Project Winter est, comme son nom l’indique, un petit projet indépendant sorti un peu de nulle part. Réalisé par Other Ocean Interactive, il propose un concept pour le moins original reprenant un peu le principe des Loups Garous de Thiercelieux. Mais si, souvenez-vous, un jeu à rôle caché dans lequel vous étiez toujours un villageois sans pouvoir, et en prime les loups vous dévoraient dès la première nuit. Ajoutez à cela une bonne once de gameplay basé sur de la survie en milieu hostile et vous obtiendrez Project Winter.
Promettant des parties basées sur la coopération mais en même temps la trahison, Project Winter est sorti en early access le 7 février dernier. Il reste maintenant à voir si cet early access est digne d’intérêt, et si les promesses ont été tenues.
Un accueil peu chaleureux…
Tout d’abord, il est important de préciser que le titre vient tout juste de sortir en early access, il est donc tout a fait normal que celui-ci ne soit pas d’une qualité parfaite, surtout le premier mois. C’est avec ça en tête que nous arrivons sur le jeu, prêts à jouer les survivalistes de l’extrême. Le principe d’une partie est simple : groupe de survivants perdu dans une contrée particulièrement froide ayant trouvé refuge dans une cabane de fortune, vous devrez vous entraider pour rester en vie et accomplir une série d’objectifs pour quitter la zone. Attention cependant, car vous avez une limite de temps d’une demie-heure avant qu’un gigantesque blizzard ne frappe la région, et vous emporte par la même occasion. Les joueurs sont séparés en deux groupes : les survivants (devant s’échapper de la zone avec le plus de personnes possible) et les traîtres (en nombre plus réduit, qui eux doivent s’échapper en laissant le plus de personnes derrière eux). Ces rôles sont bien évidemment cachés et il ne tient qu’à vous de faire confiance où non à quelqu’un.
Mais on se rend compte dès les premières minutes que Project Winter ne vous prendra pas par la main : avant même de commencer, le jeu nous impose de lire un tutoriel d’une dizaine de pages expliquant toutes les mécaniques de jeu, les objectifs de chaque camp, ainsi que les possibilités de victoire, etc… Indigeste et demandant de retenir une grosse quantité d’informations en peu de temps, on a déjà oublié la moitié des explications une fois arrivé dans le menu du jeu (des vidéos tuto auraient peut-être été un meilleur choix ?).
Pire encore, la traduction française, digne de « Google Traduction », n’aide pas. Certaines phrases sont totalement incompréhensibles (que ce soit dans le tuto ou in-game) quand d’autres sont tout simplement restées non-traduites ; il est donc conseillé de jouer en anglais si vous n’avez pas de problème avec cette langue (dans le cas contraire, vous risquerez de mal comprendre les objectifs et de faire le contraire de ce que l’on vous demande).
… et une grande difficulté à briser la glace
Nous pouvons dès à présent entrer dans le vif du sujet : qu’en est-il du jeu ? Soyez d’abord prévenu d’une chose : il faudra être bien motivé pour faire une partie de Project Winter, car malheureusement le jeu ne possède pas une communauté très grande. Préparez-vous donc à attendre de très longues minutes pour trouver sept autres joueurs daignant vouloir jouer (si personne ne quitte le salon entre temps, ce qui est rare). Et une fois que la partie se lance, on ne peut que constater que l’un des plus gros points faibles du titre est en réalité sa communauté.
Alors que le titre utilise de nombreuses mécaniques encourageant la communication (rien que le fait de devoir discuter pour découvrir qui sont les traîtres, ou encore la possibilité de fabriquer des radios pour parler à distance), presque aucun joueur ne prend la peine de les utiliser et chacun fait sa partie dans son coin, dommage pour un jeu se basant sur la coopération. Les insultes fusent si vous ne faites pas dans la seconde une action ordonnée par un camarade de jeu.
D’ailleurs, faites bien attention à ne pas rester trop longtemps devant l’établi ou le coffre commun (que ce soit pour regarder les matériaux qu’il vous manque pour crafter un objet ou faire l’inventaire des provisions), sinon vous serez rapidement fusillé par des survivants peu patients sans aucune autre forme de procès.
De bonnes idées malheureusement sous-exploitées
Au delà de la communauté trop peu coopérative, on peut aussi être rebuté par le contenu proposé par les développeurs. En effet, les objets à fabriquer se comptent sur les doigts des deux mains. L’aspect survie est lui aussi rapidement écarté et ce dès le début de la partie : à quoi cela servirait de se risquer à combattre un loup pour sa viande alors que l’on peut juste se faire un stock de baies ramassées au sol ? Pourquoi craindre le froid puisque les expéditions hors de la cabane ne durent jamais plus de quelques minutes ? Certains joueurs n’hésitent d’ailleurs pas à partir en vadrouille seuls et à compléter par eux-même les objectifs principaux, surprenant tous les joueurs encore vivants qui doivent alors se ruer vers le véhicule de fuite pour ne pas rater le départ.
La carte est quant à elle générée de manière procédurale, garantissant un certain vent de fraîcheur entre les parties. Cependant, cette génération est parfois très mal équilibrée : vous aurez peut être la malchance d’avoir une tanière d’ours juste à côté de votre cabane, le résident se fera alors un plaisir de souhaiter la bienvenue aux deux survivants sortis en premier au début de la partie.
Les objectifs secondaires, propres à chaque joueurs et ajoutant un bon nombre de points à la fin de la partie si complétés sont parfois contradictoires avec notre rôle, comme par exemple devoir tuer certaines personnes alors que l’on est survivant. En parlant d’objectifs, les différentes quêtes destinées à préparer notre échappatoire ont beaucoup de mal à se renouveler et se résument principalement à trouver une construction sur la carte pour la réparer et actionner le véhicule de fuite.
On peut tout de même noter certaines qualités dans Project Winter, notamment sa direction artistique, très plaisante à regarder. Ou encore son système de récompense, qui prend la forme d’un système de lootboxes tout à fait classique mais achetable uniquement avec de la monnaie virtuelle ; monnaie s’obtenant lorsque l’on obtient un bon score à la fin d’une partie, notez que plus vous aiderez les autres en tant que survivant, plus vous aurez de points. Ces lootboxes sont bien sûr tout à fait cosmétiques et ne permettent pas un meilleur départ aux joueurs possédant les articles les plus rares. Les vêtements qui ne conviennent pas peuvent néanmoins être recyclés afin de gagner un peu de monnaie.
Malgré ses nombreuses promesses et ses bonnes idées. Project Winter souffre d’un cruel manque de contenu et d’une communauté peu coopérative allant à l’encontre même du principe du titre. Bien que le premier problème sera sûrement corrigé dans les prochaines mises à jour, nous craignons un futur départ des joueurs d’une communauté déjà fragile. Les développeurs ont donc intérêt à rapidement redresser la barre pour éviter que le projet ne meure avant sa sortie officielle.
Cependant, le titre doit proposer une bien meilleure expérience entre amis. Mais bonne chance pour trouver sept personnes qui seraient d’accord pour investir une vingtaine d’euros dans ce titre à l’heure actuelle.