Dans la petite famille des simulations de manager de football, l’ogre Football Manager ne laisse que des miettes. Mais des alternatives existent, et fourmillent de très bonnes idées. Parmi elles, Hattrick, disponible gratuitement sur mobile et navigateur internet. Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas d’un jeu récent que nous allons vous proposer le test, mais bien d’un ancien, puisqu’il date de 1997. Il a cependant bien évolué depuis pour s’adapter à son époque.
Le jeu ne cherche pas à marcher sur les plates-bandes du leader incontesté, bien au contraire. Il propose une expérience de manager complètement différente, basée sur le très long-terme, le multijoueur et un environnement cartoon et humoristique. Joueurs impatients, adeptes des licences officielles ou des rencontres simulées à la va-vite, passez votre chemin.
(Test de Hattrick réalisé sur navigateur internet et sur l’application mobile)
Le temps, c’est de l’argent
Dans Hattrick, vous débutez le jeu avec un effectif de joueurs non réels générés aléatoirement, dans la plus basse division de votre pays (la division 6 en France par exemple). Chaque saison dure quatorze semaines en temps réel, avec deux rencontres par semaine, une amicale ou de coupe le mercredi et le championnat le samedi. Et tous ces matchs, à de rares exceptions près se déroulent face à des équipes controlées par d’autres joueurs réels, ce qui fait le sel de l’expérience.
La force d’Hattrick pour certains est aussi rédhibitoire pour d’autres. Le titre nécessite une patience à toute épreuve pour progresser dans les échelons. En débutant dans la division la plus basse, il faudra compter plusieurs années de jeux pour atteindre ne serait-ce que la troisième division, ce qui ferait déjà de vous un très bon manager. Et soyons honnêtes, sans une lecture détaillée des règles et quelques tours sur les forums locaux, la progression est rapidement limitée. Vos premières saisons auront sans doute des airs de chemin de croix, mais accrochez-vous, ça en vaut la peine.
Tous les éléments de gestion d’un club doivent être pris en compte. De la taille de votre stade au recrutement de vos employés et de vos joueurs, rien ne doit être oublié. Gérez mal vos finances, et l’aventure peut brutalement prendre fin. Eh oui, derrière ses airs de jeu rigolo et son interface datée et austère, Hattrick mise tout sur le réalisme. On ne fait pas n’importe quoi avec l’argent.
Un jeu de football mathématique, mais pas que…
Dans Hattrick, chaque joueur est défini par un nom généré aléatoirement, un âge, un portrait, puis par diverses caractéristiques qui vont faire de lui un titulaire indiscutable ou un simple cireur de banc. Au nombre de sept (gardien, défense, passe, ailier, construction, buteur, coup-franc), et notées entre zéro et vingt, ces caractéristiques sont la base du moteur de jeu et évolueront au gré de vos choix. Ajoutez-y une dose d’aléatoire et une gestion des blessures, de la forme, du mental et de la tactique de match, et vous obtenez Hattrick.
Le nerf de la guerre du titre, c’est l’entrainement et la formation. Tout est basé sur un modèle statistique ultra précis, et c’est en formant de jeunes joueurs et en les faisant progresser que votre club évoluera. Achetez de très jeunes joueurs, formez-les pour les faire évoluer dans une caractéristique choisie, revendez-les dans leur prime pour remplir vos caisses, puis achetez des vétérans de grande qualité et des jeunes encore plus forts à former à leur tour. Hattrick fonctionne par cycles, et si vos cycles sont bien gérés, le plaisir de jeu est décuplé.
En fonction des caractéristiques de vos joueurs, chaque zone du terrain est affublé d’une note. Si votre note est meilleure que celle de votre adversaire pour une zone donnée, vous dominez logiquement la zone. Et plus vous dominez de zones sur le terrain, plus vos chances de victoire seront élevées. Si dominer le milieu de terrain peut souvent s’avérer payant, heureusement, tout n’est pas que statistique, et des événements spéciaux lors des matchs permettent encore de créer des surprises.
Une vraie communauté
Débutée en 1997 par un petit groupe de développeurs Suédois, l’aventure Hattrick a connu son essor en 2009, avec plus d’un million d’inscrits à travers le monde. Aujourd’hui maintenue à environ 250 000 joueurs actifs, la communauté est passionnée et prête à partager.
Le jeu mise sur l’égalité. Au départ, tout le monde dispose du même budget, des mêmes types de joueurs, et ce sont vos choix qui guideront votre équipe vers le succès ou l’échec. Ici, pas de PSG ultra-riche ou de fair-play financier bafoué. Tout le monde est logé à la même enseigne, et cela rend les victoires encore plus gratifiantes. Que l’on gagne ou que l’on perde, c’est face à une équipe humaine qui a à un moment donné disposé des même moyens que nous et a simplement fait des choix différents.
Tous les pays du monde sont représentés et disposent de leur propre système de ligue. Chaque poule dispose d’un chat, d’un forum et vous pourrez affronter des utilisateurs du monde entier lors de vos matchs amicaux. Tout le marché des transferts est également basé sur le multijoueur. Pour acheter un joueur placé sur la liste des transferts, vous allez devoir batailler à coup d’enchères contre les autres managers humains du monde entier. De vrais duels de porte-monnaie qui peuvent déboucher sur des déceptions, mais parfois aussi sur de bien belles affaires.
Si vous parvenez à passer le cap des premières semaines de jeu, plutôt frustrantes, alors vous êtes sans doute la cible d’Hattrick. Pas très joli et pas forcément mis en valeur, le jeu proposé gratuitement est pourtant une vraie pépite dans l’univers des gestions d’équipes de football.
En misant sur le temps long et le réalisme de la gestion financière et de la tactique, plutôt que sur l’instantanéité et l’enchainement des matchs, le titre se démarque grandement de ses concurrents. On s’attache rapidement à ces joueurs pourtant non réels et contrairement à un Football Manager, on garde tout le long la sensation que c’est de notre club dont nous contrôlons la destinée, pas d’un club que tout un chacun peut également choisir de contrôler. Deux plaisirs différents, et deux jeux à la fois très proches et très éloignés qui valent tous les deux qu’on s’y attarde.