Entre nous, on doit bien avouer qu’on ne pensait pas passer autant de temps sur un jeu traitant de cuisine sur le premier Overcooked. Bien entendu, il faut impérativement y jouer à plusieurs pour comprendre pourquoi il est aussi addictif que réussi, parvenant même à faire descotcher les gens de tout autre jeu aussi bon soit-il. De franches rigolades, voilà ce que proposait le titre de Ghost Town Games, avec en plus une campagne jouable en coopération des plus réussies et drôles.
Il manquait tout de même quelques petits ingrédients pour rendre le tout encore plus savoureux et même si Overcooked 2 ne réussit pas totalement tout ce qu’il entreprend, il a plutôt bien mijoté dans sa sauce et se présente comme un plat plus que respectable.
(Test de Overcooked 2 réalisé sur version PlayStation 4 fournie par l’éditeur)
Tout pourrait commencer par un bon « Once upon a time » des familles, tant on à l’impression de se retrouver dans un conte pour enfants lorsque l’on lance la campagne du jeu. Toujours jouable en solo ou en coopération jusqu’à quatre joueurs, elle débute alors que le roi Oignon se sert du fameux livre interdit appelé Nécronomiamiam pour tenter de découvrir les secrets culinaires les plus improbables, comme la levure. À la recherche de la perfection, il ne se doute pas un instant que ses actes auront des conséquences néfastes, réveillant ainsi les Zomb’Mies, des morts-vivants à base de pain de mie.
Outre la référence parfaite à l’oeuvre de Lovecraft, il faut reconnaître que la campagne est franchement drôle, même si elle ne se force pas outre mesure à proposer une narration des plus poussées. Mais est-ce ce que l’on attend d’Overcooked 2 ? Certainement pas, on veut du fun et des fous-rires, et autant dire que de ce point de vue, le jeu remplit admirablement bien son rôle.
Nous voici alors parti sur les routes pour tenter de rassasier les Zomb’Mies et après avoir affronté un gros monstre spaghetti balançant des boulettes de viande géantes, rien de plus normal. Comme d’accoutumée, on a le droit à une petite map-monde que l’on parcourt à bord de notre van, ce dernier pouvant maintenant aller même sur l’eau ou dans les airs. Chaque région parcourue est l’occasion de découvrir de nouvelles particularités de gameplay et autres plats spécifiques à ses dernières.
Rien de bien inédit de ce côté-là finalement, puisque le déroulé de la campagne se veut être à peu de choses près le même que celui de Overcooked premier du nom. Côté gameplay c’est un peu le même constat, car s’il reste enthousiasmant, il pêche à apporter un nouveau souffle.
Une vieille recette de grand-mère
Sans revenir sur tout ce qui faisait le sel d’Overcooked en termes de gameplay, sachez qu’il s’agit ici d’une sorte de party game mâtiné de stratégie puisqu’il faut savoir allier efficacité, rapidité et surtout ne pas se laisser dépasser par les événements. Il nous faut gérer les commandes s’affichant à l’écran de A à Z, cela va de la découpe des ingrédients, à la cuisson, au dressage et à l’envoi, tout en évitant que sa viande ne crame, que des feux ne se déclare, au risque de perdre du temps, du pourboire et de ne pas atteindre un score élevé en fin de partie.
Se rajoute aussi au fur et à mesure différentes choses comme la plonge, de nouveaux outillages de cuisines et des recettes de plus en plus complexes. Oui, cela devient parfois un gros bordel, surtout si on se trompe d’ingrédients, que l’on lâche une assiette par mégarde ou que l’on perd le nord, stressé par le chronomètre qui tourne. Alors, si la chose est forcément assez difficile en solo, même si Overcooked 2 se veut franchement accessible, en coopération c’est bien l’entente entre les joueurs et une bonne répartition des tâches qui sont demandées.
Il va falloir jouer avec les pièges divers et variés que les niveaux cuisinés de Ghost Town ont à nous proposer. Un terrain de jeu qui bouge en temps réel, des tapis roulants pour se passer la pitance, des pierres enflammées qui tombent du ciel ou encore des pans entier du niveau qui disparaissent quelques secondes, sont autant de problèmes qu’il nous faut résoudre quasi-instantanément. Et pour ce faire, rien ne vaut un bon lancer comme dirait l’autre.
Car s’il est possible de booster son personnage avec une sorte de dash pour aller plus vite, de gesticuler envers son collègue pour demander quelque chose avec un système d’emotes bien pensé, notre petit avatar est aussi capable maintenant de jeter les ingrédients et uniquement ces derniers sur le terrain de jeu.
Cela peut paraître totalement dispensable comme option, mais cela change finalement tout. Une fois la feature comprise et adoptée, elle permet à la fois de transmettre plus rapidement les diverses choses nécessaires aux préparations à nos collègues, à les balancer directement dans les marmites, poêles et autres planches à découper, ce qui apporte un gain de temps considérable et permet d’éviter quelques allers-retours. Voilà qui rajoute du piment et demande encore plus de doigté pour dompter la bête, surtout que notre plus grand ennemi reste l’ami assis à nos côtés.
Parce que c’est bien beau de jouer entre potes, encore faut-il qu’ils soient à la hauteur. En effet, devenir rouge comme une tomate va forcément être un état vous définissant lorsqu’il oubliera un steak sur le feu, ceci pouvant créer un incendie dans votre cuisine, ou que vous tomberez dans un trou à cause d’une bousculade, si ce ne sont pas les quelques collisions foireuses qui en sont les coupables. Tout comme certains bugs rageants de type « je tombe dans un trou invisible » ou « je reste coincé dans le décor ».
