Dans l’univers du jeu indépendant, il y a un studio qui nous a toujours tenu particulièrement à cœur : Supergiant Games. Cette équipe créée en 2009 avait frappé un très grand coup avec Bastion, l’un des fers de lance du jeu indépendant de l’époque, soutenu par la fabuleuse initiative du Xbox Live Arcade (que le temps passe vite…). Puis nous avions eu droit à la petite pépite Transistor et son héroïne au destin tragique, suivi quelques années plus tard du seul réel « flop » du studio, Pyre, dont le style narratif n’a pas su séduire un public assez large, et ce malgré une maîtrise toujours plus impressionnante du studio.
Avec Hades, Supergiant Games continue de se renouveler en se lançant dans un genre nouveau, mais un genre leur tenant à cœur depuis toujours et qu’ils étaient enfin prêts à explorer.
Après un accès anticipé ayant duré près de deux ans, Hades aura eu le temps d’être peaufiné, poli jusque dans les moindres détails, afin de fournir une expérience au plus proche de la vision de ses créateurs. Cette nouvelle expérience visant à condenser toutes les qualités de leurs précédents titres arrive-t-elle à les surpasser ? Au vu du bruit que fait le jeu sur internet en ce moment, vous avez certainement déjà une petite idée de la réponse, alors voyons immédiatement ensemble ce qui fait le sel de cette nouvelle production Supergiant Games.
(Test de Hades sur Nintendo Switch à partir d’une version commerciale)
Hades vous fera fuir les enfers, mais vous n’aurez qu’une envie, c’est d’y revenir
Il faut bien dire qu’au lancement de son accès anticipé, Hades avait déjà tout pour plaire, et même si nous gardions certaines petites réserves lors de notre preview, il était clair que le destin de ce titre semblait tout tracé, tant le gameplay avait déjà un feeling monstrueux. Vous incarnerez alors Zagreus, le fils d’Hadès, qui, suite à un petit différend familial, se mettra en tête de quitter les enfers pour regagner la surface et rencontrer les dieux de l’Olympe.
Fans de mythologie grecque, attendez-vous à être brossés dans le sens du poil, sans pour autant vous farcir un coup magistral durant toute l’aventure. Mais une chose est certaine, comme toutes les productions Supergiant Games, une très grande place est laissée au développement d’un scénario et d’une narration à la maîtrise impeccable.
Même si l’on n’a jamais rien eu à redire dans ce compartiment, force est de constater qu’ils ont réussi à parfaire la formule. Dans le hub central qu’est la maison d’Hades, ainsi que les différents niveaux que composent les enfers, vous allez rencontrer des tas de personnages, dieux, déesses, et tout ce petit monde aura sa propre évolution, avec un superbe entrelacement de lignes de dialogues en fonction de l’évolution du joueur dans la partie.
Il est rare de voir un Rogue-like avec un scénario aussi captivant, et pour ne rien vous cacher, il y a même de fortes chances que l’envie de relancer une partie soit autant assurée par la qualité du lore, que par l’efficacité du gameplay.
Mais ce qui risque fort de vous marquer en franchissant le pas des enfers, c’est bien évidemment le travail artistique derrière Hades, qui efface complètement de notre esprit les considérations très terre à terre que sont la qualité des textures, ou le fait de savoir si le jeu tourne en 4K ou non. Il s’agit d’un aspect que l’on retrouve notamment dans la musique ou le cinéma, lorsque le support ou le matériel arrivent à se faire totalement oublier au profit du message et de la qualité artistique.
Et cela ressort d’autant plus que tout ce qui défile sous nos yeux a été fait main de A à Z. Que ce soit le chara-design incroyable des dieux revisitant totalement la mythologie, ou les décors et leurs différentes atmosphères, tout ce travail relevant presque de l’artisanat vous fera, on l’espère, autant d’effet qu’il a pu nous en faire.
De plus, la partie musicale n’est encore une fois pas en reste et c’est le talentueux Darren Korb qui s’est remis sur ses instruments pour nous offrir une OST aux touches métal bien musclées, et dont certaines pistes résonnent encore dans nos têtes comme de sacrées fulgurances. On pense notamment au titre The Unseen Ones sur lequel nous pouvons retrouver Masahiro Aoki (Street Fighter V) et Daisuke Kurosawa, un délice.
En revanche, pour les spécialistes de la technique, même si le jeu est magnifique sur Switch, il reste tout de même en dessous de la version PC, et dans les pires situations, avec énormément d’ennemis à l’écran, vous aurez un framerate un peu instable durant une petite fraction de seconde par-ci par-là. Est-ce suffisant pour prendre la version PC à tous les coups ? En ce qui nous concerne, le confort apporté par le côté nomade de la Switch l’emporte très largement, notamment parce qu’importe la plateforme, la direction artistique restera ce qu’elle est, c’est-à-dire superbe.
