Si l’on met de côté les jeux de combat, le dernier jeu de plateforme de la licence Kirby remonte à 2018 avec Kirby Star Allies sur Nintendo Switch. Alors que la petite boule rose s’apprête à fêter ses trente ans cette année, la sortie de Kirby et le Monde Oublié a fait beaucoup d’émules sur le web, après quatre ans d’attente pour les fans.
Il faut dire que Nintendo a su alimenter notre enthousiasme, à coup de trailers balancés sur YouTube très régulièrement, une démo gratuite des premiers niveaux et même une vidéo dédiée au gameplay. On peut même se demander si finalement, ce n’était pas un peu too much. Beaucoup ont déclaré que Nintendo en dévoilait trop et que cela gâchait tout le plaisir de la découverte, sujet intéressant, mais pas à l’ordre du jour. Revenons à notre chère boule rose et ses nouvelles aventures.
(Test de Kirby et le Monde Oublié sur Switch réalisée à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Transmorphisme : YouTube vs. réalité
L’élément phare de ce nouvel épisode était le transmorphisme, soit la capacité de prendre possession des objets qui nous entourent. Au départ, ça faisait sourire et on pouvait imaginer les mille et une possibilités qui s’offraient à nous. Au final, on se retrouve à incarner un escalier, un distributeur de sodas ou encore une voiture quand il s’agit de faire la course… On bâille un peu.
Certains éléments restent malins, comme le plot de chantier ou le robinet qui fait de nous une bombe à eau. L’animation est toute mignonne et ça nous arrache un sourire. Disons que la hype autour de cette fonctionnalité n’en valait pas franchement la peine, étant donné que l’utilisation même du transmorphisme est finalement assez inégale au cours du jeu (certains niveaux fonctionnent à 90% sur ce système, d’autres pas du tout).
Des niveaux qui fonctionnent toujours
On retrouve dans Kirby et le Monde Oublié les thèmes classiques des jeux de plateforme. Un monde aquatique, dans la jungle, à la fête foraine… Oui, c’est du déjà-vu, mais ça marche ! Comme l’identité de la licence est très colorée et pop, les couleurs sont vraiment mises en avant et les petits détails incrustés dans chaque monde sont cohérents. Ni trop, ni trop peu.
On regrette cependant de ne pas pouvoir revenir en arrière pour tester deux chemins différents par exemple. Obligé de refaire tout le niveau si l’on a raté quelque chose… Et en parlant de rater, les objectifs secondaires de chaque niveau monopolisent toute notre curiosité. Avec zéro indice, on doit découvrir tous les petits secrets cachés un peu partout. Ça rajoute du piment et de la richesse au gameplay. Il est dommage par contre de devoir refaire le niveau entier en cas d’échec d’un objectif. En revanche, sur un gameplay court comme celui-ci, ce choix se comprend. Autrement, on terminerait le jeu à 100% beaucoup trop vite…
Les graphismes sont à la hauteur de nos espérances, et les animations très fluides. On a eu une petite frayeur en testant la démo, observant un temps de latence sur les mouvements du petit héros… Ouf, heureusement, ça a été corrigé sur la version définitive.
Qui a décidé de la difficulté ?
Pour améliorer nos compétences en combat, le jeu nous propose en plus des niveaux obligatoires des niveaux appelés « Route des trésors » où l’on s’entraîne à maîtriser nos différents pouvoirs sur des plateformes à parcourir en un temps record. Ces niveaux sont plus que nécessaires pour se faire la main (surtout si c’est le premier Kirby auquel vous jouez), mais le niveau de difficulté s’élève drastiquement sans crier gare, et frustre un peu les joueurs très chill qui ne prenaient pas ce jeu très au sérieux. Ce changement est également observable dans les niveaux classiques.
Le jeu propose d’ailleurs deux modes de difficulté : Brise et Ouragan. Pour avoir testé le mode Ouragan, au demeurant très facile sur les premiers mondes, le changement de difficulté soudain nuit au rythme du jeu et déstabilise complètement, nous qui pensions faire cet opus les doigts de pieds en éventail.
Les différents pouvoirs sont franchement variés, avec plusieurs possibilités d’amélioration et honnêtement les attaques proposées sont riches et cohérentes avec la montée en niveau du personnage. On a le plaisir d’en découvrir toujours plus au fil de l’aventure, on craignait de tout découvrir trop tôt par rapport à la durée de vie du jeu. Ce n’est clairement pas le cas.
Et paf ! Le conte de fées disparaît
On ne va pas mentir : on a eu le sourire jusqu’aux oreilles en découvrant les premiers mondes, à base de « Oh je dois combattre des lapins ? Trop chou » « Noooon, il a une petite bouée quand il va dans l’eau ! » En revanche, on se rend vite à l’évidence que la variété d’ennemis et de mécaniques de jeu s’essouffle rapidement et on est même surpris de retrouver des ennemis du premier niveau bien plus tard dans l’aventure. Aucun moyen de savoir si c’est un choix délibéré ou de la pure flemme. Il n’empêche qu’en dehors des décors, on a un peu l’impression de refaire le même niveau à chaque fois.
Les mini-boss et boss ont cependant le mérite d’être originaux, avec des attaques surprenantes, et même une gestuelle très naturelle pour certains. On a d’ailleurs l’occasion de tous les combattre à la suite dans l’arène du village Waddle Dee pour remporter la coupe Meta Knight (qu’on affronte à la toute fin).
On ne va pas mentir, Kirby reste un personnage attendrissant. Tout son univers coloré, dynamique, joyeux, fait particulièrement de bien (surtout en ce moment). C’est sur des jeux comme celui-ci qu’on peut confirmer la thérapie par le jeu vidéo (si on peut appeler ça comme ça). Jouer à Kirby, c’est comme une petite fenêtre hors du temps qui nous fait oublier les tracas du quotidien. Les jolies couleurs vives et la bonne humeur des personnages nous offrent une parenthèse enchantée qui fait beaucoup de bien au moral (surtout après des jeux aussi intenses qu’Horizon Forbidden West ou Elden Ring).
Kirby et le Monde Oublié est un succès qui va faire du bien à la Nintendo Switch : bien que le format jeu de plateforme ait ses limites, et par conséquent nos attentes ont peut-être été un peu revues à la baisse (surtout au vu des autres sorties JV de ces derniers mois), on reste quand même convaincus du potentiel de cet opus, grâce à ses tentatives d’innovation et son format qui reste une valeur sûre.
Par ses nombreux aspects, le titre rassemble tous les joueurs, de l’enfant de huit ans au hardcore gamer qui vient souffler entre deux sessions. Tout ce qu’on lui demande, c’est seulement de nous permettre de nous évader, nous faire du bien et apporter un peu de couleurs dans nos vies. C’est chose faite.