À première vue, un platformer néo-rétro comme il en sort des dizaines chaque mois. Néanmoins, la direction artistique faite de gros pixels colorés nous a laissé espérer que celui-ci serait plutôt dans la famille des réussis (Celeste) que des déceptions (Narita Boy). Mais la proposition de Souldiers ira au-delà de l’hommage aux classiques. C’était dans le titre, et on ne l’avait même pas vu !
(Test de Souldiers sur Xbox Series X réalisée via une copie commerciale du jeu)
Classic shit
Olija, Cyber Shadow, Deedlit in Wonder Labyrinth, ou avant eux Blasphemous, Beard Blade, Touhou Luna Nights, ou encore Dead Cells : on ne compte plus les 2D platformers en pixel art qui sortent chaque année, pour le meilleur comme pour le pire. Si certains essaient en effet de renouveler ou de moderniser une formule vieille comme le jeu vidéo, d’autres profitent d’un engouement général autour du rétro-gaming pour nous servir des clones fainéants.
De quel côté allait se situer Souldiers ? La présence du label Dear Villagers nous donnait envie d’y croire. L’équipe montpelliéraine avait en effet déjà marqué de son Seal of Quality des jeux très réussis qui avaient aussi tenté quelque chose de différent, comme The Forgotten City ou Scourge Bringer.
Et les premières sensations sont plus que satisfaisantes. Après une entrée en la matière un peu bateau, nous voilà en train de sauter, de frapper et d’esquiver, comme dans les grands classiques du genre. Si on s’est un peu étonné d’avoir eu à choisir la classe de notre personnage (soldat, archer ou magicien) et en même temps, le gameplay qui allait avec, on retombe vite sur nos pattes avec un style de jeu des plus classiques. Mais cela n’allait pas durer.
« I’m a Soul man… »
Le jeu se corse très rapidement. On est habitué, dans le platformer, à éliminer par dizaines et en un seul coup les « mobs » qui se présentent à nous. C’est bien le cas dans les premières minutes du jeu, où ce sont des blobs quasi-inoffensifs qui nous font face, mais la difficulté va vite se renforcer, et les ennemis devenir de plus en plus vicieux.
Ainsi, des créatures féroces qui nous foncent droit dessus opèreront un petit saut de dernière minute, nous infligeant les dégâts qui vont avec, si on a le mauvais réflexe d’essayer de les esquiver en sautant ; des sortes de chiens en armure nous balancent des marteaux à distance, mais changent de façon de se battre et se mettent à essayer de nous écraser dès qu’on s’approche d’eux… Et on ne parle pas là de boss, mais bien des ennemis « normaux » qu’on croise tout au long des niveaux !
Le jeu nous oblige alors à utiliser toute la panoplie de mouvements qui nous est offerte : le saut, la parade au bouclier, et l’esquive en faisant une roulade. Des mouvements défensifs qui sont évidemment limités par une barre d’endurance. Ça vous rappelle quelque chose ?
Car oui, Souldiers est le premier 2D-platformer post-Elden Ring à en assumer l’influence, pour ne pas dire une part d’héritage. On se demandait, dans un précédent article, comment le dernier jeu de FromSoftware allait laisser sa marque dans l’industrie. Nous voilà ici avec un élément de réponse. Alors bien sûr, Souldiers n’est pas le premier jeu 2D qu’on rapprochera des titres de Miyazaki. Des jeux comme Blasphemous ou Unto the End avant lui y ont eu droit. Mais c’est plus leur exigence, la difficulté des combats, et un ton particulier, dark et mélancolique, qui avaient attiré la comparaison.
Dans Souldiers, on a vraiment les ingrédients types d’un Souls-like implantés dans le jeu comme s’il avait fallu respecter un cahier des charges : une barre d’endurance ? Check ! La roulade d’esquive ? Check ! Des combats difficiles ? Check ! Des feux de camps pour se reposer au prix de la réapparition d’ennemis ? Check ! Le choix de la classe en début de partie ? Check ! Même le petit personnage, avec son heaume à visière, nous rappelle Malenia. Et puis, c’était sous notre nez dès le début : Soul-diers. D’ailleurs, le premier vrai boss qu’on aura à affronter sera une araignée géante. « Coïncidence ? Je ne crois pas… »
Vieux moderne
Mais alors, est-ce que ça fonctionne ? Oui, et non ! Celui qui aura acheté le jeu pour son pixel art charmant et l’envie de retrouver du gameplay à la Castle of Illusions pourra ressortir son plus beau mème « Je suis pas venu ici pour souffrir, OK ? ». On meurt beaucoup, et on meurt souvent dans Souldiers. De quoi, d’ailleurs, pester contre des temps de chargement un peu longuets, surtout comparés à ceux d’un Sniper Elite 5, autrement plus demandeur en ressources et dont les temps de chargement ne dépassent pas les deux secondes.
Cependant, on se souvient également des jeux eux aussi très exigeants de l’époque 16 bits, où il fallait recommencer encore et encore jusqu’à connaître le niveau par cœur pour y effectuer la chorégraphie qui permettrait de traverser le niveau sans perdre tous nos cœurs ; cette difficulté qui a un peu disparu des radars aujourd’hui. En mettant du Elden Ring dans son metroidvania, l’équipe de Retro Forge réussit, paradoxalement, à rendre au genre un peu de l’esprit 90s en modernisant la formule plateforme-exploration classique.
Soudiers, malgré une apparence des plus classiques, reste une petite surprise de par les mécaniques résolument modernes qui l’animent. D’un côté, son pixel art très réussi, ainsi que le level design, en font un joli metroidvania néo-rétro des plus classiques (et c’est déjà pas mal !). Mais les petites touches de Souls-like (toute proportion gardée) renouvellent aussi la formule, et en font un jeu qui sort un peu du lot.
Dans le même temps, il pourrait s’avérer frustrant pour toute une catégorie de joueurs. Mais en toute logique, qui dit rétro pense aussi défi… On soulignera aussi la bonne idée des trois classes de personnages, qui modifient chacune le gameplay, ajoutant ainsi un peu de « replay value » au titre.