L’été, c’est la saison des blockbusters, ces films à gros budget qui en mettent plein les yeux, mais pas forcément plein le cerveau. C’est la saison des bouquins « à emmener sur la plage » (ou à lire dans l’avion), et celle du hors-série Sexe des Inrocks. Bref, en été, on est léger ! L’état d’esprit parfait pour accueillir Love in Tiny Spaces, « petit » jeu charmant signé Battle Brew.
(Test de Love in Tiny Spaces réalisé sur PC via une copie commerciale du jeu)
Cheryll is in the kitchen. But where is Bryan ?
Cheryll et Bryan sont amoureux. Mais, bien entendu, la famille de Cheryll ne le voit pas de cet œil-là, et pour se voir, ces deux-là vont devoir ruser… Love in Tiny Spaces est donc avant tout un jeu d’infiltration dans lequel il s’agira de se faufiler jusqu’à sa dulcinée en évitant d’être vu par la famille De-quoi-je-me-mêle.
Dans Love in Tiny Spaces, on circule dans des environnements en vue de dessus, et comme dans tout jeu d’infiltration qui se respecte, on évite les cônes de visions de ses futurs beaux-parents, et autres tantes, neveux et nièces par alliance. Chaque niveau tient sur un écran, et aux mécaniques rudimentaires d’infiltration viennent s’ajouter des éléments de puzzle game.
En effet, les niveaux peuvent être sensiblement modifiés en « pliant » ou « dépliant » des éléments qui supprimeront temporairement des murs, allongeront des couloirs, ou nous offriront des cachettes. Ajoutons que chacun des membres de la famille à esquiver adopte un comportement différent (les enfants se déplacent aléatoirement, la tante nous poursuit…). Et à ces mécaniques de bases, le jeu viendra en ajouter au fur et à mesure de la progression (des fantômes à éviter, et dont on peut se servir pour éliminer temporairement certains personnages gênants…), de façon à renouveler le gameplay tout au long de la grosse quarantaine de niveaux qu’il a à proposer.
Tiny Game
Une quarantaine de niveaux, c’est court. Le jeu est un véritable indé, réalisé (avec brio) par une toute petite équipe basée à Singapour, et son spectre est relativement réduit. Est-ce un défaut ? Pas forcément. Alors que les jeux AAA n’ont de cesse de repousser les limites de leur durée de vie, un petit jeu à terminer d’une traite le temps d’un voyage ou d’un après-midi pluvieux apporte aussi un peu de fraicheur à une ludothèque surchargée de jeux jamais terminés.
Ses (quelques) défauts seront ailleurs, au niveau des contrôles, essentiellement. Le titre est en effet jouable uniquement clavier-souris, avec des contrôles réglés sur un clavier QWERTY, et non personnalisables. Certes, passer son clavier en QWERTY ne demande pas un effort insurmontable, mais cette configuration et l’absence de personnalisation possible rend le jeu relativement incompatible avec les consoles-PC type Steam Deck ou Rog Ally, où il aurait pourtant trouvé un support idéal.
D’autant qu’avec sa durée de vie relativement courte, il aurait pu être l’allié idéal des voyages en train (ou en tout autre véhicule, pourvu qu’on ne le conduise pas). Un petit raté de ce coté-là qu’on regrette, mais qui ne vient pas éclipser l’ensemble des qualités du jeu.
Plus c’est petit, plus c’est mignon
Si Love in Tiny Spaces est fun, mixant la nécessité d’être agile aux commandes et de trouver la solution des niveaux se présentant comme des petits puzzles, sa principale qualité se trouve dans sa direction artistique.
« Vêtements suggestifs. Idée implicite de comment on fait les bébés. Ne placez pas vos espoirs trop hauts, cela dit – tout cela reste très sage. » – Description du contenu pour adultes (pour rire) sur la page Steam du jeu.
Développé par le studio à qui l’on doit le beaucoup trop mignon Cuisineer, tout dans le titre donne envie d’y rester. On est d’abord accueilli par une chanson pop aux accents reggae qui reste longtemps en tête, avant de découvrir ses personnages tous réussis, qui feront penser au style Scott Pilgrim, ou parfois à celui de Run (Mutafukaz). On a très envie tout au long de la partie de rencontrer de nouveaux personnages aux moins pour découvrir les illustrations correspondantes.
Les environnements nous sont donnés à voir de dessus, façon plan d’architecte (en plus joli !), et les personnages y évoluent sous la forme de papier découpé, un peu comme des gommettes, étant ainsi raccord avec la mécanique qui visent à plier-déplier des parties du plan évoquée ci-dessus. Et l’aventure est jalonnées de « récompenses » qui prennent la forme d’illustrations plein écran nous permettant de profiter encore un peu plus du coup de crayon des équipes talentueuses de Battle Brew.
En écrivant que le jeu était « court, mais pas trop court » (en gros), on a un peu menti. Vendu à peine de plus de 6€, on en a largement pour nos sous. Mais une fois le dernier niveau achevé, on aurait aimé en avoir un peu plus tant l’aventure est fun et accueillante. Cependant, on ne désespère pas de voir arriver des niveaux supplémentaires sous forme de DLC, voire, pourquoi pas, un éditeur de niveaux qui permettrait aux joueurs de s’échanger des défis, et de prolonger la durée de vie du titre.