Pour les amoureux de la licence Need for Speed, ce nouvelle opus, Need for Speed Payback, était pour ainsi dire très attendu. Nombreux étaient les déçus du précédent épisode se déroulant exclusivement de nuit, et nous avons cette impression qu’à chaque jeu de la licence, les joueurs de longue date n’attendent qu’un nouveau Underground 2. Mais comme toujours, nous aimons nous plonger dans ces vapeurs nostalgiques qui nous font voir les choses plus belles qu’elles ne l’étaient vraiment. Need for Speed Payback serait-il donc la relève tant attendue ? Il aurait pu l’être, il avait tout pour, mais malheureusement il s’est perdu sur une route que nous aurions aimé ne jamais le voir emprunter.
Need for Speed Payback, ou comment copier sans égaler la concurrence
Un Need for Speed parmi d’autres
À Fortune Valley, les courses de rue sont devenues une religion et ce n’est pas Tyler Morgan, votre alter ego, qui vous dira le contraire. Animé par une puissante rage de courir, son caractère de chien fou vous mettra en danger plus souvent qu’à votre tour. Car comme vous vous en doutez, les courses de rue étant illégales, les forces de l’ordre ne manqueront pas de vous rappeler… à l’ordre. Mais vous aurez de plus gros soucis à gérer, en la personne de Lina Navarro. Pour cette femme représentante du Clan (une sorte de cartel), la fin justifie les moyens, et elle ne manquera pas de se servir de son statut pour truquer toutes les courses de Fortune Valley. Nous aurons alors la bonne idée de la défier en gagnant une course que nous n’aurions pas dû gagner. Nous en payerons donc un certain prix, ce qui nous poussera à nous rapprocher d’un homme d’influence, un magnat des casinos, afin de mettre la main sur les ressources nécessaires pour dissiper l’ombre de Lina Navarro qui flotte au-dessus de la ville.
Très Fast and Furious, le scénario en lui-même n’est pas vraiment un mauvais point. Suite à nos soucis majeurs avec Lina Navarro, nous devrons monter une équipe afin de nous faire un nom dans les courses de rue d’un côté, et accomplir des missions plus ou moins clean d’un autre. Bon, les personnages sont ce qu’ils sont, très stéréotypés, mais c’est le genre qui veut ça, ce qui a pour point positif de rapidement identifier leurs traits de caractère. Vous aurez donc dans votre équipe un sidekick rigolo toujours partant pour n’importe quoi, ainsi qu’une fille un peu garçon manqué sur les bords, sans pour autant aller jusqu’à devenir un double de Michelle Rodriguez.
Côté environnement, Fortune Valley ne nous aura pas réellement déçu. La carte est assez vaste pour qu’on s’y amuse, sans commettre l’erreur de devenir trop immense, et de toute façon les points de déplacement rapide vous permettront de vous rendre presque n’importe où à n’importe quel moment. Mais vous commencez sûrement à le ressentir en lisant ce test : sans vraiment décevoir, la forme de Need for Speed Payback n’a pour autant rien de très exceptionnel. Graphiquement, le jeu nous offre plus de détails que de finesse. C’est un choix qui aura pour conséquence d’être régulièrement abreuvé d’effets en tous genres (lumière, particules, etc.), ce qui apporte un vrai dynamisme à l’écran. En contrepartie, le jeu est donc visuellement moins beau que ce qu’on aurait pu imaginer, mais cela va aussi de pair avec l’horloge dynamique. Les paysages et les voitures seront alors beaucoup plus beaux à certaines heures du jour ou de la nuit. Mais bon, au global, sans être moche, le jeu n’est pas transcendant non plus. Disons que l’on a actuellement une concurrence qui a fait tellement mieux ces derniers mois que l’on aurait du mal à plus s’enthousiasmer sur la plastique de ce Need for Speed Payback.
