Guilty Gear Strive se sera fait attendre, reporté pour des besoins de polish, mais le dernier épisode de la licence phare d’Arc System Works est enfin là ! Amateurs de jeux de versus que nous sommes, mais sans être spécialistes pour autant, nous attendions ce nouvel opus avec impatience, justement parce qu’il y est question d’offrir aux joueurs une expérience beaucoup plus accessible.
Après avoir passé plus de vingt ans dans la catégorie « niche », cette immense série s’est enfin décidée à revoir sa copie pour permettre au plus grand nombre de se lancer sans ressentir le poids quelque peu « élitiste » des précédents titres. Ne faisant pas partie des joueurs ayant passé leur vie sur cette série, nous n’allons donc pas juger Guilty Gear Strive sur ce qu’il a pu être par le passé, mais plutôt sur ce qu’il est actuellement, et ce qui pourrait bien vous séduire si comme nous vous n’êtes pas un spécialiste du jeu de versus, mais que vous avez tout de même bien envie de vous lancer, juste pour le plaisir de découvrir le jeu de baston le plus beau jamais développé.
(Test de Guilty Gear Strive réalisé sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
De bonnes bases pour rattraper son retard
Même si Guilty Gear Strive est un jeu de baston, il n’est pour autant pas dénué de scénario, et comme vous devez vous en douter, en plus de vingt ans, beaucoup de choses se sont passées. Dans sa recherche d’accessibilité, le studio se devait donc de mettre en place un système permettant de rattraper les événements des précédents opus, et c’est justement la première chose que nous avons vérifiée. Avant même de vouloir disputer des combats, nous avons surtout voulu nous mettre à la page, et nos attentes sur ce point ont ici été parfaitement comblées par une multitude d’informations, de descriptifs ou encore la chronologie détaillée des événements de la série.
Une fois le retard rattrapé, un autre gros morceau nous attendait, à savoir le mode histoire de cet épisode, et nous avons été à la fois surpris et mitigés sur la forme de ce dernier. Dans beaucoup de jeux de combat, le mode histoire n’est autre qu’un enchaînement de combats entrecoupés par des cinématiques qui viennent distiller le scénario. Dans Guilty Gear Strive, le mode histoire n’est autre qu’une immense séquence d’animation que vous devrez suivre comme si vous regardiez un film, et si cela nous a finalement beaucoup plu, il va de soi que suivant la personnalité de chacun, rester des heures devant un anime alors qu’on se trouve dans un jeu de combat risque d’en décevoir plus d’un.
Mais dans notre cas, comme l’histoire de Guilty Gear Strive est tout de même beaucoup plus riche et développée que dans nombre de jeux, il s’agissait sûrement là de la meilleure solution pour permettre de rester concentré sur le scénario, et garder en tête tous les détails importants de ce dernier. On regrettera juste une animation bien souvent très moyenne, même si l’on comprend que niveau temps et budget, il aurait été absolument impossible de réaliser des heures d’animation dignes du dernier film Dragon Ball. Après, ne vous méprenez pas, l’animation fait le job, les moments clés sont même un peu plus travaillés pour leur donner plus d’impact, mais globalement, ne vous attendez pas à quelque chose d’impressionnant.
Le mode arcade, qui se trouve être un enchaînement de huit combats à la difficulté variable, aura quant à lui ce petit apport au niveau du lore entre chaque combat sous forme de conversations post match, et qui changent naturellement en fonction du personnage choisi et de qui il affronte. Pour peu que vous accrochiez vraiment à l’univers du jeu, alors vous aurez sans aucun doute envie de faire le mode arcade avec tous les personnages, ce qui a par ailleurs été pour nous un excellent moyen de découvrir le gameplay des personnages afin de savoir lequel allait devenir notre petit préféré.
Le calme avant la tempête
Si du côté du scénario, nous n’avons absolument pas été largués, vous allez voir qu’il en va de même pour tout ce qui concerne le gameplay. En fait, pour faire simple, Guilty Gear Strive, sans vous prendre totalement par la main, va vous proposer de découvrir les mécaniques de manière très progressive. De plus, si vous aviez peur d’être confronté à un gameplay beaucoup trop complexe à cause de la réputation de la série, soyez rassuré.
Les experts devraient vraiment avoir de quoi être contentés par la profondeur du jeu, mais si vous débutez, alors tout devrait parfaitement se passer. Ce qui fait la force de cet opus, c’est justement qu’il offre énormément de possibilités grâce à un gameplay riche, mais sans que cela demande une dextérité inhumaine. Résultat, tous les joueurs ont les mêmes cartes en mains, et c’est votre stratégie, vos prises de décision, votre anticipation qui seront les éléments qui feront de vous un bon joueur ou non.
Mais avant d’en arriver là, vous allez devoir prendre vos marques, et le Dojo sera un endroit parfait pour débuter. Vous allez pouvoir dans un premier temps parcourir un rapide tuto, qui s’est révélé d’ailleurs beaucoup plus digeste que cela pouvait l’être dans Guilty Gear Xrd Rev 2 par exemple. C’est dans ce tuto que vous découvrirez les coups de base et les attaques classiques.
