« Hey, Dante ! Est-ce qu’on se reverra ? », demandait Nero à Dante à la fin de Devil May Cry 4. Le gaillard n’avait pas pris la peine de répondre. Il est du genre à préférer laisser parler ses actes.
Une décennie plus tard, le chasseur de démons au manteau rouge revient avec Devil May Cry 5, après une incartade qui n’aura pas plu à tout le monde, un DmC: Devil May Cry qui avait plus que divisé. Le champion du beat’em all stylé est de retour. Il se démène comme un beau diable, mais Devil May Cry 5 confine-t-il au divin, ou devrons-nous l’envoyer en enfer ?
Le plus grand « Nero » de tous les temps
C’est l’enfer sur Terre ! Au sens propre ! Le Qliphoth, un arbre démoniaque, a poussé soudainement et des hordes de démons se sont abattues sur notre monde. À Red Grave City, trois héros se dressent pourtant afin de faire face à la menace. Le mystérieux V, Nero et surtout Dante, le légendaire chasseur de démons s’opposent au terrifiant Urizen, qui est derrière tout ce boxon. Mais hélas, même notre héros gouailleur et vantard semble impuissant et se fait poutrer, tandis que Nero et V doivent s’enfuir la queue entre les jambes. Un mois plus tard, les deux gaillards décident de se relancer à l’assaut du Qliphoth.
Devil May Cry 5 est, comme ses glorieux ancêtres, un beat’em all très typé arcade dans lequel le joueur doit affronter des ennemis à la pelle. Qui dit arcade dit scoring, de fait, les échauffourées sont sanctionnées par un système de notations allant de D (Dismal) à SSS (Sick Sexy Style). Afin de gonfler ce score (qui permet à la fin de chaque mission d’obtenir un bonus de démonites rouges, la monnaie du jeu), le joueur doit varier les combos et gérer parfaitement le timing des attaques.
Pour cela, le jeu propose deux types d’attaques : les techniques de mêlée et les attaques à distance. Le tout sans oublier les provocations qui, bien timées, permettent d’ajouter des points de style. En deux mots, plus on est « m’as-tu-vu », mieux c’est. Les aficionados de la série ne seront pas dépaysés, on est, avec Devil May Cry 5, en terrain connu. Dès les premières minutes, on retrouve ses marques et c’est tant mieux.
De prime abord, ce sont les graphismes qui frappent. Le RE Engine fait des miracles, et Capcom peut être très fier de ce moteur. Les personnages et les créatures qui se dresseront sur votre chemin sont modélisés avec un soin quasi-photo-réaliste. Par ailleurs, le titre tourne très bien, et aucun ralentissement n’a parasité nos sessions de test. Le jeu est fluide, et pourtant, entre les quelques éléments dynamiques qui parsèment les environnements ou encore les effets spéciaux et de particules, le titre n’en finit pas de vous en mettre plein les yeux.
Une fois la claque graphique passée, c’est pad en main que vient toute la saveur du titre. Devil May Cry a toujours été une série aux mécaniques de gameplay huilées. Afin de pouvoir apprécier ces jeux, il est essentiel que la prise en main soit aisée et naturelle. Et on peut dire qu’elle l’est, dans ce cinquième opus. Qu’il s’agisse de Nero, Dante ou V, combattre est un pur plaisir. Les différents coups s’enchaînent avec fluidité et on a réellement l’impression de faire faire à nos ennemis exactement ce que l’on veut et quand on le veut. Il en résulte des combats jouissifs et bardés d’adrénaline. Un régal.
La cavalerie est arri-« V »
Reprenant sur la lancée de Devil May Cry 2 et 4, qui proposaient deux personnages jouables, c’est trois protagonistes qui s’offriront à vous dans Devil May Cry 5. D’un côté, nous avons Nero, protagoniste du volet précédent. Le jeunot au look revisité (il ressemble à présent à Laurent Wauquiez) a perdu son bras démoniaque. Mais il le vit bien. En effet, son associée, Nico Goldstein, lui a bricolé toute une batterie de bras mécaniques : les Devil Breakers.
Ceux-ci donnent accès à notre héro sosie du président de la Haute-Loire divers pouvoirs allant de la décharge électrique à la capacité d’arrêter le temps en passant par le fulguro-poing (avec possibilité de surfer sur le missile tiré). Seul problème, ces Devil Breakers sont fragiles et peuvent facilement se briser après une utilisation prolongée ou si un galopin devait toucher Nero pendant l’utilisation des prothèses. Aussi est-il possible de définir un set de divers bras entre chaque mission, une prothèse en remplaçant une autre à chaque destruction.
En plus de ces bras de rechange, Nero peut compter sur ses deux fidèles compagnes. On ne parle pas de Nico et de Kyrie (sa tendre et douce) mais de Blue Rose, son revolver à deux canons dont il peut charger la puissance pour faire encore plus de dégâts et surtout de Red Queen, son iconique épée à moteur. En enclenchant le starter, il est possible de passer en mode Exceed, un booster qui rend les attaques de Nero encore plus dévastatrices. Comme dans DMC 4, Nero est un personnage très aérien, capable de rester longtemps dans les airs et de se déplacer rapidement d’un ennemi à l’autre au moyen du grappin intégré à sa prothèse qui remplace le Devil Bringer du volet précédent.
Nouveau venu dans la licence, V est un personnage atypique. Le gaillard n’est pas aussi robuste que Dante et Nero. Il est même plutôt frêle. Impossible pour lui de faire des combo destructrices. Tout au plus est-il capable de donner de faibles coups de sa canne. Mais afin de se défendre, il peut compter sur sa capacité à invoquer des démons. Tout d’abord, Griffon, sorte d’oiseau à la langue bien pendue, aidera notre sosie de l’acteur Adam Driver à combattre de loin. Tout comme un certain piaf de Devil May Cry premier du nom, Griffon maîtrise l’électricité et peut tirer de petites boules sur ses adversaires.
