Bon, on ne va pas s’amuser Ă prĂ©senter une Ă©nième fois dans les grandes largeurs Shaquille O’Neal, cĂ©lèbre joueur de basketball, mais Ă©galement prĂ©sent dans tout un tas de mĂ©dias, surtout au cours des annĂ©es 90 : cinĂ©ma, musique, tĂ©lĂ©vision… ainsi que dans un jeu vidĂ©o, paru sur consoles en 1994. Vraiment pas terrible, Shaq Fu Ă©tait un jeu de « versus fighting » qui s’est forgĂ© une petite rĂ©putation comme Ă©tant l’un des plus mauvais jeux de tous les temps, alors que oui, certes, c’est pas terrible, mais on a connu largement pire. Quoi qu’il en soit, cette rĂ©putation sera au centre du projet Shaq Fu: A Legend Reborn, qui constituera l’objet de notre propos ci-dessous.
Shaq Fu: A Legend Reborn – Un retour avec humour (et baston, quand mĂŞme)
Shaq attack
Comme Ă©voquĂ© en intro, Shaq Fu est un jeu de baston paru notamment sur MegaDrive et Super NES au coeur des 90’s. Si vous aimez un peu le retro-gaming, vous aurez probablement visionnĂ© tout le bien que pensent certains YouTubers du jeu de Delphine Software, on ne va donc pas Ă©piloguer sur le sujet. Le fait est que, au vu de son principe un peu spĂ©cial (un jeu de baston avec un basketteur comme idole ??) et de son accueil plus que mitigĂ©, personne n’aurait jamais eu l’idĂ©e de lui offrir une suite. Et pourtant, grâce Ă une campagne Indiegogo concluante, prouvant que, nom de nom, cette licence a quand mĂŞme des adeptes, Shaq Fu: A Legend Reborn est bel et bien une rĂ©alitĂ©, mĂŞme s’il s’Ă©loigne un peu de son grand frère (voire beaucoup). En quoi ?, serez-vous en droit de demander. HĂ© bien, il ne s’agit plus ici de « vs. fighting », mais plutĂ´t d’un beat’em up Ă l’ancienne, en 2D, dans lequel le basket n’a d’ailleurs aucune place prĂ©pondĂ©rante en dĂ©pit de la carrière principale IRL de la personne dont il utilise l’image.
Ici, vous incarnez bien Ă©videmment ce bon vieux Shaq, mais recueilli dans une rivière en Chine, alors qu’il Ă©tait tout bĂ©bĂ©. Ce qui fait de lui un Chinois peu commun, de par sa taille colossale (Shaquille O’Neal mesure plus de 2m10, et heu bon, il a très peu l’air Chinois, faut bien avouer), raillĂ© par ses petits camarades d’enfance, et qui va bĂ©nĂ©ficier d’un entrainement aux arts martiaux sĂ©vère de la part d’un maĂ®tre talentueux et cynique. Le contexte est posĂ© dès la vidĂ©o d’intro, on est dans de l’humour dĂ©calĂ© et du n’importe quoi scĂ©naristique, et le tout sied très bien au propos du jeu. Ceci pour justifier d’aller dĂ©glinguer de manière classique du mob Ă la pelle, avant de se tartiner le boss du coin, qui peut s’avĂ©rer bien relou (n’est-ce pas, la grognasse du niveau 3 ?).
Beat’em up Ă l’ancienne
Boss qui n’hĂ©siteront pas, en outre, Ă appeler un tas de subalternes Ă la rescousse rien que pour vous empĂŞcher de comprendre leur pattern et vous infliger des dĂ©gâts dont vous vous seriez bien passĂ©. Mais hè, c’est la règle hein, c’est du beat’em up, et dans Double Dragon ou Final Fight c’Ă©tait dĂ©jĂ de mise, alors on ne va pas se mettre Ă braire pour si peu… Pour abrĂ©ger, vous aurez compris Ă quel style de jeu on a affaire globalement, il est temps Ă prĂ©sent d’entrer un peu plus dans les dĂ©tails. A travers divers paysages traditionnels du genre (campagne asiatique, dĂ©cors urbains, hĂ´tels de luxe avec piscine, etc., on reviendra plus tard sur l’aspect graphique), Shaq va devoir se dĂ©faire de cohortes entières d’ennemis. On tient lĂ un beat’em up très bas du front, mais c’est un peu ce qu’on recherche quand on s’engage sur ce type de jeu, alors no souci Ă ce sujet ; on est pas venu pour Ă©tudier du Nietzsche, mais pour casser du museau.