Grâce à ces premières clés de compréhension du gameplay, vous pourrez parfaitement vous lancer dans le mode arcade afin de commencer à découvrir les personnages. Par contre, si vous préférez mieux connaître le jeu avant de vous lancer vraiment, vous aurez le mode missions, qui sera parfait pour apprendre toutes les subtilités du jeu. Ce mode est très bien fait, découpé en plusieurs segments, et vous permettra de vous familiariser avec les notions des plus simples aux plus complexes. Contrairement à d’autres jeux où nous ressentions vraiment le besoin d’aller regarder des tutos sur le net pour comprendre certaines mécaniques, ici tout est parfaitement expliqué, de sorte que même les néophytes puissent reproduire les actions, mais aussi comprendre dans quel contexte les utiliser.
Ensuite, la salle d’entraînement, plus classique mais ultra complète en termes d’options, vous permettra quant à elle de développer votre jeu, et de mettre en place tout ce que vous avez appris jusque-là. Mais avant de passer du temps à vous entraîner durement en solo pour que chacune de vos actions réponde à la perfection, nous ne pouvons que vous conseiller de partir à la découverte du mode online. Ce dernier vous proposera de créer votre avatar, et après un combat test, vous rejoindrez l’un des dix étages de la tour du mode online en fonction de votre niveau.
En ce qui concerne l’interface des étages, beaucoup de choses ont été améliorées depuis la première phase de bêta du jeu, et si nous étions les premiers à pester contre les différents choix opérés, force est de constater qu’ils ont su écouter les joueurs pour trouver un excellent compromis entre nos attentes et leurs choix artistiques. De plus, l’interface en elle-même est à présent parfaitement claire, affronter un autre joueur n’est plus qu’une simple formalité, et les interactions sont simples et fluides, ce qui était loin d’être gagné il y a encore quelques mois en arrière.
Guilty Gear Strive offre une frénésie jouissive à chaque instant
Dans Guilty Gear Strive, et comme dans tous les jeux de combats modernes, le mode online représente naturellement une part énorme de l’expérience, et la fluidité des combats était donc primordiale. Si certains jeux comme Super Smash Bros. par exemple se sont régulièrement cassé les dents sur l’expérience online, le nouvel opus de Guilty Gear représente certainement l’expérience la plus stable et fluide que nous n’ayons jamais expérimentée dans un jeu de versus.
Sans rentrer dans les détails techniques, le studio utilise un algorithme prédictif afin d’offrir une expérience bien souvent aussi bonne que si vous étiez face à un pote dans votre salon, sauf que pour le coup, le pote se trouve potentiellement à des milliers de kilomètres. Cela n’est cependant pas parfait, et des exceptions existent naturellement lorsque la connexion est vraiment de trop mauvaise qualité, mais cela reste justement des exceptions quand, dans d’autres jeux, cela est presque une généralité.
Et cette fluidité rend parfaitement justice au boulot réalisé par le studio sur Guilty Gear Strive, le rendant aussi beau et jouissif que possible à pratiquement chaque instant. Tournant en 4K/60fps sans sourciller, chaque frame du jeu est tel un tableau que l’on aurait envie d’admirer. Par ailleurs, c’est en regardant les replays des combats et en mettant la vidéo sur pause que l’on se rend vraiment compte de l’incroyable travail artistique réalisé pour en faire un jeu 3D admirablement mis en scène, tout en conservant cette esthétique 2D qui a toujours collé à la série.
Lors des combats, les sensations sont totalement grisantes, et l’apport de la 3D permet justement d’appuyer encore plus certaines séquences, de leur donner beaucoup plus d’impact, mais encore une fois, tout en gardant cet aspect anime 2D aussi classe que somptueux. Comme d’habitude, c’est Daisuke Ishiwatari qui s’est chargé de composer la musique, et chaque thème apporte une énergie folle à l’image.
D’ailleurs, que ce soit dans la musique ou la direction artistique, comme dans tous les Guilty Gear, on sent vraiment que tout cela est là pour cristalliser une parfaite maîtrise du gameplay, et le résultat est comme on s’y attendait, d’une puissance incroyable.
Avec Guilty Gear Strive, Arc System Works n’a pas hésité à prendre des risques pour tenter le pari fou de séduire à la fois les néophytes, mais aussi les passionnés de la licence, et si nous ne pouvons que constater les retours plus que positifs de ces derniers, c’est en tant que néophytes que nous pouvons surtout témoigner de notre ravissement concernant ce nouvel opus.
Qu’il s’agisse de son gameplay toujours très riche tout en étant plus accessible, de la qualité de son mode online, ou encore de ses graphismes à vous décrocher la mâchoire, Guilty Gear Strive coche vraiment toutes les cases du jeu de baston d’exception et, nous pouvons le dire, il a très clairement répondu à nos attentes.
En tant qu’amateur de jeux de versus, mais sans être spécialiste ni du genre ni de la licence, les seuls défauts que l’on a pu lui trouver ont finalement été de l’ordre des goûts de chacun. Et si nous devions avoir un regret, ce serait simplement le fait que le studio n’ait pas osé apporter une petite dose de contenu solo à la manière de ce qui avait été proposé dans Granblue Fantasy Versus.