Après un Star Wars (la Saga Skywalker) somme toute ultra-généreux, mais avare en nouveautés, les petites briques danoises reviennent sous une forme inédite : fini le platformer 3D et les licences de la pop-culture, fini aussi le partenaire de toujours TT Games, qui développait les jeux LEGO depuis plus de quinze ans, LEGO Brick Tales reboot la marque et retourne aux fondamentaux : construire des trucs.
S’il apporte un vent de fraîcheur qui faisait défaut aux jeux de la marque depuis quelque temps, l’indé Thunderful Games a-t-il les épaules pour supporter l’une des marques les plus célèbres de l’industrie du divertissement ? (Un indice : Thunderful Games est aussi le développeur de l’une des très, très bonnes surprises de l’an dernier nommée The Gunk !)
(Test de LEGO Brick Tales sur Xbox Series X réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Another brick in the wall
L’un des aspects qui a fait le succès des jeux LEGO, c’est leur écriture. Décalés, parodiques, les scénarios et dialogues des aventures version LEGO d’Indiana Jones, Batman ou Harry Potter ne se prenaient absolument pas au sérieux, allant souvent jusqu’à moquer les œuvres même qu’ils adaptaient. Une qualité d’écriture reconnue, mais un gameplay un peu paradoxal. En effet, si on trouve les LEGO au rayon « jeux de construction », la mécanique principale des jeux vidéo de la marque était souvent la destruction !
Thunderful Games, en récupérant la licence, décide donc d’inverser la vapeur en livrant un jeu moins écrit, mais où l’on retrouve l’expérience originale LEGO : la construction et la créativité.
Le scénario de LEGO Brick Tales est donc complètement prétexte, et plutôt tiré par les cheveux, mais après tout, il colle bien lui aussi à l’esprit LEGO. Car le jouet rend compatibles des univers parfois très éloignés, et permet à quiconque le souhaite de raconter une histoire de Ninja (NinjaGo) venu sauver les clients d’un centre commercial (LEGO Friends) retenu en otage par l’Empire (LEGO Star Wars) !
Tellement n’briques (…)
Nous allons donc, via une sorte de portail interdimensionnel, visiter différents dioramas, où il s’agira de réparer des pièces du décor. Le jeu se rapproche alors d’un puzzle game « LEGOcore » : une mission à réaliser via une construction LEGO, avec pour seules limites notre imagination, et le nombre de briques à disposition.
Beaucoup de ponts et autres passerelles seront à réaliser, le jeu revêtant parfois des allures de Bridge Constructor. Mais ce ne sont pas les seules missions qui seront au programme : véhicules, balancier en équilibre, et même une énigme de logique sont autant de défis qui se présenteront à nous tout au long des cinq univers thématiques que compte le jeu.
Expérience LEGOcore écrivait-on, car on se retrouve exactement dans la situation d’un enfant amateur de LEGO qui se met en tête de réaliser une navette spatiale avec les quelques briques qui sont les siennes. Et avoir un modèle en tête, c’est une chose, mais le réaliser et le faire « tenir », c’est autre chose… Et puis, on s’apercevra à un moment de la construction qu’on n’aura pas assez de briques d’un certain type, il faudra alors réfléchir pour contourner le problème… Enfin, une fois qu’on aura une structure viable, libre à nous de lui donner un certain style, ce que le jeu nous permettra également !
(B)rique Hochet
Cela étant, la cible première du jeu reste plutôt jeune, et rares sont les puzzles qui auront représenté un vrai challenge. Si on ne réussit pas tout du premier coup, en tâtonnant un tout petit peu, ou même en observant la façon dont les puzzles nous sont présentés (type de pièces ou position des ancrages), on comprend rapidement ce que le jeu attend de nous.
Néanmoins, même en trouvant le jeu vaguement trop facile, cela reste un véritable plaisir que de voir que la construction qu’on a réalisée dans la phase de puzzle est ensuite fidèlement intégrée au diorama et dans les phases narratives et d’exploration qu’on retrouve entre deux énigmes.
Des phases d’exploration qui reprennent alors l’allure des jeux LEGO qu’on connaît, les qualités d’écriture en moins. Les dialogues, bien que s’amusant de certaines références à l’occasion, sont bien moins fins que ceux des jeux LEGO réalisés par TT Games, et la mise en scène plus étriquée.
Tout n’est que prétexte aux puzzles, le vrai cœur du jeu, et cela se sent un peu. Et puisqu’on en est à lister les défauts, il faut glisser un mot sur la maniabilité des briques, pas toujours très précise. La difficulté de certains puzzles reposait parfois plus sur le fait de réussir à placer les briques au bon endroit que sur le moyen de réaliser la construction demandée… Peut-être aussi parce que nous avons joué à la manette, et un souris-clavier pourrait se montrer plus précis et plus efficace.
Heureusement, de toute façon, ces problèmes restent mineurs, et la réalisation du jeu – une production indépendante, ne l’oublions pas, malgré l’immense aura de la marque LEGO – n’a pas à rougir. Et presque « Everything is awesome », comme on le chantait dans La Grande Aventure LEGO, Le Film.
On avait lu après quelques previews que LEGO Brick Tales était peut-être le meilleur jeu LEGO à ce jour. On ne se prononcera pas sur la question, ses ambitions n’étant pas comparables avec les « gros » jeux LEGO que sont des LEGO Batman 3 ou LEGO Star Wars – La Saga Skywalker. Ce qui est sûr, par contre, c’est que c’est le jeu le plus proche d’une expérience LEGO IRL. Les difficultés, les limites et le « réalisme » des constructions qui nous sont demandées nous rappellent les mêmes défis que représentent nos tentatives de donner corps en LEGO à nos idées !
Plutôt orienté jeune public, le jeu saura aussi séduire les plus grands pendant la douzaine d’heures nécessaires pour terminer l’aventure. Et on peut, pourquoi pas, rêver à des DLC comprenant des niveaux aux défis plus relevés ?