L’Euro 2024 de football, c’était surfait. Les Jeux Olympiques de Paris, on en a déjà cure. Les véritables compétitions, pour nous autres joueurs, se passent devant un écran, manette en main. Et si en plus, vous êtes amateurs de jeux rétros ou avez connu l’émergence de Nintendo dans le monde vidéoludique, alors il est bien possible que Nintendo World Championships: NES Edition, sorti sur Switch ce 18 juillet 2024, vous ait tapé dans l’œil.
Durant les années 90, ainsi que dans les années 2010, les équipes de Nintendo organisaient leurs championnats du monde durant lesquels les participants devaient faire montre de leurs talents pour terminer des jeux de la firme de Kyoto le plus rapidement possible. Une compétition qu’ils entendent faire renaître l’esprit au travers de Nintendo World Championships: NES Edition.
Avec une sortie au cœur de l’été, probablement le meilleur moment pour pouvoir se la donner dans des compétitions (presque) amicales entre joueurs, demandons-nous si ce dernier né (si l’on peut dire) de Nintendo ne s’évanouira pas dans les limbes vidéoludiques aussi vite qu’un speedrun de Super Mario Bros..
(Test de Nintendo World Championships: NES Edition sur Switch réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Une bonne dose de nostalgie
Sur le papier, Nintendo World Championships: NES Edition nous propose un programme plutôt alléchant. Plus de cent cinquante défis à relever issus de treize jeux emblématiques de la NES. De Super Mario Bros. à Zelda en passant par Balloon Fight, Ice Climber, Excitebike ou Kirby, il y a de la variété dans la sélection présente. Attention toutefois, il ne s’agit bien là que de portions de jeux qui sont intégrées là, et non les jeux complets, hélas.
On se lance alors dans cette compétition virtuelle, dans un premier temps contre soi-même via le mode solo contre-la-montre. Ainsi, un peu à la manière d’un Wario Ware, la folie en moins, on se retrouve à enchaîner des mini-jeux allant de quelques secondes à plusieurs minutes pour les difficultés les plus élevées. Attraper le premier champignon du niveau 1-1 de Super Mario Bros., tuer tous les ennemis d’une salle de Zelda ou vaincre un boss de Metroid, voici quelques exemples de ce qui nous est proposé là.
Du simple et efficace en somme. Nintendo World Championships: NES Edition ne s’embarrasse pas de la moindre fioriture, comme l’atteste notamment son écran d’accueil ou lorsque l’on souhaite sélectionner son prochain challenge. On se croirait presque revenu trente ans en arrière. Une cohérence entre le contenu et le contenant qu’on n’aurait toutefois ne pas autant voir.
Mais passons. D’autant que Nintendo World Championships: NES Edition joue à fond la carte de la nostalgie. Les défis « légende », les plus relevés de chaque jeu, nous sont d’ailleurs présentés, en plus de l’habituelle (et bienvenue) vidéo expliquant la tâche à accomplir, par une ou plusieurs pages nous décrivant chaque étape de notre mission, un peu à la manière des magazines de soluce qu’on achetait chaque mois dans notre kiosque.
En tant qu’amoureux de cette ère 8 bits, ayant connu nos premiers émois vidéoludiques sur les machines de l’époque, replonger dans ces vieux jeux pixélisés dont le frame rate était parfois très variable nous fait remonter d’impérissables souvenirs. Dommage cependant que la sélection de jeu n’ait pas pu être plus large, avec par exemple du Paperboy, du Dr. Mario, du Punch Out ou, notre chouchou, du Solar Jetman.
Cela ne nous empêche cependant pas de prendre notre pied à enchaîner encore et encore certains défis afin d’aller au bout de nous même et d’obtenir les meilleures notes. Nos performances sont en effet classées selon notre temps et il faudra parfois se donner à fond pour obtenir la sainte note de S. Les reset sont instantanés par simple pression des touches L et R ce qui nous pousse à enchaîner les sessions encore et encore jusqu’à atteindre notre objectif.
Plus que jamais, Nintendo World Championships: NES Edition est un jeu pour les amoureux de retro, certes, mais surtout de speedrun. Et, petite cerise sur le gâteau, cela nous permet de découvrir certains titres historiques à côté desquels nous sommes passés à l’époque, que l’on pourrait du même coup faire dans leurs versions complètes via l’abonnement Nintendo Switch Online. Elle n’est pas belle la vie ?
