Nous avions eu la possibilité de jouer quelques heures à Islands of Insight avec une démo qui nous avait permis, le temps nécessaire, de comprendre sa proposition principale. Rappelons que ce dernier est vendu comme un « sublime jeu de réflexion en monde partagé », comme on peut le lire sur le site officiel. Développé par Behaviour, à qui l’on doit l’original Meet Your Maker, mais aussi l’indémodable Dead by Daylight, la démo ne nous avait que partiellement convaincus. Normal, pour une présentation partielle du jeu, nous direz-vous. Alors, qu’en est-il de la version complète ?
(Test de Islands of Insight sur PC réalisé via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Le scénario ? Une énigme…
Ne cherchant pas à gagner les faveurs de la critique, la version complète du jeu ne reconnaît pas la démo, et nous fait recommencer le jeu à zéro ! Comme dans un buddy movie de la fin du siècle dernier, nous ne commencions donc pas notre histoire bons copains…
Ce fut néanmoins l’occasion d’essayer de nous concentrer un peu sur le scénario, qui nous était passé un peu au-dessus de la tête la première fois. Et… ce sera la même chose pour cette seconde tentative. Il est question d’un monde en péril et d’anciens dieux mourants qui comptent sur nous (sur notre avatar) pour nous montrer digne de prendre la relève. Tout cela narré de façon crypto-new-age sans que rien ne soit vraiment clair. Ainsi, on s’en détachera très vite, et heureusement, le scénario n’existe que comme formalité « obligatoire », mais n’a aucun rôle à jouer dans l’aventure.
Est-ce donc pour faire preuve de cette dignité qu’il nous faudra résoudre tous ces puzzles ? Peut-être, car encore une fois, rien n’est très explicite. Néanmoins, c’est un fait, et des tonnes d’énigmes se présenteront à nous !
C’était l’une de nos inquiétudes après avoir passé quelque temps sur la démo d’Islands of Insight : le jeu tiendrait-il sur la longueur, serait-il capable de se renouveler suffisamment ? Après une dizaine d’heures en compagnie de la version complète, la réponse est donc un « oui » franc ! Non seulement on a pu découvrir de nouveaux types d’énigmes, mais celles qu’on connaissait déjà se montrent elles aussi plus variées dans leurs résolutions. Dans leur difficulté aussi, certaines nous ayant franchement résisté !
Éparpillé façon puzzle
On retrouve donc les énigmes que l’on avait bien aimées dans la démo : les cercles dorés dans lesquels il faut faire passer une aiguille en évitant les cercles gris (l’un des puzzles les plus simples et les plus malins !). Ce dernier existe désormais en version « mobile » : les cercles tournent, faisant disparaître périodiquement la solution…
Les puzzles les plus nombreux sont toujours ces grilles à couvrir de jetons noirs ou blanc selon certaines conditions, graphiques, ou numériques (dans un mix entre le picross et le démineur), voire ces deux conditions en même temps.
On découvre aussi des énigmes de « point de vue », avec des motifs cachés dans le décors, qui n’apparaissent que selon un certain angle (et qui pourront rappeler Superliminal ; une belle référence quand on parle de puzzle game). Ou encore des épreuves plus orientées « action », qui demandent de suivre des sphères dans le décor en un temps imparti, un peu comme dans un platformer 3D.
Mais le jeu est aussi couvert de petites énigmes qu’on résoudra simplement en explorant : des cubes quasi invisibles qu’il faut dénicher, des portails eux aussi transparents qu’il faut franchir pour révéler, ou ces « Matchboxes », boîtes d’allumettes en français, qui sont dissimulées par paires dans le décor et qu’il faut afficher à deux en même temps à l’écran…
Behaviour promet 10 000 puzzles, répartis dans vingt-quatre catégories, pour un paquet d’heures de jeu. Et l’une des grandes spécificités du titre, c’est que simplement en explorant ses îles, on en résout déjà une belle quantité. Ou quand le puzzle game sait se faire « chill » et accessible.
