La musique est une affaire de goûts, c’est un fait. C’est aussi un art générationnel, où chaque style a son époque et marque son temps d’une manière ou d’une autre. Le rap a cette aura de musique de voyou ou de gangster encore bien ancrée chez les moins jeunes d’entre nous, quand le métal sonne encore comme une musique de dégénéré ou d’adorateur de Satan. Aujourd’hui, Metal Hellsinger est venu remettre les pendules à l’heure.
Véritable ode aux riffs endiablés et aux voix rauques et désincarnées, l’équipe derrière le titre nous livre une proposition singulière, à mi-chemin entre Guitar Hero et Doom, en n’oubliant jamais de faire valoir son originalité. Il faudra être partisan du style, certes, mais le voyage au bout de l’enfer en vaut la chandelle. Le gameplay atypique de ce Metal Hellsinger est-il juste un gimmick ou mérite-t-il que l’on y porte toute notre attention ?
(Test de Metal Hellsinger réalisée sur PS5 via une copie fournie par l’éditeur)
La rythmique, c’est fantastique
Metal Hellsinger a cela d’original qu’il propose de mixer le gameplay nerveux d’un Doom-like avec la dynamique musicale d’un jeu de rythme. Des flèches qui se rapprochent peu à peu du centre de l’écran seront vos indicateurs visuels, alors que vos oreilles seront vos outils les plus précieux pour caler vos tirs ou vos coups d’épée en rythme avec la musique afin d’infliger de sérieux dégâts aux vagues de démons qui vous barreront la route.
Les débuts seront difficiles, il faudra essayer, rater, apprendre pour finalement réussir, mais après seulement quelques minutes, vous vous surprendrez à enchaîner les kills. Cette maîtrise nouvellement acquise vous permettra alors de faire grimper votre jauge de furie, augmentant par la même occasion vos dégâts et déclenchant l’arrivée du chant dans la piste musicale du niveau. Une excellente manière de mixer récompense in-game et progression du morceau.
Même si on serait tenté de tirer à tout-va en ne se souciant pas du rythme, il est fortement conseillé d’y prêter attention. Premièrement, les amateurs de scoring seront encouragés par la présence de points à cumuler, qui seront bien plus nombreux si vos attaques touchent en rythme. Ensuite, c’est le côté jouissif de tirer, sauter, dasher en synchronie avec les sons de guitare et de batterie tout en doublant vos dégâts qui vous obligera à faire attention à tous vos mouvements. Tuer en trois tirs un ennemi qui vous en aurait demandé six, c’est un régal.
Un arsenal infernal, fait de métal
Bien sûr, pour accomplir votre vengeance et retrouver votre voix, vous ne serez pas seulement armé de vos poings. Vous commencerez avec une lame, facile à prendre en main, mais vous obtiendrez très vite de nouveaux arguments à faire valoir. Du fusil à pompe Perséphone aux revolvers, en passant par une arbalète capable de faire des dégâts sur une large zone si le carreau est tiré au bon moment, vous aurez de quoi broyer du démon en toutes occasions.
Mais ce n’est pas tout. Lorsque vous terminez un enfer, les niveaux du titre, vous débloquerez des défis qui, si vous les réalisez, vous octroieront des bonus dont s’équiper. Certains vous permettront de ne pas perdre votre série rythmique si vous échouez une fois, quand d’autres augmenteront vos dégâts si vos points de vies atteignent un certain seuil. À chaque nouvel enfer, il sera primordial de mettre au point votre stratégie, choisir vos armes et vos bonus afin de triompher des ennemis que vous croiserez.
Les affrontements sont d’ailleurs bien pensés, et de nouveaux ennemis sont ajoutés au fur et à mesure du jeu. Metal Hellsinger est généreux, jusque dans les combats de boss particulièrement réussis et disposant de leur propre piste musicale, différente de celle du niveau. Vous pourrez facilement passer d’une arme à l’autre, et recharger en rythme vous permettra même de gagner de précieuses secondes afin de continuer votre carnage orchestral.
Un casting cinq étoiles, une B.O définitivement métal
Metal Hellsinger ne s’est pas contenté de proposer une musique inspirée de l’univers métal. En effet, The Outsiders a mis les petits plats dans les grands pour proposer une véritable expérience sensorielle, en s’associant à des noms bien connus qui ont tous fourni un travail exemplaire, augmentant l’immersion et le chaos ambiant que délivre la bande-originale au fil des niveaux.
Que ce soit Alissa White-Gluz, chanteuse de Arch Enemy, Mikael Stanne, chanteur de Dark Tranquillity, ou encore Serj Tankian, chanteur iconique de System of a Down, le studio aura su s’entourer de talents reconnus et de personnalités diverses afin d’habiller son titre d’une robe musicale éclectique et électrique. L’ambiance du soft s’en retrouve renforcée et on prendra plaisir à écouter les musiques via la playlist disponible en jeu.
Tout ce beau monde se retrouve donc en enfer, nous accompagnant dans notre quête de vengeance lors de laquelle nous pourchassons à la fois la Juge Rouge et les bribes de notre voix perdue. Une épopée infernale rythmée par les riffs endiablées et les solos qui sont autant d’invitations au headbanging dans un univers où le démonicide est source de plaisir et de promesses d’insomnies.
Metal Hellsinger est un jeu à part, une virée dans un univers musical trop peu représenté, si ce n’est par Doom, Guitar Hero ou encore Brütal Legend. Plus que ça, il s’agit d’une lettre d’amour au genre du métal, aux fans qui le constituent et à cette esthétique si particulière qui lui est liée. Les aficionados y trouveront leur compte, quand les curieux découvriront une expérience originale où la frontière entre FPS et jeu de rythme se retrouve amincie.
Pour leur premier jeu (après l’annulation de Darkborn), le studio The Outsiders s’en sort avec brio et a su sortir des sentiers battus pour proposer un titre au gameplay généreux et à l’ambiance travaillée. Véritable œuvre de passionnés, Metal Hellsinger est une petite pépite qui ne demande qu’à être essayée, même si vous n’êtes pas friand du genre. Le fait de pouvoir importer ses morceaux sur PC vous permettra même de pallier ce problème (même si nous ne sommes pas sûrs que du Justin Bieber ou du Elton John ait le même impact).
Reste de tout cela un jeu surprenant, atypique et qui réussit à peu près tout ce qu’il entreprend. En espérant que cela ne soit pas juste un coup de chance et que le studio parviendra à transformer l’essai à l’avenir, avec du contenu supplémentaire ou un nouveau titre.