Test Everhood 2 – Trip sous acide à 120 battements par minute
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Test Everhood 2 – Trip sous acide à 120 battements par minute
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Everhood 2 – Trip sous acide à 120 battements par minuteGame
Test Everhood 2 – Trip sous acide à 120 battements par minute
En 2021, un petit jeu développé par deux personnes (Chris Nordgren et Jordi Roca) et édité par Foreign Gnomes est passé sous les radars du public (mais pas des critiques !) : Everhood. Un jeu de rythme qui, au fil de son déroulement, se métamorphose en une aventure difficile à qualifier tant sa proposition sortait des sentiers battus.
Nous voilà en 2025, et les deux compères rempilent pour un Everhood 2 qui vient tout juste de pointer le bout de son nez. Une suite pertinente pour un premier épisode qui avait déjà brillamment exploité ses mécaniques de gameplay, ou un risque de redite dans un univers où l’inattendu était la norme ?
(Test du jeu Everhood 2 effectué sur PC réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Down the Rabbit Hood
Les premières minutes d’Everhood 2 débutent, comme dans le premier opus, par un petit questionnaire visant à mieux cerner le joueur. En fonction des réponses, une “couleur” d’âme vous est attribuée (Rouge, Verte ou Bleue), influençant légèrement certaines interactions sans jamais imposer de contrainte irréversible.
Car oui, Everhood 2est un jeu généreux, qui n’a pas peur d’accumuler du contenu, quitte à ce que certaines subtilités restent inexplorées. En témoigne des mondes entiers qui n’existent dans le jeu que pour quelques secondes ou même sa bande-son gargantuesque : pas moins de 177 morceaux, répartis sur trois volumes sur les plateformes de streaming.
Une OST aussi inégale que variée, fruit d’un travail titanesque pour une équipe de seulement deux développeurs. Ici, chaque monstre dispose de son propre thème musical, une nécessité imposée par le système de combat du jeu, et qui offre une diversité impressionnante de styles. Il y a fort à parier que chacun y trouvera son bonheur.
L’aventure alterne entre deux phases principales : l’exploration et le combat. La première invite le joueur à déambuler dans des environnements oscillant entre le psychédélique et le générique. Le style visuel se décline en plusieurs formes, au point qu’il devient parfois difficile de se raccrocher à un repère stable, mis à part votre personnage.
Cette étrangeté assumée peut séduire les amateurs d’expériences singulières autant qu’elle peut rebuter les moins aventureux. Mais la véritable qualité d’Everhood 2 réside dans ses affrontements musicaux. Une fois happé par son système de jeu, difficile d’en décrocher…
Flawless Flow
Avant d’aller plus loin, sachez que la partie qui suit divulgue un tournant clé du game design du premier opus… Vous voilà prévenus.
Votre objectif est simple : vaincre l’adversaire en face de vous. Pour y parvenir, une seule méthode s’offre à vous : aspirer et amalgamer les notes de musique d’une même couleur afin de cumuler suffisamment d’énergie pour déclencher une attaque. Trois niveaux de puissance sont disponibles, et il vous revient d’évaluer votre prise de risque : attendre de rassembler au moins 15 notes pour un coup dévastateur ou assurer une attaque plus modeste, mais plus rapide.
Toute la force d’Everhood 2 réside dans le flow, cet état de concentration absolue qui permet de se fondre dans l’action au point d’exécuter instinctivement des mouvements qui semblaient hors de portée quelques minutes auparavant.
Votre personnage peut se déplacer latéralement sur cinq colonnes, sauter pour éviter une note ou l’absorber pour la stocker. Et c’est tout. Mais derrière cette simplicité apparente se cache une profondeur insoupçonnée : certaines notes ne peuvent être absorbées, d’autres changent de colonne, et bien plus encore. Ce cocktail d’idées, combiné à un rythme effréné et une mise en scène audacieuse, donne naissance à des combats d’une intensité redoutable.
Là où le premier Everhood réservait ses trouvailles les plus marquantes pour des moments clés, Everhood 2 fonctionne comme une véritable usine à idées… dont nous vous laissons le plaisir de découvrir les surprises.
La surprise que nous ne vous épargnerons pas, en revanche, concerne les nouveaux assets en 3D introduits par les deux développeurs. Si le pantin de bois et en pixel art du premier épisode possédait un charme indéniable, difficile d’en dire autant de son petit frère en trois dimensions, dont la seule véritable qualité réside dans la possibilité de customiser la tête et l’arme. On y perd indéniablement au change…
Cela dit, il faut encore une fois saluer la générosité des développeurs, car cette transition vers la 3D ne se limite pas au protagoniste : elle s’applique à tous les personnages que l’on contrôle en combat. Un choix surprenant, surtout lorsque l’on réalise que le jeu nous fait régulièrement changer d’avatar au fil de ses quelques dix heures d’aventure, élément totalement absent du premier opus.
ForeverHood
Ne tournons pas autour du pot : Everhood 2 n’est pas un jeu facile. La principale nouveauté de cet opus réside dans un système de montée de niveau et d’équipement. Trop superficiel pour faire de l’ensemble un véritable RPG (aucun choix majeur ne vient influencer votre progression), il reste néanmoins une manière astucieuse d’inciter le joueur à explorer, à grappiller un peu d’XP ici et là s’il se retrouve bloqué face à un combat particulièrement coriace.
Pour autant, Everhood 2 ne cherche pas à réinventer la roue. Son scénario demeure aussi cryptique que celui du premier opus et le fameux twist qui faisait la force de son prédécesseur est difficilement reproductible tel quel.
De plus, l’ensemble du jeu se révèle relativement inégal, oscillant entre humour décalé, rares instants de poésie et trips psychédéliques parfois éprouvants. Le début de l’aventure, en particulier, peut sembler laborieux, voire hostile, au point que certains joueurs pourraient être tentés d’abaisser la difficulté… ne serait-ce que pour éviter de s’acharner, comme nous, sur le combat tutoriel pendant de longues minutes.
Difficile de ne pas saluer la précision du game design d’Everhood 2, qui témoigne sans équivoque du soin et des efforts déployés par ses deux créateurs. Chaque mécanique, chaque affrontement semble avoir été pensé avec minutie, offrant une expérience exigeante mais infiniment gratifiante.
Cependant, force est d’admettre que cette suite ne marquera pas les esprits avec la même intensité que son prédécesseur tant elle peut s’avérer inégale d’une minute à l’autre. Rassurez-vous, le jeu demeure un très bon cru, plus riche, plus varié et surtout bien plus généreux que le premier Everhood.
Reste à savoir si vous préférez la stabilité (toute relative) du premier opus ou si vous aurez l’envie et le courage de vous aventurer dans ce nouvel univers qui ne sait pas rester en place plus d’un quart d’heure…
Rescapé de la terrifiante industrie du sacro saint Jeu Vidéo, je peux aimer n'importe quel jeu qui ose faire les choses à fond. Joueur invétéré de MMO depuis la tendre enfance, mais également cinéphile et lecteur assidu de tout ce qui contient des images.