Donc, si le genre vous plait, et que vous avez sĂ©chĂ© en long et en large Cadillacs and Dinosaurs, les Streets of Rage et autres rĂ©fĂ©rences du mĂŞme acabit, vous serez en terrain connu. Pour le reste, vous serez gratifiĂ© de bastons en veux-tu en voilĂ , le tout agrĂ©mentĂ© d’un humour constant, que ce soit dans les situations de combat ou dans les dialogues. L’humour reprĂ©sente un des gros points forts de ce jeu d’ailleurs. On est constamment abreuvĂ© de punchlines et de rĂ©fĂ©rences qui ne manqueront pas de faire sourire, et l’auto-dĂ©rision sera de mise par rapport au titre originel tant dĂ©criĂ©. Vraiment très bien.
Kung furie
Mis Ă part ça, Shaq Fu: A Legend Reborn est un beat’em up qui adopte la formule antique du genre, tout en se permettant des largesses, telles que la transformation occasionnelle en robot, ou encore en homme-cactus qui permet de tirer des salves d’Ă©pines sur les ennemis. Entre deux phases bateau de bourrinage, le jeu s’autorise ainsi des petits trips bien sympa, ce qui n’est nullement nĂ©gligeable. Mais ne vous faites pas de fausses idĂ©es : globalement, vous allez taper des mecs, et puis retaper des mecs, et puis taper quelques nanas, et taper des boss. Pour ce faire, une jauge de vie reprĂ©sentera votre santĂ©, et une jauge de pouvoir, votre capacitĂ© Ă faire pĂ©ter du coup spĂ©cial.
Il vous appartiendra Ă©galement de profiter Ă profusion des items Ă casser Ă longueur de niveaux (pour rĂ©cupĂ©rer de la vie ou du pouvoir) ainsi que des objets dissĂ©minĂ©s au fil des stages, tels que les bonbonnes de gaz ou les panneaux signalĂ©tiques, sans compter les armes Ă rĂ©cupĂ©rer sur les adversaires. Du bon gros beat’em up Ă l’ancienne en somme, mais c’est ce qu’on aime dans un beat’em up, ou alors on passe Ă cĂ´tĂ© et on retourne sur le dernier FIFA. Comme vous avez pu le lire dans ces dernières lignes, Shaq Fu: A Legend Reborn ressemble jusqu’Ă prĂ©sent Ă un très bon jeu de tape Ă l’ancienne, mais il n’est nĂ©anmoins pas exempt de dĂ©fauts.
Du bien et du pas bien
D’une, on aurait bien aimĂ© un système de contre/parade/garde, alors qu’on n’a droit ici qu’Ă une roulade vers le haut ou le bas qui peinera Ă vous sortir de certaines situations dĂ©licates. Et de deux : qu’est ce qu’on attend gĂ©nĂ©ralement d’un beat’em up old-school ? La possibilitĂ© de se friter contre les armĂ©es de mĂ©crĂ©ants avec un compagnon d’armes ! Ici, point de multi ni local ni online, c’est du solo pur et dur, et parfois, vu l’affluence de mĂ©chants, on aurait aimĂ© pouvoir compter sur un (ou plusieurs) camarade(s) pour se rĂ©partir la tâche. Dommage pour un beat’em up de ce style.
Quelques mots pour finir sur l’aspect technique. Shaq Fu: A Legend Reborn est très joli Ă voir, et on aimera profiter de ses dĂ©cors de fond ainsi que du visuel des perso. On pensera immĂ©diatement Ă Double Dragon Neon, qui se voulait bien plus rĂ©aliste que ses ancĂŞtres. Mais c’Ă©tait au prix d’une jouabilitĂ© un peu mollassonne, que l’on retrouve dans le jeu qui nous intĂ©resse aujourd’hui, mĂŞme si cet aspect demeure très peu gĂŞnant pour la progression du joueur. Et niveau musique et sons, c’est du tout bon, les frappes passent très bien et y’a du Michael Jackson en fond, parfois (bon, faut aussi aimer le rap, n’oublions pas que Shaquille est aussi un rapper).
Conclusion Shaq Fu: A Legend Reborn
Shaq Fu: A Legend Reborn, c’est quoi ? C’est Ă la fois un hommage et une parodie au jeu 16-bits qui a tellement pris cher dans la critique. Le jeu change d’optique et part sur du beat’em up lĂ oĂą son ancĂŞtre se concentrait sur le versus fighting. DrĂ´le, fun Ă jouer, bourrĂ© de petites piques et clins d’oeil, il saura satisfaire tous les amoureux d’un genre quasiment disparu. On lui reprochera par contre son absence de mode co-op, Ă©lĂ©ment essentiel dans un beat’em up. Et mĂŞme s’il est parfois un peu mou du genou, c’est un bon Ă©lĂ©ment d’un style trop peu reprĂ©sentĂ© ces derniers temps. Que l’on soit fan de mister O’Neal ou non.
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