on aperçoit au loin un tie-fighter en approche, ou un ex-droïde de la fédération du commerce, réalistes autant par leur visuel que par leurs effets sonores ? Comment ne pas penser à Tatooine et sa cantina lors de nos premiers passages dans le saloon sur Koboh ? Le fan-service est bien de sortie dans ce Star Wars Jedi: Survivor, mais tout reste finement amené, assez pour qu’on prenne du plaisir à se balader sans avoir la désagréable impression que tout n’est que prétexte.
Si l’on souhaite à Cal Kestis d’atteindre un jour le niveau de notoriété des personnages que nous avons cités plus haut, il lui reste toutefois du travail, la faute notamment à un supporting cast un peu décevant. Les boss sont peu mémorables, et les antagonistes manquent de charisme pour rester dans les mémoires. On appréciera tout de même l’équipage du Mantis, mélange d’anciens et de nouveaux venus, qui apportent chacun un ton et une couleur différente aux dialogues et aux scènes d’actions dans lesquelles ils sont présents. Un Jedi n’est jamais seul dans son combat contre le côté obscur, et c’est encore une fois le cas.
Si l’on devait résumer notre expérience en un mot, c’est le mot plaisir qui correspondrait le mieux. Le plaisir de prendre part manette en main à une aventure originale, dans un monde de toute beauté, rempli de références savamment distillées. Survivor est un bon jeu PS5 lorsqu’on sait à quoi s’attendre. Si vous êtes à la recherche d’un jeu en monde ouvert, au réalisme scénaristique poussé, alors ce jeu n’est pas fait pour vous. Si au contraire, vous souhaitez simplement un bon jeu d’action à la direction artistique poussée, qui vous tiendra en haleine durant quasiment une trentaine d’heures, alors foncez.
Star Wars Jedi: Survivor n’est certainement pas le jeu parfait, loin de là, la faute notamment à quelques grosses facilités scénaristiques, et une tendance à parfois trop prendre le joueur par la main. Mais il se place bien haut dans la hiérarchie des très nombreux jeux estampillés Star Wars à la qualité parfois très douteuse, et il risque d’y rester encore bien longtemps tant il coche la majorité des cases de la réussite. Bon vent à toi, Star Wars Jedi: Survivor, et que la force soit avec toi.