Les goûts et les couleurs
Sur la quantité de puzzles, la promesse des studios est largement tenue. L’autre promesse était celle d’un jeu sublime, et ici, on est bien obligés de reconnaître qu’on est un peu plus partagés. On avait peut-être été sévères sur les qualités graphiques du jeu à la sortie de la démo, mais il faut reconnaître que ce n’est pas la qualité principale du titre.
Non pas qu’il soit raté techniquement : les vues des îles qui s’étendent jusqu’à l’horizon sont plutôt réussies et pleines de promesses. Mais c’est la D.A. qui nous a moins convaincus. Ciels roses et bleus, sphères dorées à l’aura luminescente, pyramide monumentale surplombant le paysage, statues d’anubis… Le paysage a ce petit côté cliché dont certains font des puzzles ou des illustrations numériques chargées en « glitter » scintillants. On ne serait pas surpris que des captures d’écran servent à vendre des « pierres d’énergie » ou autres remèdes du genre…
On se montre un peu dur, de façon, c’est vrai, exagérée, mais c’est aussi parce que finalement, ce n’est pas très important une fois qu’on est rentré dans un puzzle. Et si le jeu passe un peu à côté de sa direction artistique, il réussit par contre très bien son level design.
L’errance de la promenade au gré des envies et des curiosités est bien intégrée par le jeu. On a bien sûr un objectif à l’écran, mais rien n’oblige à le suivre. Et même, tout est fait pour qu’on ne le suive pas ! Et puis, certains puzzles nous sont d’abord inaccessibles, mais les allers et retours dans la carte nous sont facilités par un arbre de compétences qui fait évoluer nos déplacements : apprentissage du vol, augmentation de la vitesse dans les airs…
O_en Wo_ _d
« I’m free/ to do what I want/ any old time », comme disait la chanson. Ce qui s’applique parfaitement à Islands of Insight. Son open world plein d’activités peut s’adresser à tout le monde, chacun pourra choisir, ou non, de s’attaquer à tel ou tel puzzle. Il n’est absolument pas obligatoire de tous les finir pour progresser dans le jeu. Et la variété des énigmes qu’il propose fait que vous allez y passer quelques heures avant de commencer à vous y ennuyer !
Il faut noter que le jeu, qui sort sur PC uniquement, ne prévoit pas de contrôle à la manette, mais seulement souris-clavier. Ce qui prive les joueurs de la possibilité d’y jouer sur Steam Deck et sur les consoles-PC cousines de la machine de Valve. L’émulation proposée nativement par Steam à celui qui voudrait quand même utiliser un pad est assez efficace en ce qui concerne la navigation dans le monde ouvert, mais reste laborieuse pour manipuler les puzzles.
Peut-être de futures mises à jour, ou un portage sur consoles, viendra résoudre ce (tout petit) problème ? Et puisqu’on en est à penser aux améliorations futures, peut-être aussi que des mises à jour viendront proposer de vraies fonctionnalités en ligne ? On croise d’autres joueurs pendant nos parties, mais un peu comme il y a un peu plus de dix ans dans Journey, on ne peut pas faire grand-chose de ces rencontres…
On ne s’y attendait pas vraiment, mais on a finalement passé un très bon moment en compagnie de Islands of Insight, qui recèle bien plus de qualités que la démo ne le laissait entendre. À moins que ce ne soit nous qui avons mieux compris la proposition ? Bien entendu, le jeu tient essentiellement à la qualité et à la diversité de ses puzzles ; diversité dans les règles du jeu, mais aussi dans les niveaux de difficulté.
Mais son autre atout est cette proposition assez originale qui invite le joueur à picorer, à s’attaquer à telle ou telle partie du jeu tout en étant totalement libre d’en ignorer d’autres. Et finalement, la liberté, n’est-ce pas la plus grande promesse que puisse faire un jeu en open world ?