Voilà des mois qu’on l’attendait. SINoALICE est d’abord sorti au Japon en 2017, mais Square Enix a su rapidement faire monter la hype chez nous en annonçant une traduction française. Il faut dire que derrière le jeu, on retrouve Yoko Taro, auquel on sera éternellement reconnaissant pour NieR: Automata, accompagné de Keiichi Okabe à la musique, le magicien de la bande-son de NieR.
Les premiers trailers présentant un RPG situé dans un monde inspiré des contes de fées passé au filtre émo/dark finissaient de nous donner envie de nous essayer au jeu. Puis le titre a été repoussé de quelques mois pour peaufiner sa localisation, et a eu le temps de dépasser les deux millions de préinscriptions avant sa sortie aujourd’hui. C’est un peu fébriles que nous l’avons donc lancé ce matin, les vrais bons jeux mobiles restant l’exception dans une galaxie de free-to-play se clonant les uns les autres.
(Test de SINoALICE réalisé sur smartphone Android via l’application disponible sur Google Play)
Hélas, la première heure que nous avons passée sur le titre ne nous a pas convaincus. Si l’enrobage est luxueux, le gameplay, lui, n’est pas au rendez-vous.
Nous sommes au démarrage de l’application, transportés dans la Bibliothèque, un drôle de monde où nous accueillent deux marionnettes à l’allure pouponne dont on n’a pas encore décidé si elles étaient mignonnes ou creepy. La Bibliothèque est une sorte de purgatoire pour les Personnages, qui doivent réanimer leurs auteurs pour que leurs vies et leurs aventures puissent se poursuivre. Logique.
Nous aurons donc d’abord le choix entre Alice, Blanche-Neige, Le Petit Chaperon Rouge et Pinocchio (qui pour l’occasion devient une fille…). D’autres héroïnes se débloqueront au fur et à mesure de la progression dans le jeu. SINoALICE nous offre aussi au démarrage 11 Grimoires que nous ouvrirons pour y découvrir différentes armes. C’est le système de gacha sur lequel repose l’économie du titre, qui espère qu’on reviendra le plus souvent possible acheter d’autres Grimoires…
Après quelques explications et notes de scénario, on attaque le jeu à proprement parler. Accompagné d’une escouade de quatre autres personnages contrôlés par la machine ou par d’autres joueurs selon les modes de jeu, il nous faut affronter des vagues d’ennemis en tapotant sur les cinq armes avec lesquelles on part au combat, affichées sous l’écran.
Se présentant en vue de profil, graphiquement, SINoALICE peut faire penser à un titre Vaniliaware. Malheureusement, il n’en aura pas les qualités, question système de jeu. La progression dans le niveau se fait automatiquement, et la seule intervention du joueur est de tapoter sur les armes qu’il choisit pour réaliser ses attaques, avec – tout de même – cette petite finesse qui veut que armes comme ennemis appartiennent à des familles élémentaires (Feu, Eau, Vent, etc.) avec leurs forces et faiblesses (il sera plutôt bien vu d’attaquer un ennemi de Feu avec un sort d’Eau).
Munis de 5 cartes au début d’un raid, nous devons dépenser une carte à chaque attaque, et la main peut se renouveler contre des PC. Pour ces premières heures de jeu, nous n’avons pas encore pu apprécier ce qu’allait impliquer cette mécanique, tant le stock de PC dont nous disposons est supérieur à ce dont nous avons besoin pour venir à bout des premières dizaines de raids.
À la fin d’un raid victorieux, on remporte des matériaux qui permettront d’améliorer nos armes et armures (car le personnage possède une fiche d’équipement, ce qui lui permet de cocher la case RPG de manière un peu abusive) et de précieux cristaux… Enfin, UN précieux cristal. Précieux, car c’est la monnaie du jeu. C’est en cristaux que se paie les Grimoires, équivalent de boosters de cartes dans les autres gacha.
Sachant qu’un seul Grimoire coûte la bagatelle de 30 cristaux, et que le taux d’apparition des meilleurs équipements est bien évidemment ridiculement bas, on comprend qu’il va falloir farmer… Ou passer à la caisse ! Car il est bien entendu possible d’acheter des cristaux avec des vrais Euros de notre monde à nous !
Un point sur lequel on ne râlera pas trop. Même si ce système menant inévitablement au pay-to-win ne correspond pas exactement à notre vision d’un jeu vidéo, il est désormais installé et on sait à quoi on a affaire en téléchargeant le jeu, le contrat est clair. Non, le problème ici est plutôt le système de jeu en lui-même, et les possibilités extrêmement réduites d’action du joueur.
Certes, nous n’avons pas exploré toutes les facettes du titre pendant six à huit heures. Mais ces deux premières heures passées sur le jeu nous ont déjà semblé profondément répétitives. Alors oui, le jeu va se corser avec le temps, et oui, une forme de stratégie viendra se mettre en place quand nous rencontrerons des ennemis plus puissants et que nous disposerons d’un arsenal plus varié, mais est-ce suffisant pour nous convaincre de continuer l’aventure ? Probablement pas.
Un jeu comme Another Eden: The Cat Beyond Time and Space nous a pourtant prouvé qu’il était possible de conjuguer les impératifs du jeu mobile et de véritables qualités vidéoludiques. Avec un casting aussi solide au développement de SINoALICE, on s’attendait au moins à un jeu aussi bon (en vrai, on imaginait qu’il serait meilleur…). Il faudra se contenter d’un gacha classique au gameplay particulièrement pauvre. Certes, joli. Mais c’est tout.
Le genre a pourtant ses adeptes, à en juger par le succès du jeu au Japon et le succès du genre à travers toute la planète, et ses aficionados trouveront peut-être des qualités à ce SINoALICE que nous avons, nous, trouvé insipide et par-dessus tout, décevant…