On passe alors un temps dingue à faire crier notre avatar pour exprimer notre mécontentement ou encore à brailler des ordres oraux ou virtuels pour essayer de redresser la barre. Le jeu typique qui peut briser une amitié pendant une demi-heure, le temps d’une réconciliation se faisant en se comprenant mieux mutuellement. Car il faut le savoir, Overcooked 2 n’est pas gentil, loin de là, il veut vous faire plaisir certes, mais en vous faisant mal.
Elle est bien propre ta cuisine
Overcooked 2 propose tout un panel de niveaux divers et variés jouant sur différents thèmes. On remarque très vite que des moyens bien plus grands ont été alloués à Ghost Town Games pour élaborer cet épisode. La Team 17 devenant éditeur et soutien financier, il n’est pas surprenant de trouver une direction artistique plus classieuse et recherchée, ainsi qu’une réalisation technique bien plus solide.
La palette de couleurs est remarquablement utilisée et appuie les différents lieux de façon plus prononcée qu’auparavant, les repères visuels s’en retrouvant améliorés par la même occasion. On a le droit de visiter différentes cuisines improvisées au quatre coins du monde culinaire, avec une école de magie, une montgolfière, une mine, un restaurant japonais, les rues d’une ville ou encore cimetières et vieilles battisses hantées.
Cela s’accompagne par un level design parfois en mouvement, la configuration des lieux changeant en temps réel, s’articulant parfois même sur différents tableaux dans un seul et même niveau, comme promis par les développeurs par ailleurs. Bon, il est vrai que cela est trop rare et on ressent comme une touche de fainéantise ou de manque d’ambition derrière ceci, il aurait fallu un brin de folie supplémentaire pour nous mettre sur le fessier une nouvelle fois.
On à l’impression constante que le jeu est le cul coincé entre deux chaises, ne sachant pas sauter le pas complètement vers une nouvelle direction, un peu comme le nouveau de la classe qui aurait peur le premier pas vers les autres. Il y a certes quelques touches d’inventivités ici et là comme les fameux téléporteurs, mais on est que trop peu surpris et on en revient à regretter certains passages du premier opus, personnellement si la très glissante banquise ne me manque pas, je dois dire que les niveaux autoroutes eux oui. Petite mention spéciale par contre au boss final de la campagne qui est totalement dingue et jouissif, il fait suer le cochon.
On ne peut donc que regretter que LA grosse nouveauté ne soit pas au rendez-vous, celle qui justifie l’achat immédiat et qui redessine un jeu, sans en changer l’essence. Tout ce qui a été implémenté dans Overcooked 2 n’est jamais qu’une évolution naturelle de la formule existante, qui reste au demeurant très bonne et suffisamment addictive pour valoir le coup.
Le jeu est toujours lisible et propre, peut-être un peu trop, un peu de chaos en plus aurait été bienvenu, avec pourquoi pas des événements aléatoires ajoutant un peu de mordant. Cependant, les jeux en coopération locale aussi fun ne courent pas les rues en ce moment, hormis peut-être sur Switch. De plus, le titre se dote maintenant d’un mode en ligne de très bonne facture.
Open bar pour tous
S’il ne fallait retenir qu’une seule chose de Overcooked 2, c’est surement l’arrivée du multijoueur en ligne. Gros absent de l’épisode précédent, il arrive en grande pompe et ne souffre aucun défaut.
Le lobby est classique et clair, les parties s’enchaînent sans quasiment aucun temps mort et les emotes pour communiquer sont foutrement bien fichues. Le nombre de niveaux étant assez élevé, il y a de quoi faire et la seule ombre au tableau périodique du sushi intervient sur quelque chose qui n’est pas de la faute du jeu. Overcooked 2 est tout simplement bien plus convivial en locale avec deux trois amis, un pack de bières ou boissons non alcoolisées, et des fous rires qui pleuvent telle la mousson sud-asiatique.
Le mode duel fait aussi son retour et est plutôt décevant, car ne proposant pas d’innovations et que peu d’intérêt sur le long terme, on préfère largement la coopération plus gratifiante et marrante en somme. Reste qu’il ne faut pas non plus faire l’impasse dessus, cela permet toujours de varier les plaisirs après tout.
En se reposant sur ses acquis, Overcooked 2 n’en devient finalement pas la petite claque annoncée, car s’il renforce la formule instaurée par son prédécesseur, il ne parvient jamais à le surpasser. Il y a certes quelques nouveautés ajoutant un peu d’inédit bienvenu, mais hormis le lancer d’ingrédients et le multijoueur en ligne, le reste se veut trop rare ou manque simplement d’ambition. Alors oui, le fait que la Team 17 chapeaute aujourd’hui la licence permet a Ghost Town de nous livrer un produit bien plus à son avantage techniquement et graphiquement.
Néanmoins, On aurait aimé que le fond de jeu connaisse plus de bouleversement et qu’Overcooked 2 ne se repose tel César sur ses lauriers. Malgré cela, il ne faut pas cracher dans la soupe, car le jeu se veut franchement divertissant, fendard, addictif et constitue le parfait petit jeu pour égayer une soirée entre amis autour d’une bonne pizza.