Alors que Pac-Man fête cette année ses 45 ans, Bandai Namco lui rend hommage d’une façon très particulière : en faisant de lui un monstre mécanique asservissant un pauvre avatar pour l’aider à enfin se sortir du labyrinthe dans lequel il est coincé depuis tant d’années. Shadow Labyrinth est ainsi présenté comme une vision inédite du mythe Pac-Man.
Mais au-delà de ce clin d’œil qui a tout du coup marketing, le titre cache un Metroidvania d’excellente facture qui réussit de plus à intégrer du gameplay Pac-Man classique dans une forme que les amateurs d’émissions de télé culinaires n’hésiteraient pas à qualifier de revisitée. Un menu aussi alléchant qu’une Pac-gomme de puissance.
(Test de Shadow Labyrinth réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Secret bien gardé
Autour de Noël dernier, Amazon Prime Video sortait Secret Level, une série d’animation anthologique qui venait chasser sur les terres de l’excellent Love, Death & Robots du concurrent Netflix. Secret Level arrivait avec sa petite spécificité : chaque épisode serait tiré de l’univers d’un jeu vidéo (il ne vous aura pas échappé que c’est le truc du moment). Et parmi ces histoires courtes, une en particulier nous avait semblé assez hardie : faire de Pac-Man un récit d’horreur situé dans une civilisation post-apocalyptique.
Cependant, quelques semaines après la diffusion de la série, Bandai Namco annonçait Shadow Labyrinth, un Metroidvania qui détournait de façon surprenante l’univers de Pac-Man. L’épisode de Secret Level n’était ainsi pas si créatif que cela, et finalement un bête mais coûteux trailer pour le jeu.
Les spectateurs ayant vu l’épisode savent donc ce quoi il retourne. Dans Shadow Labyrinth, le joueur incarne un malheureux personnage qui se réveille dans un endroit qu’il ne connait pas. Une drôle de machine sphérique jaune va lui servir de guide dans cet univers sombre dans lequel il va devenir épéiste pour sa survie, mais surtout pour celle de son compagnon « rond comme un ballon et plus jaune qu’un citron ».
Metroidvania + Pacmania = Metroidpacmania
Comme le Labyrinth du titre l’indique, le jeu est donc un Metroidvania, avec son lot de zones d’abord inaccessibles, qui s’ouvriront au gré des pouvoirs que le personnage acquerra tout au long de l’aventure : dash, grappin… Sur cet aspect, le jeu est tout à fait classique, mais de construction solide. Les décors et les défis sont variés, le labyrinthe est complexe mais lisible, le bestiaire suffisamment éclectique, tant au niveau graphique que des mécaniques…
Les joueurs l’ayant connu penseront rapidement à Knytt Underground, autre Metroidvania sorti en 2013, dont les décors sombres et post-apocalyptiques ne seront pas sans rappeler ceux de Shadow Labyrinth. D’autant plus que dans ce jeu, pour accéder à certaines zones inaccessibles, le personnage pouvait se transformer en balle !
Comme dans Shadow Labyrinth, dans lequel le Pac-Man, reprenant sont nom original de Puck (vous connaissez probablement l’histoire des bornes Puckman ou le Puck a été changé en Pac pour l’export, de peur que des petits malins ne transforment dans les salles d’arcade le « P » en « F »…), ne fait pas que nous accompagner, mais habite littéralement le personnage principal. En effet, certaines zones possèdent des sortes de rails qui, une fois activés, font fusionner l’épéiste et la sphère en une créature qui circulera sur les rails à la manière de ce bon vieux Pac-Man des années 80.
Ce n’est pas tout, Puck offre aussi au personnage la possibilité de se changer temporairement en Gaia, un mecha surpuissant insensible aux dégâts environnementaux : la solution pour traverser les étangs d’acide ou les rivières de lave qui ne manqueront pas de se présenter pendant le voyage. Si le coup du mecha est éloigné du « lore » de Pac-Man, la monnaie in game permettant de faire progresser son personnage est-elle la classique Pac-gomme, que l’on récoltera en éliminant les ennemis ou en glissant sur les rails décrits ci-dessus.
Gimmick marketing… Ou pas !
Alors Shadow Labyrinth serait un Metroidvania solide, mais classique, dans lequel les développeurs auraient implanté quelques passages permettant de se changer rapidement en Pac-Man ? Juste de quoi prendre des images pour les trialers et faire parler sur le thème de la « variation étonnante autour de l’univers de Pac-Man »… Un gimmick marketing, en somme.
C’est en tout cas ce qu’on avait pu commencer à croire pendant les premières heures de jeu. Mais en avançant dans l’aventure, on finit par accéder à des niveaux qui transforment complètement l’expérience en Pac-Man 2025. Des phases qui feront penser au très bon Pac-Man Championship Edition DX (qui faisait déjà beaucoup évoluer la formule tout en restant fidèle aux mécaniques essentielles), le faisant encore muer avec des éléments de combat de boss et de courses contre la montre.
Ces « jeux dans le jeu », qu’on ne peut pas réellement qualifier de mini-jeux, donnent réellement le sentiment que l’expérience Pac-Man a été digérée par Shadow Labyrinth, et indiquent aussi le niveau de richesse du titre.
Petit mais costaud ! (« Tu sais ce qu’il te dit, le Cassis ?! »)
Shadow Labyrinth est vendu moins de 30€, et est disponible aussi sur Switch première du nom. Un « petit » jeu, donc ? Loin de là. C’est en rencontrant le premier vrai boss, donc le design fait quelques rappels à l’un des fantômes qui poursuit Pac-Man dans les labyrinthes du jeu des années 80, que l’on commence à comprendre. Les fantômes sont quatre (Inky, Pinky, Blinky et Clyde), on n’en serait alors qu’à un quart du jeu ?
Le titre est en effet particulièrement riche, et long. Ses rebondissements dignes des meilleures série B (Z ?) de science-fiction emmènent le récit là où on ne l’attend pas forcément (même si le scénario est vraiment dispensable), mais surtout déplie une carte qui n’a de cesse de se développer.
Après 10 ou 12 heures de jeux, l’on rencontre des obstacles qui nous font dire que nous ne possédons pas encore tous les pouvoirs prévus, et que l’aventure est encore longue… Shadow Labyrinth est un vrai bon Metroidvania, qui réussit à rendre hommage à Pac-Man pour ces 45 ans en intégrant intelligemment les clins d’œil à son gameplay. Le titre est un immanquable de cet été pour tout amateur de plateforme 2D.
Après « l’arnaque » de l’épisode-trailer de Secret Level, qu’on avait cru malin dans sa narration mais qui s’était joué de nous pour annoncer le jeu (bon, ok, c’était effectivement malin), nous avions lancé Shadow Labyrinth avec la crainte d’être devant un produit marketing qui basait tout sur son gimmick. Nous ne pouvions pas être plus loin de la vérité. Certes, le jeu sort avec un timing bien pensé (le 45ème anniversaire du glouton jaune), mais rend un véritable hommage au classique de Namco plus qu’il ne l’utilise pour exister. Il n’aurait d’ailleurs pas besoin de la marque Pac-Man, tant ses mécaniques intrinsèques et sa carte étendue se suffisent à elles-même pour en faire un vrai bon Metroidvania.
Mentionnons aussi son optimisation : si, 2D oblige, le jeu ne sera pas particulièrement gourmand, nous l’avons testé sur une console ROG Ally, (connue pour la faible durée de vie de sa batterie) et avons eu l’excellente surprise de pouvoir faire des parties bien plus longues qu’à l’accoutumée. Un autre bon point en cette période de voyages estivaux.