Après plusieurs années d’existence assez discrètes sur la scène jeu vidéo, les suédois de chez Palindrome Interactive nous délivrent leur premier titre d’ambition. L’équipe étant constituée de fans de jeux de stratégie, c’est avec un œil intéressé que l’on se penche sur leur projet de T-RPG nommé Immortal Realms: Vampire Wars.
Précisons que le genre peine à se renouveler malgré les quelques perles de ces dernières années. Avec un titre qui propose de mêler différents types de T-RPG, les scandinaves auraient ils trouvés le remède à l’ennui tactique ?
(Test de Immortal Realms: Vampire Wars sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Une prise en main difficile
Qu’on se le dise d’entrée de jeu, Immortal Realms: Vampire Wars est un titre qui fait honneur aux codes du genre avec un mode campagne relativement complet, ainsi que d’un mode bac à sable dont on ne peut que reprocher l’absence de multi-local.
L’histoire desdites campagnes n’est en soi pas particulièrement remarquable, car jouant sur bon nombre de clichés du genre, le tout sur fond de cinématiques un peu cheap. Trahisons, suçage de sang, et luttes de pouvoir entre immortels serviront de prétexte à anéantir tout ce qui ne vous ressemble pas, à grand renfort de stratégie.
Toutefois, le jeu permet de mettre en place un système de famille plutôt intéressant et nous rappelant un peu les généraux des jeux Advance Wars.
Côté gameplay, Immortal Realms: Vampire Wars arrive à mêler deux types de T-RPG en un seul, avec d’un côté les phases orientées gestion de territoires et de ressources, façon Civilisation, et de l’autre, de véritables affrontement au tour par tour dans le plus pur style des FF Tactics, Tactics Ogre ou encore le récent Wargroove .
Ainsi, que cela soit dans le mode « gestion » ou « combat » chaque action entreprise sur la carte nécessite un point d’action, dont le total est entièrement réapprovisionné une fois le tour terminé. Sur la carte, en accédant aux fonctions des bâtiments, vous pourrez agrandir votre armée avec de nouvelles unités et rassembler des ressources, alors que sur le terrain, vous devrez faire combattre ces derniers. Bref, le starter pack du jeu de stratégie au tour par tour.
Cependant, le titre arrive à nous surprendre dès le « tutoriel ». Oui, on a mis des guillemets, car le jeu n’est absolument pas ergonomique dans sa courbe d’apprentissage. Les commandes et actions sont expliquées à la vas-y comme je te pousse, et les premières heures risquent d’en rebuter plus d’un. Un vrai point négatif pour un jeu plutôt généreux dans sa proposition.
De la tactique dans la tactique
Le titre incorpore un système de cartes à jouer dans ses phases de gestion et de combat. Une mécanique intelligente qui apporte une bouffée d’air frais à un jeu somme toute classique dans son approche. Ainsi, grâce à ces fameuses cartes, vous pourrez récupérer quelques PV, augmenter la puissance de votre armée, ou même recruter de nouvelles unités. Et croyez-nous, cela ne sera pas de trop dans une campagne aux niveaux assez retors !
L’autre mécanique qui pimentera vos parties, ce sont les batailles tactiques. D’ordinaire dans ce type de jeu, lorsque deux armées opposées s’affrontent, un système de pourcentage définit en amont le vainqueur du vaincu, un peu à la Advance Wars.
Ici, les joueurs sont transportés sur un champ de bataille dans lequel ils doivent déplacer leurs unités, combattre les ennemis et gagner la bataille, apportant du T-RPG dans un T-RPG. Bien que cette Inception apporte une plus grande maîtrise de notre destinée, on reste un peu sur notre faim sur ces affrontements finalement assez classiques. Rien de nouveau sous le soleil, et c’est bien dommage.
L’I.A quant à elle est de qualité et réellement compétente, peu importe le segment du jeu. Un ouf de soulagement pour nous lors du test, qui craignions pour ce jeu solo de finir le titre sans difficulté. Cette dernière vous obligera à utiliser correctement le pouvoir de vos Seigneurs, des vampires aux capacités spéciales, pouvoirs qui sont représentés, une fois encore, par des cartes.
Chaque Seigneur vient avec son propre ensemble de pouvoirs qui peut être amélioré une fois que l’on a acquis suffisamment d’expérience. Il est donc extrêmement important de constituer une armée avec des unités expérimentées, ce qui, combiné à un Seigneur puissant, permettra de prendre l’avantage au combat.
D’ailleurs, pour avoir critiqué la prise en main au début du jeu, sachez que le titre se rattrape avec quelques idées bien pensées comme celle de pouvoir sauter un combat, si le jeu estime que votre armée est suffisamment puissante pour l’emporter à coup sûr. Excellent pour garder un rythme de jeu constant.
Pour le meilleur et le vampire
Les éléments stratégiques et tactiques du jeu sont grandement étoffés par les différences entre les trois clans de vampires, qui disposent d’unités et d’arbres de compétences très différents.
Certaines des mécaniques concernant les unités sont particulièrement intéressantes, comme la mécanique des mots-clés, qui accorde aux unités des bonus uniques lors de leur recrutement. Le système d’équipement bien qu’accessoire, vous permet de personnaliser encore un peu plus votre armée.
Toutefois, malgré ses nombreux mécanismes et options de personnalisation, Immortal Realms: Vampire Wars conserve une redondance tactique évidente, point faible que l’on retrouve dans bon nombre de T-RPG.
En effet, une fois que vous aurez trouvé une « technique » efficace, vous vous y tiendrez la majeure partie du temps. Ce qui, en dehors du mode campagne, deviendra vite répétitif, notamment dans un mode bac-à-sable pourtant bienvenu.
Côté graphisme maintenant, c’est pas Byzance comme on pouvait s’y attendre. Tout d’abord parce que le style n’a jamais été un modèle du genre, mais ici, c’est surtout la D.A qui pose problème en mélangeant diverses influences, pour un rendu finalement assez fade et passe-partout. Rien de rebutant en soi, mais qui gâche un peu l’immersion.
Un sentiment d’échec à ce niveau qui se confirme par une interface absolument pas pensée pour la manette, et qui sera source de frustration régulière. Un enrobage maladroit, complété par un doublage qui oscille entre le kitsch et le risible.
Au cours de ce test d’Immortal Realms: Vampire Wars, nous avons découvert un T-RPG vraiment à part, destiné avant tout aux connaisseurs. Capable du meilleur comme du pire, le titre n’aura de cesse de vous mettre à l’épreuve (volontairement ou non) grâce à une I.A de qualité, et une prise en main à s’en passer les doigts à la moissonneuse-batteuse.
Assez innovant dans son approche, le titre essaie de combiner plusieurs versions de T-RPG en une, ce qui a le mérite de rafraîchir les formules que l’on voit habituellement. Toutefois, si le titre est de qualité, n’en attendez pas trop, car en dépit de sa bonne volonté, le jeu reste dans le fond un T-RPG classique dont la réussite tactique ne fera qu’annoncer l’arrivée d’une redondance propre au genre.