Donc, comme nous avons eu l’occasion de voir beaucoup de joueurs s’inquiéter de la qualité de la version Switch sur le plan technique (c’était aussi notre cas), ne vous en faites pas, 99% du temps, le jeu assure, et en absolument aucun cas une défaite pourra être mise sur le dos de la fluidité.
Au nom d’Hadès ! Olympe, j’accepte ce message
Entrons à présent dans le vif du sujet et parlons de la partie la plus jouissive et la plus impressionnante du jeu. Le gameplay était déjà très bien calibré au lancement de l’accès anticipé, alors les changements n’ont pas été radicaux dans le feeling général. Pour autant, si l’on pensait déjà avoir quelque chose de super complet en 2018, c’est hallucinant ce qu’ils ont réussi à ajouter pour donner toujours plus de profondeur à l’expérience de jeu.
Dans Hades, comme nous avons pu le voir, il est question de gravir les différents niveaux des enfers pour arriver à la surface. Les dieux de l’Olympe ayant eu vent de nos ambitions, ils vont être tentés de nous donner un petit coup de pouce, histoire d’aider un membre de la famille dans le besoin.
Comme dans tout bon Rogue-like qui se respecte, vous allez donc évoluer dans différentes pièces générées aléatoirement et chaque fois que vous viendrez à bout des ennemis s’y trouvant, vous récupérerez une récompense. Cela peut être de l’argent pour vous procurer différentes améliorations, des gemmes qui vous serviront à booster de manière définitive votre personnage, ou d’autres qui vous permettront d’améliorer les infrastructures de la maison de votre bon vieux père.
Mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est qu’il existe une autre récompense possible, les bienfaits des dieux. Lorsque vous rencontrerez l’un d’eux, il ou elle vous offrira la possibilité d’acquérir un peu de son pouvoir, et vous aurez alors le choix entre trois capacités dont la qualité peut aller de commune, supérieure, épique ou encore légendaire. Il s’agit là de l’élément principal qui orientera votre run vers l’une des innombrables combinaisons possibles, et qui donnera une saveur particulière à chacune de vos partie.
Ajoutez à cela que les pouvoirs divins changent en fonction de l’arme que vous allez utiliser (six armes au total), que lesdites armes ont chacune trois variantes différentes à débloquer, et vous obtenez une profondeur de jeu absolument dingue, grisante, et surtout complètement addictive.
De plus, l’une des ressources dont nous n’avons pas encore parlé va vous permettre de faire des petits cadeaux aux différents dieux et autres personnages, et ils vous offriront en retour des cadeaux que vous pourrez équiper durant vos parties, mais toujours un seul à la fois. Dans le lot, vous aurez notamment de quoi orienter un peu la chance concernant le tirage des dons que les dieux vous feront, ou encore de quoi booster votre santé ou vos dégâts.
Cela peut sembler un peu insignifiant au départ, mais plus vous allez comprendre les mécanismes du jeu, affiner vos stratégies, et plus vous allez comprendre l’intérêt de ces petits cadeaux.
Enfin, nous le disions plus haut, le feeling est vraiment sans pareil, et procure un plaisir enivrant comme peu de jeux nous en ont procuré par le passé. Et ce plaisir de jeu va aller crescendo à mesure que vous arriverez à dompter les différentes armes, et que vous commencerez à prévoir le type de run que vous souhaitez faire.
Aussi, une fois que vous aurez bien boosté votre personnage, et que le jeu ne semblera plus être un réel défi pour vous, c’est justement là que le vrai défi commencera pour vous. Avec ses mécanismes de manipulation de la difficulté, vous allez pouvoir vous mettre sous la dent un réel challenge, avec en prime l’apparition de nouveaux ennemis, et de nouvelles variantes de boss.
Supergiant Games débarque dans le monde du Rogue-like alors que l’on pensait avoir tout vu, voire fait une légère overdose du genre, et pourtant ils arrivent quand même à nous surprendre avec leur nouveau titre Hades. À bien des égards, il s’agit d’un titre brillant mêlant un gameplay terriblement exaltant à une narration prenante, tout en nous proposant une belle revisite de la mythologie grecque.
De plus, complet jusqu’à plus soif et beau comme une toile expressionniste, Hades parvient à vous attirer dans sa toile d’addiction, de laquelle vous n’arriverez bien souvent à sortir qu’à une heure avancée de la nuit.
Seule petite ombre au tableau pour les joueurs Switch, le jeu souffre à de très, très rares moments, de petites chutes de framerate, mais ceci, en ce qui nous concerne, n’a absolument pas été un frein ni à notre progression, ni à notre plaisir de jeu. On ne sait pas si vous allez foncer acheter ce titre, mais en ce qui nous concerne, on retourne immédiatement en enfer pour un nouveau run aux plaisirs infernaux.