À l’instar de nombreux domaines, le jeu vidéo a toujours eu ses modes. Il y a toujours eu, et cela à chaque génération, un genre de jeu prédominant sur le marché. Pourtant, si aujourd’hui le jeu d’action-aventure en monde ouvert prime, le marché n’a jamais été aussi vaste en termes de ce que le média a à offrir (notamment grâce à la scène indépendante), si bien que l’on peut toujours découvrir en 2021 des jeux se revendiquant de genres plus anciens.
C’est le cas de Monkey Barrels, un héritier du shoot’em up, genre ancestral du médium vidéoludique. Et si on le qualifie d’héritier, c’est qu’il ne s’ancre pas tellement dans le genre tant que dans un autre dérivé du shoot’emp up, le dual-stick shooter (ou twin-stick shooter).
Pour rappel, ce style est assez similaire à son aîné, hormis qu’il ne suit pas un défilement horizontal ou vertical, mais laisse le joueur libre de se déplacer dans un niveau. Ensuite, et c’est de là qu’il tient son nom, l’on y contrôle le personnage avec le stick gauche, quand le droit sert à viser. Voilà pour la formule du genre.
Une formule que le studio Good Feel a appliquée à la lettre avec Monkey Barrels. Lui conférant des bases solides, mais manquant du coup d’innovation. Peut-être d’ailleurs est-ce la raison pour laquelle il n’a que très peu fait parler de lui lors de sa sortie sur Switch en novembre 2019. Heureusement, son arrivée sur PC nous offre une seconde chance de le découvrir.
(Test de Monkey Barrels sur PC réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Mais avant de parler du jeu en lui-même, il est intéressant de se pencher sur le studio qui l’a développé, le studio Good Feel. Fondé en 2005, il fait ses armes pendant quelques années en produisant des jeux éducatifs. Viendra ensuite un partenariat avec Nintendo qui nous aura donné certains des titres les plus kawaii du géant nippon, à savoir Kirby : Au Fil de la Grande Aventure et Yoshi’s Woolly World. Des jeux qui vont apporter au studio Good Feel une certaine reconnaissance de la part de la presse et du public.
Il est donc tout à fait logique que Monkey Barrels, étant leur première production auto-éditée, attire l’attention. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les équipes de chez studio Good Feel ont insufflé à leur jeu quelque chose de très Nintendo. Ici, un gameplay arcade immédiatement fun dans un cadre coloré et mignon à souhait.
Monkey Barrels prend place dans un monde post-apocalyptique où la totalité de l’électroménager mondial a été transformée en machines à tuer par la terrible compagnie Crabbenworld Electro. L’humanité ayant été décimée, il ne reste plus que des singes anthropomorphes vivant dans les décombres des villes. C’est le cas de Masaru, Hanako et Kotetsu qui vivent leur meilleure vie dans une Tokyo en ruine. Jusqu’au jour où le pauvre Kotestu se fait enlever par les machines de Crabbenworld. Ni une, ni deux, ses amis se lancent à sa rescousse.
On est donc plus proche du scénario du premier Super Mario Bros. que de celui d’un Final Fantasy. D’ailleurs, à part un petit twist en fin de jeu, le scénario n’est clairement qu’une excuse pour ce titre orienté arcade. Peach Kotetsu s’est fait enlever et vous partez à sa rescousse, point.
Monkey Business
Retrouver Kotestsu demandera de traverser 22 niveaux répartis en cinq zones, présentant des versions post-apocalyptiques de lieux iconiques du Japon (Tokyo, Mont Fuji, Osaka, etc.). Une fois la séquence d’introduction et le niveau tutoriel passés, l’on se retrouve au « camp ». C’est une sorte de hub que l’on regagne après chaque niveau et qui nous permet plusieurs choses. C’est entre autres là que l’on sélectionnera qui de Masaru ou de Hanako l’on désire incarner. Au passage, rien à part la distinction garçon/fille ne vient différencier les personnages l’un de l’autre.
La différenciation en termes de gameplay viendra uniquement des armes. Leur achat et leur sélection dans l’inventaire se passe aussi dans le camp, et seulement dans le camp. Impossible en effet de changer de personnage et d’armes une fois un niveau lancé. Le camp est tout de même doté d’un terrain d’entraînement afin de tester les joujoux en notre possession avant de se lancer à l’assaut des télés tueuses.
En parlant des joujoux, il est possible de transporter deux armes principales, en plus de deux armes « secondaires » (grenades, mines, tourelles). Il faudra donc bien choisir notre équipement selon le type d’ennemis que l’on va croiser afin d’espérer atteindre le niveau suivant. Ces niveaux sont globalement une succession de couloirs et de salles nous demandant de dézinguer tout ce qui bouge pour avancer. Dans leur sillage, les ennemis vaincus laisseront tomber différentes ressources. À commencer par des boulons, nécessaires pour l’achat d’armes à la boutique du camp.
L’on trouvera aussi des bananes permettant de restaurer notre santé, des boissons énergisantes faisant grandir une barre de « Wild Power » qui une fois pleine décuple notre puissance pour une durée limitée, sans oublier des munitions. Car si les armes principales possèdent des munitions illimitées, les armes secondaires, elles, sont limitées et demandent de looter des packs de munitions pour être rechargées.