Une perte totale d’identité
Jusqu’à présent, si l’on se penche sur les épisodes antérieurs, la licence Need for Speed avait pour elle de posséder une réelle identité, et même lors de changements radicaux, on retrouvait clairement l’essence de la série, comme une voiture à laquelle nous aurions changé le moteur. Le problème avec Need for Speed Payback, c’est que nous avons un mal de chien à retrouver l’âme de la série. En même temps, le jeu a tellement emprunté à la concurrence…
Attention, armez-vous de patience dès maintenant, car vous allez en avoir vraiment besoin. Tout, absolument tout ce que vous pourrez faire dans le jeu demande d’y passer beaucoup de temps, et pas toujours en s’amusant. Avec votre équipe vous allez devoir piloter dans diverses épreuves afin de gagner en notoriété et vous rapprocher de votre objectif. Pour cela vous devrez battre divers coureurs dans des styles d’épreuves très différents : Drift, Drag, Course et Tout-Terrain. Rien de très original, mais bon, ce n’est pas en ce sens que le jeu aurait dû nous surprendre mais par ses tracés. Globalement, vous aurez 2 belles épreuves bien travaillées pour 8 assez lambda et qu’on ne prendra pas forcément de plaisir à faire. Attention, il n’y aura pas de déplaisir non plus, mais c’est juste qu’on les traversera plus par appât du gain que par amusement.
En remportant des courses vous gagnerez de l’expérience afin de débloquer petit à petit de nouveaux compartiments du jeu, mais vous gagnerez aussi des pièces aléatoires pour votre voiture à chaque fin d’épreuve. Cela vous rappelle quelque chose ? Oui ? C’est normal, The Crew avait exactement le même système, et on aurait aimé que Need for Speed n’en fasse pas un simple copier/coller, d’autant plus que The Crew n’est pas du tout le même type de jeu (typé MMO). Enfin vous gagnerez de l’argent qu’il vous sera possible d’investir dans de nouvelles pièces moteur, d’embellir vos bolides, ou encore d’acheter directement de nouvelles voitures en concession.
Malheureusement, pour améliorer visuellement vos voitures, il vous faudra d’abord passer par la case Défis. Ceux-ci, disséminés sur la carte, vous demanderont de faire des sauts, de dépasser une vitesse donnée devant un radar, ou encore de maintenir une vitesse moyenne sur un tracé spécifique. Contrairement à The Crew qui est un MMO et qui permet de réaliser ce genre de petits défis détente avec d’autres joueurs, Need for Speed Payback vous impose de le faire seul, et en plus vous n’aurez pas le choix, car sinon adieu la customisation qui ne se débloque que par ce biais. Vous vous retrouverez donc à courir après les différents sauts et radars afin de déverrouiller le fait de pouvoir changer de phares ou de pare-choc. Heureusement, toute la partie tuning est très bien faite et les modifications disponibles vraiment conséquentes, allant de la teinture des vitres à la modification des pneus, de la calandre, ou encore des ailes.
La recherche d’épaves se trouve être plutôt agréable. Il vous faudra, à l’aide d’indices, retrouver différentes pièces d’une épave, et ainsi faire rapatrier le tout dans votre garage. Cela permet de récupérer des voitures à moindre coût, et cerise sur le gâteau, il s’agit là des modèles les plus modifiables. Dommage que ces petites courses d’orientation ne soient pas assez nombreuses. Un peu comme les missions scénarisées, comme celle que vous aviez pu voir et revoir jusqu’à plus soif dans les différentes vidéos. Pour le coup, le jeu ne se trompe pas et opte pour quelque chose qui marche à la perfection. On a vraiment l’impression d’être dans un Fast and Furious bourré d’adrénaline, ça va à fond la caisse et on prend beaucoup de plaisir. Malheureusement le jeu n’en propose que trop peu, et à peine commençons-nous à nous amuser que le tour de manège est déjà terminé. Excellent dans la réalisation, seulement on en aurait voulu beaucoup plus pour être un minimum rassasié.
