Rarement jeu de sport n’aura été aussi attendu par sa communauté que Football Manager 26. Et pour cause, après le report puis l’annulation de l’édition 2025, le studio Sports Interactive et SEGA avaient justifié leur décision par un besoin de temps pour peaufiner un projet présenté comme le renouveau de la saga. Une action d’emblée louée pour son honnêteté par les fans, qui avaient su faire passer au second plan leur déception, mais à double tranchant, car le résultat se devait d’être quasiment irréprochable.
Avec un changement de moteur graphique et une interface totalement retravaillée, Football Manager 26 a en effet subi une transformation, c’est indéniable. Mais est-il réellement la révolution annoncée ? Le titre de notre test, rédigé après plus d’une vingtaine d’heures de jeu, ne laisse que peu de place au doute.
(Test de Football Manager 26 réalisé sur PC via une version bêta fournie par l’éditeur)
Le retour du roi
D’entrée de jeu, on retrouve les éléments qui ont fait la force de la franchise depuis ses débuts. Après une courte période de customisation de votre profil d’entraineur, il est temps de choisir l’équipe dont vous allez prendre les rênes durant de nombreuses heures, et on l’espère pour vous, de nombreuses saisons. Une nouvelle fois, on ne peut que s’incliner devant le choix pléthorique mis à la disposition des joueurs. Il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour ne pas trouver le club de vos rêves tant la base de données reste une référence du genre.
Ajoutez-y pour la première fois le football féminin, et prochainement une mise à jour sous licence officielle de la Coupe du Monde, et il est difficile de faire plus complet. On regrettera l’absence de licences officielles pour les écussons et noms de certains clubs, notamment en Liga espagnole ou Serie A italienne, qui rebutera peut-être les entraineurs en herbe à se diriger vers ces équipes, mais ce n’est qu’un détail. Une fois votre club choisi, l’aventure peut commencer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle sera dense, sans doute encore plus qu’elle ne l’a jamais été. Les possibilités d’agir sur la vie de votre club sont quasi infinies, et nous sommes très loin d’en avoir fait le tour même après plus de vingt heures de jeu. On ressent vraiment tout au long de la saison le poids et la responsabilité d’être le principal garant de l’aspect sportif d’un club de football professionnel. Parfois même jusqu’à l’overdose.
C’est bien simple, si vous souhaitez tout gérer de A à Z, des programmes d’entrainement à la gestion des contrats, en passant par les conférences de presse ou encore le marché des transferts, il ne faudra pas compter vos heures de jeu. Heureusement, depuis plusieurs années, un ingénieux système de partage des responsabilités avec vos adjoints (comprenez par là l’IA) vous permet de vous dédouaner de certaines tâches en fonction de vos affinités avec celles-ci. Pratique, et surtout indispensable pour ceux qui n’auraient pas des heures et des heures à passer devant leur écran.
De longues heures avant d’arriver sur le terrain
Si vous connaissez bien le football, vous connaissez l’importance des mois de juin et juillet pour préparer au mieux la saison à venir. C’est là que les transferts se négocient avec les agents, que la préparation physique bat son plein, et que les matchs amicaux permettent d’apprendre à connaître votre effectif et les tactiques qui lui correspondent le mieux. Bref, beaucoup de temps en coulisses pour peu de temps sur le terrain. Eh bien, Football Manager 26 respecte parfaitement ce ratio, parfois même trop, et si vous ne connaissez pas véritablement le monde du ballon rond, ou n’êtes qu’un occasionnel spectateur à la télévision, force est de constater que le jeu risque de rapidement vous dégouter tant les petits à-côté semblent parfois prendre la majorité de notre temps. A contrario, les fans vous diront que c’est justement ces temps de préparation et de réflexion qui font le sel de FM depuis des années, et il est difficile de leur donner tort.