À partir de là, pas grand-chose ne change, on enchaîne les niveaux en explosant des télévisons cathodiques et autres engins hi-fi jusqu’au boss de fin de niveau, puis de fin de zone. Histoire de briser un peu la répétitivité inhérente, certains niveaux nous mettent aux commandes de véhicules. L’on se retrouve donc soit au volant d’un tank dans des niveaux similaires à ceux à pied, soit chevauchant une bécane dans des niveaux de shoot’em up pour le coup très classiques. À noter que le choix des armes devient dans ces niveaux totalement inutile, les véhicules ayant leurs propres armes assignées. Un chouilla frustrant, surtout que l’on trouve à looter des munitions du coup inutiles.
Dans l’ensemble classique, Monkey Barrels fonctionne néanmoins très bien. Nos héros simiesques se prennent en main avec facilité et les différentes armes sont plaisantes à jouer, même si les plus farfelues d’entre elles, et donc fun, sont rarement les plus efficaces. Si bien que l’on se retrouve après quelques expérimentations à revenir au bon vieux combo mitrailleuse et lance-patate. Mais après tout, cela dépend aussi de la manière qu’a chacun de jouer.
Concernant sa difficulté, Monkey Barrels ne propose pas d’en sélectionner. Par contre, deux éléments viennent aider à dépasser les piques de difficulté que le jeu nous présente. Le premier de ces éléments provient directement du gameplay de base. Il est possible d’effectuer une roulade qui fait office à la fois de saut pour atteindre certains endroits du niveau, mais également de dash permettant, si exécuté au bon moment, d’esquiver les ennemis et leurs projectiles.
Un bon moyen de se sortir de tirs croisés qui auraient signé le game over. Le deuxième élément apparaît, lui, justement après plusieurs game over répétés et propose simplement de réessayer avec plus de points de vie, allégeant de fait la difficulté.
98 raisons de jouer
Ainsi, les 22 niveaux qui constitue l’histoire se bouclent en 5-6 heures en moyenne. On pourra évidemment revenir dans les précédents niveaux à volonté, que ce soit pour compléter à 100% chaque niveau, obtenir un meilleur score ou battre le chrono en finissant le niveau le plus vite possible.
Hélas, seul compléter le niveau à 100% semble débloquer une récompense, celle-ci étant le droit d’acheter de nouvelles armes dans la boutique du camp. Pas très engageant pour ce qui est de la rejouabilité. Honnêtement, on relance bien plus les niveaux pour essayer l’intégralité de l’arsenal gargantuesque de 98 armes différentes que l’on se constitue au fur et à mesure du jeu.
Un arsenal que l’on peut aussi déchaîner contre d’autres joueurs via le mode online. Accessible dans le camp, ce mode propose des affrontements de quatre à six joueurs où les barres de vie sont remplacées par des bananes. À l’instar des anneaux de Sonic, des bananes sont projetées au sol lorsqu’un joueur se fait toucher. À partir de là le but est simple, finir la partie avec un maximum de ces fruits. Tout à fait réjouissant durant les premières parties, ce mode porte les mêmes stigmates que le reste du jeu. Très classique et ne présentant aucune innovation, il finit inévitablement par lasser.
Monkey Barrels fait dans le jeu d’arcade qui va tout droit. C’est du fun instantané qui n’est pas fait pour être apprécié sur la longueur. Un hériter des jeux de l’époque des salles enfumées et ça se ressent aussi dans son emballage. Avec ses graphismes en pixel-art 3D et sa musique 8-bits modernisée, le titre de Good Feel a une véritable saveur de rétro rafraîchi tout à fait appréciable.
Enfin, bien que l’on n’ait pas comparé manette en main cette version PC à la version Switch, l’on relèvera tout de même un agréable ajout, à savoir la possibilité de configurer les touches à sa guise sur manette et clavier/souris pour un confort optimal. De même qu’une fréquence de 60 images par seconde et la prise en charge de plusieurs résolutions, histoire de profiter davantage de la fluidité du titre et de ses graphismes.
Good Feel a clairement joué la sécurité avec ce premier titre auto-édité. Monkey Barrels est un dual-shooter solide avec des mécaniques maintes fois éprouvées qui fonctionnent, mais qui d’un autre côté n’apportent rien de spécial. Néanmoins, bien que classique, cela reste une expérience pleinement satisfaisante si l’on n’a qu’une heure de jeu devant soi. Surtout qu’il est proposé sur l’Epic Games Store au petit prix de 7,19€ jusqu’au 9 février, date où il retournera à son prix initial de 11,99€
Le gameplay fluide et dynamique, accompagné des graphismes en pixel-art 3D, pousse sans peine à progresser dans le jeu. De même que les très, très nombreuses armes, toutes assez variées et fun à prendre en main. Elle seront d’ailleurs la raison principale pour la rejouabilité, les acheter et les essayer étant ce qui poussera à refaire d’anciens niveaux.
Sans être le meilleur, Monkey Barrels reste bon, voire très bon dans son genre. Reprenant une formule bien connue, il ne trônera sûrement jamais parmi les grandes œuvres du medium. Et ce n’est pas grave. C’est le genre de jeu auquel on joue entre deux gros titres qui nous prendront une centaine d’heures chacun. C’est une petit friandise qui régale sur l’instant, mais dont on ne mangerait pas des tonnes.