Ramener la coupe à la maison
Le plus gros problème du titre reste toutefois son manque de contenu. C’est assez paradoxal dans la mesure ou les plus de cent cinquante défis représentent, sur le papier, un grand nombre de tâches à accomplir, mais lorsque l’on s’aperçoit qu’une grande majorité se termine en moins de vingt secondes, voire même en moins de cinq secondes pour beaucoup d’entre eux, mis bout à bout, il n’y en a que pour une poignée d’heures pour tous les terminer à un rang acceptable.
Il est alors plus que temps de nous tourner vers le mode multijoueur en ligne, le cœur de la compétition proposée par Nintendo World Championships: NES Edition. Et de nouveau on déchante devant le manque d’options à notre disposition.
Mais attention, il s’agit de multijoueur… en solo. Impossible d’entrer en lice avec un copain, qu’il soit à côté de nous ou à l’autre bout du monde. On participe donc à des championnats du monde qui nous propose de « scorer » sur quelques défis pour la gloire de notre égo. Un mode qui ne diffère pas vraiment du contre-la-montre classique et qui consiste, basiquement, à faire son meilleur temps durant un laps de temps défini afin d’éventuellement apparaitre quelques jours plus tard sur un Leaderboard.
S’ajoutent à cela deux coupes à disputer disposant de trois épreuves à relever à huit, quatre puis deux joueurs (chaque partie éliminant la moitié de ses participants) afin de déterminer un gagnant. Sur le principe, pourquoi pas, mais, avec toujours les mêmes épreuves, le concept tourne vite en rond. Bien sûr, ces épreuves vont évoluer au fil du temps, faisant place à un nouveau trio de défis, mais le problème sera le même. Pourquoi ne pas nous avoir permis de créer des salons où l’on pourrait affronter des joueurs du monde entier dans des parties personnalisées ? C’est incompréhensible.
Même dans des parties avec des amis chez soi (jusqu’à huit joueurs en simultanés), les options sont réduites. Soit on sélectionne défi par défi, soit on choisi un regroupement d’épreuves présélectionnés, mais encore une fois, nous n’avons pas la main sur grand-chose. Heureusement, le plaisir reste là, surtout entre amis bien réels que l’on peut chambrer comme après une partie de Smash Bros ou de Mario Kart.
Enfin, encore faut-il faut avoir à disposition des amis d’un niveau plus ou moins similaire au nôtre pour que la mayonnaise puisse réellement prendre à plusieurs (et surtout disposer de manettes Pro ou assimilés, la prise en main des Joy-Con n’étant absolument pas recommandée ici). En effet, contrairement à ce dernier où même un novice pourra prendre du plaisir grâce à des objets favorisant les queues de peloton, Nintendo World Championships: NES Edition ne laisse pas la place à l’imprévisible et une trop grande différence de niveau rendra les parties peu intéressantes.
Le monde se divise en deux catégories de joueurs : ceux qui jouent pour jouer, et ceux qui jouent pour gagner. Nintendo World Championships: NES Edition s’adresse clairement à ces derniers, en leurs proposant de recommencer encore et encore le moindre défi afin de grapiller quelques dixièmes voire centièmes sur les défis proposés. Voilà qui tombe bien, nous sommes de ceux-là et nous pouvons affirmer que sur ce point, ce Wario Ware-like fait très bien le job.
Pour autant, nous ne pouvons non plus nous satisfaire d’un contenu aussi faible, que ce soit en termes de défis (on aurait tellement aimé que plus de hits de la NES soient inclus) qu’en termes de modes de jeux. En une poignée d’heures, le tour est fait et ce ne sont pas les quelques coupes en ligne qui vont permettre de relancer l’intérêt du titre.
Nintendo World Championships: NES Edition reste néanmoins un chouette petit bonbon plein de nostalgie qui a le bon goût de ne pas être proposé trop cher (une trentaine d’euros). Il est certes difficile de pleinement le recommander, son concept ne s’adressant qu’à une ridicule niche vidéoludique, mais pour peu que vous soyez réceptif à l’ère 8 bits de Nintendo et à l’esprit du speedrun, il n’y a pas vraiment à hésiter.