Les loot-boxes façon EA
Les sensations de pilotage sont finalement plutôt bonnes une fois que l’on commence à faire évoluer ses voitures, et si vous aimez la course arcade à 100% alors vous ne serez absolument pas déçu du voyage. Un coup de frein ou un coup de frein à main vous permet de faire ce que vous voulez de votre voiture en un instant. On aurait pu penser que cela viendrait nuire aux sensations de conduite, et qu’on aurait du mal à différencier les différents types de pilotage. Mais non, tout va bien de ce côté-là, vous verrez tout de suite la différence en pilotant un 4X4, une sportive ou un modèle prévu pour le drift. Cependant, petit bémol, le fait que l’on soit souvent dans des environnements ultra ouverts donne un peu l’impression que notre voiture n’avance pas, surtout au début lorsque l’on a un moteur à la puissance ridicule. Mais bon, un coup de boost et ça repart !
Le multijoueur ne retiendra que peu votre attention mais possède des qualités. Vous pourrez participer à des courses jusqu’à 8 joueurs, mais sans vraiment d’originalité. Il faudra juste retenir que ce que vous gagnerez en multijoueur, à savoir les améliorations moteur et l’argent, sera répercuté sur votre partie solo. C’est un excellent point, car vous n’aurez certainement pas envie de farmer des heures et des heures tout seul au milieu de la pampa pour engranger la fortune requise pour acheter la voiture de vos rêves. Car oui, si vous n’avez pas Internet et que vous comptez jouer exclusivement en solo, vous allez vraiment passer un sale moment en vous retapant les missions déjà réalisées en boucle pour avancer. Le multijoueur vous permettra de contourner le farming, et ainsi de vous enrichir et améliorer vos voitures tout en vous amusant vraiment. Peu original dans ses modes de jeu en multi donc, mais tout de même très fun aussitôt que nous jouons avec d’autres vrais pilotes.
Par contre, ce qui est clairement dommage, c’est de se taper des loot-boxes aléatoires. Vous pourrez soit en débloquer en réalisant certains tours de force en jeu, soit en dépensant de l’argent réel. Qui dit aléatoire dit fatalement que vous ne saurez pas à l’avance sur quoi vous allez tomber, et ça c’est directement un carton rouge. Déjà que le jeu est une plaie au niveau de la progression, mais alors si en plus c’est pour nous proposer de payer afin d’avancer mieux, plus vite, et tout simplement de pouvoir nous amuser plus aisément, alors c’est non ! D’autant plus que d’une loot- box à l’autre vous allez pouvoir gagner 5000 comme 20 000 en monnaie du jeu. Alors que quand même, cet élément au moins aurait dû être fixe, pour garantir un minimum aux acheteurs. Bref, c’est une bien mauvaise surprise que nous avons découverte en nous rendant sur la partie Boutique. Relativisons cependant un peu, EA semble écouter les joueurs ces temps-ci, et il semblerait que des mises à jour soient prévues pour revoir tout ce système. Nous verrons ce que cela pourra donner à l’avenir, mais en attendant, c’est naturellement la sanction.
Conclusion Need for Speed Payback
Need for Speed Payback promettait beaucoup, peut-être trop. Sa communication basée sur sa scénarisation, ce qui est finalement le moins présent dans le jeu, n’a pas manqué d’engendrer une forte déception dès les premières heures de jeu. En copiant allègrement sur la concurrence, le jeu finit par perdre en identité, et ressemble finalement plus à une sorte de jeu de voitures moyen que l’on accepterait volontiers comme cadeau de Noël, mais pour lequel on ne craquerait pas soi-même en magasin. Pas si beau que ça, pas aussi scénarisé qu’on l’aurait souhaité, et basé sur un farming continu, le jeu ne parvient jamais à convaincre réellement. Heureusement, quelques moments agréables restent au rendez-vous avec la recherche des épaves notamment, ou les heures passées à peaufiner le design de sa voiture préférée. Mais cela ne suffira pas à sauver le jeu du naufrage, et ce n’est pas son multijoueur agréable mais sans originalité qui viendra changer la donne.