Qui n’a jamais eu peur du croquemitaine rampant en dessous du lit ? Qui n’a jamais été effrayé par le bruit strident d’une porte de placard s’ouvrant en pleine nuit ? Les talentueux gars de chez Tarsier Studios, à l’origine d’un opus de Little Big Planet sur PlayStation Vita, nous reviennent aujourd’hui avec un jeu au cadre pour le moins original.
En effet, Little Nightmares a pour thématique nos petits mais féroces cauchemars d’enfance. Nous y incarnons d’ailleurs une petite fille vulnérable reconnaissable à son imperméable jaune. Sans défense, notre héroïne, répondant au nom de Six, ne pourra compter que sur elle-même pour survivre en ces lieux hostiles.
Explorons maintenant vos pires cauchemars avec notre test de Little Nightmares sur PlayStation 4, la nuit risque d’être agitée…
Entre frustration et interprétation
C’est bien connu, les cauchemars tourmentent nos chers bambins en quête de sommeil, mais ces cauchemars se terminent au réveil. Dans Little Nightmares, Six doit réellement les affronter au risque de connaitre l’obscurité pour l’éternité. Sans une once d’explication, notre petite héroïne se réveille dans un endroit peu fréquentable. Cris d’agonie, mouvements furtifs dans l’ombre, il faudra obligatoirement avancer pour sortir de ce dédale.
Malheureusement, Little Nightmares n’affiche aucun effort scénaristique. Et même s’il n’est pas nécessaire d’avoir un roman détaillé pour ce format de jeu, il est toujours plaisant de savoir le pourquoi de notre combat. Qui est Six ? Pourquoi est-elle enfermée en ces lieux maudits ? Quel est le but de notre aventure ? Voilà des questions qui resteront sans réponse, même sur la fin…
Oui, Little Nightmares laisse place à l’interprétation et le titre ne manque pas de péripéties et de mystères. Tel un rêve brumeux propre à chacun, les événements se veulent confus. En d’autres termes, il vous faudra trouver du sens, votre sens, sans aide extérieure. D’ailleurs, plusieurs théories ont jailli sur le net essayant de percer le mystère du jeu. Peut-être aurons-nous plus d’éléments d’explication sur les prochains DLC prévus. Ce procédé abstrait peut très vite devenir une frustration chez le joueur en quête de réponse.
Qui a peur du grand méchant loup ?
Little Nightmares est donc un jeu d’aventure à la troisième personne mélangeant habilement les phases de plateforme et de puzzle. Divers énigmes vous barreront la route mais rien de bien sorcier. Tout est dans la mise en scène et l’ambiance. Sur ce point, le jeu brille (ou plutôt sombre) dans un lugubre univers où l’on côtoie folie et cauchemar, une expérience unique à vivre manette en main. Quatre croquemitaines iconiques vous traqueront sans relâche, il faudra donc agir avec prudence et fuir le plus rapidement possible.
La discrétion est un élément fondamental, un seul faux pas est synonyme de mort. Comme dans l’excellent Outlast, vous n’avez aucun moyen de vous défendre mise à part de prendre vos jambes à votre cou, ce qui vient directement renforcer la tension ressentie.
Côté gameplay, Six peut simplement sauter, courir, pousser ou prendre des objets et allumer un briquet pour éclaircir les environs. Pas d’attaque donc, une vulnérabilité totale. Après tout, que peut-on faire face à un cauchemar ? Rien, à part subir.
Autre élément participant activement à l’ambiance : la bande-son. Bruit stridents inconnus, contrebasse inquiétante, voix d’enfants, tout y est pour créer un certain malaise constant. La bande-son reflète parfaitement le côté « creepy » souhaité, un mélange entre l’horreur et l’enfance. Mais là où Little Nightmares surprend est sur son chara-design, les créatures rencontrées sont réellement terrifiantes. Toutes ont un aspect de gloutons dérangeants. On retrouve d’ailleurs une référence évidente et plus que réussie au Voyage de Chihiro, une scène incroyable.
Malheureusement, le titre se veut court, très court même. C’est lorsqu’on commence à apprécier les mécanismes de jeu que le générique se manifeste. Comptez environs 3 heures de jeu pour le boucler. Ok, le jeu n’est pas très cher sur le marché mais ça reste quand même au travers de la gorge, surtout que des DLC arrivent sous peu…
Les cauchemars ont du bon. Little Nightmares nous plonge dans une ambiance unique et oppressante, le tout servi par une direction artistique aux petits oignons, mention spéciale aux deux cuisiniers. On regrettera toutefois le manque d’éléments narratifs, un gameplay trop traditionnel et une durée de vie éphémère.
C’est bien la première fois qu’on redemande de faire un cauchemar…