Mais si le studio Sports Interactive avait depuis longtemps fait du changement de moteur graphique son argument de vente principal, on ne s’attendait pas forcément à ce que les menus de navigation fassent eux-aussi l’objet d’un tel chamboulement. Et là, on frôle la faute professionnelle. C’est bien simple, le début d’aventure est un calvaire, et ça ne s’améliore pas beaucoup sur la durée. Les menus sont tellement surchargés qu’on ne sait plus où donner de la tête, et le fonctionnement en menus déroulants et sous-catégories ne nous a pas convaincu du tout, allant même jusqu’à avoir un effet néfaste sur notre immersion dans le titre. Par exemple, en une saison complète, nous n’avons pas réussi à trouver le classement des buteurs de notre championnat national, ni réussi à savoir ce qui se passait dans les autres pays pendant la saison.
Beaucoup de joueurs ont partagé sur Steam leur désagréable sensation que ces menus avaient été spécialement pensés pour convenir à des nouveaux joueurs consoles (Football Manager 26 est le premier jeu de la saga à sortir à la fois sur Xbox Series et Playstation 5), tournant ainsi le dos aux fans de la première heure, mais nous ne partageons pas forcément cet avis. Selon nous, il s’agit simplement d’une grosse erreur d’ergonomie, un gros raté. La fin de la bêta et les futures mises à jour permettront peut-être d’y voir plus clair. Mais pourquoi avoir pris le risque de vouloir tout changer alors que les dernières versions avaient parfaitement fait le travail jusque là ?
La vérité du terrain
D’autant plus frustrant qu’une fois arrivé sur le terrain, on oublie comme par enchantement les longues minutes perdues à errer dans les menus. Comme par magie, comme lorsqu’on oublie en quelques secondes d’attraction l’heure d’attente pour y accéder à Disneyland. Oui, Football Manager a aussi sa part de magie, et Football Manager 26 ne déroge pas à la règle.
La préparation et la conférence de presse d’avant-match sont toujours des grands moments d’excitation, et favorisent d’emblée l’immersion. Toutefois, si le passage sous moteur graphique Unity pouvait nous laisser espérer une petite claque visuelle, il n’en est rien. Le jeu est plus beau qu’avant, c’est indéniable, mais même en poussant les curseurs à fond, on reste loin des standards même basiques d’un jeu de football en 2025. Difficile par exemple de distinguer la différence entre deux joueurs. Mais est-ce vraiment ce que nous recherchons lorsqu’on choisit de jouer à FM ? Rien n’est moins sur. Football Manager n’est pas EA Sports FC, ne le sera sans doute jamais, et c’est tant mieux.
Ce qui compte, c’est que « footballistiquement » parlant, c’est un régal. Les mouvements des joueurs sont beaucoup plus réalistes, et les occasions variées. On n’a jamais eu deux fois la même occasion durant notre vingtaine d’heures de jeu. Et forcément avec ce réalisme, les émotions s’en retrouvent décuplées. On fait front avec nos joueurs, on vit chaque occasion à fond en attente de sa conclusion, et on se prend même à pousser quelques jurons lorsque notre équipe rate une grosse occasion. Bref, nous vivons pleinement la vie d’un manager de football sans même nous lever de notre canapé. Contrat rempli sur le terrain, mais est-ce suffisant ?
Si Football Manager 26 est bien différent de ses prédécesseurs, parler de révolution nous semble tout de même bien exagéré. Certes, le moteur graphique a évolué, proposant des matchs et des animations bien plus réalistes que par le passé, mais on espérait un peu plus sur ce plan, surtout après une telle campagne de communication. Et que dire des menus, tout simplement indignes d’un studio à qui deux années ont été laissées pour travailler sur le titre.
Si de notre côté, le plaisir de jeu a été altéré par les nombreux défauts du jeu, il n’a pas disparu, loin de là, grâce au savoir faire du studio en matière de gestion tactique et d’immersion. Malgré tout, au moment d’écrire ces lignes, difficile de ne pas parler de déception. Non, Football Manager 26 n’est pas au mauvais jeu. Mais c’est certainement un bien décevant Football Manager eut égard aux standards auxquels nous avait habitué le duo Sports Interactive/SEGA et surtout aux promesses faites après l’annulation de l’édition 2025.