Afin d’assurer le corps à corps, V peut se reposer sur Shadow. Là aussi, il s’agit d’un démon qu’on affrontait dans le premier Devil May Cry. La bestiole, qui ressemble à une jolie panthère, peut lacérer ses ennemis avec ses griffes mais aussi se plonger dans sa propre ombre pour lancer des attaques sournoises et se transformer en faux ou en scie circulaire. Ces deux démons ont une barre de vie allouée qu’il faudra tenir à l’œil, car une fois vidée, les deux créatures seront paralysées et laisseront V sans défense. Notez aussi que les démons ne peuvent pas achever les ennemis. Il revient à V de terminer le travail d’un coup de canne bien placé. L’occasion de cumuler les points de style en enchaînant plusieurs exécutions.
La dernière créature est Nightmare, un golem destructeur qui apparaît lorsque V enclenche son Devil Trigger. Là, c’est la danse de la violence pour les monstres qui cherchent des noises au sosie de Kylo Ren. Vous n’aurez aucun contrôle sur le colosse, à moins de grimper sur lui. L’utilisation de Nightmare peut faire toute la différence dans un combat acharné. V est un personnage vraiment amusant à jouer, dans la mesure où il amène le joueur à repenser sa façon d’aborder Devil May Cry. Plus stratégique (car il faut être attentif au placement du personnage et de ses invocations), il est aussi celui qui permet d’obtenir les meilleures notes le plus facilement, car alors on peut aisément s’amuser à troller les ennemis en enchaînant les provocations tout en attaquant.
Enfin, le dernier des trois larrons, mais pas le moindre, reste Dante. Il a beau ressembler à Hugues Aufray (oui, gardez donc cette image en tête), le castagneur de démons n’a pas perdu la main. Souvenez-vous, il était déjà OP dans Devil May Cry 4… Dans Devil May Cry 5, ça va encore au-delà. En plus des nombreuses armes à sa disposition (parmi lesquelles une moto utile pour faire le ménage autour de soi, des gantelets et jambières qui sont faites pour les combos meurtrières interminables et bien sûr ses indémodables combo Epée/Pistolets), le héros peut compter sur ses quatre styles de combat différents hérités de Devil May Cry 3.
Avec Trickster, vous pourrez échapper aux attaques ennemies. Swordmaster étend votre palettes de coups à l’arme blanche (enlarge your combos), Gunslinger vous donne de la puissance de feu. Quant à Royalguard, ce style ravira les joueurs amateurs de contres, qui pourront en exploiter la puissance si leur sens du timing est bon.
S’ajoute enfin le Devil Trigger de Dante qui, en plus de le soigner, augmente sa puissance de façon exponentielle. Et ce n’est pas tout… Mais nous n’en parlerons pas dans ce test. Tout ce que nous dirons est que plus que jamais, Dante s’avère être une brute, et on a une fois de plus l’impression de littéralement rouler sur ses ennemis, quand on prend en main notre albinos frimeur préféré. Rarement Devil May Cry n’aura autant mérité ce titre.
Et pan « Dante » dents !
Beau et jouissif, Devil May Cry 5 semble bien parti pour être un jeu parfait. Pourtant, tout extraordinaire qu’il soit, le titre n’est pas exempt de défauts. À commencer par un scénario cousu de fil blanc. Cependant, sans vouloir se faire l’avocat du diable (huhu), admettons que ce n’est pas pour son scénario qu’on joue à un Devil May Cry. D’autant que Devil May Cry 5 essaye d’avoir une narration plus poussée que par le passé, explorant un peu plus le personnage de Dante. Cet opus fait d’ailleurs le lien avec les épisodes précédents et même avec la série animée (notamment via certains cameo).
Devil May Cry 5 puise même quelques très bonnes idées issues de DmC: Devil May Cry. Ainsi, accueillons avec joie la possibilité d’essayer toutes les techniques avant de les acheter. Finis, les moments où on dépensait des orbes rouges pour des attaques qui restaient inutilisées. De même on peut saluer l’arrivée des Limbes, qui vous permettront de vous familiariser avec les commandes et les attaques de vos persos. Vous pourrez à loisir tester toutes vos combos sur un mannequin que vous pourrez paramétrer, comme dans un jeu de combat.
Autre emprunt à DmC, une esthétique qui tire vers le réalisme, et la réalisation des combats, notamment lorsque les persos achèvent leurs adversaires. La caméra fait alors un zoom et le temps se gèle quelques secondes. Pas très utile, certes, mais qu’est-ce que ça en jette !
Pour revenir sur les défauts, on notera quelques légers ratés techniques, avec parfois des textures qui traînent à se charger sur les modèles 3D. Mais là, rien de dramatique et il faut vraiment scruter l’écran pour voir ces menus bugs. La caméra, en revanche, s’affole parfois lors des combats et c’est bien plus handicapant. Mais là encore cela est arrivé deux ou trois fois au cours du test.
On pourra cependant regretter des environnement splendides, certes, mais peu variés. Au final, on traîne ses guêtres dans Red Grave City, ville qui fait penser à Londres, et dans les entrailles démoniaques du Qliphoth… et c’est tout. Ce n’est pas avec Devil May Cry 5 que vous serez dépaysé. L’univers paraît donc plus cohérent que dans le précédent épisode (dont la géographie n’avait pas le moindre sens : on passait d’une ville en été à une falaise enneigée sans transition…) mais propose beaucoup moins de variété dans ses décors.
En revanche, le bestiaire est très fourni et les démons bénéficient de designs vraiment très classes. La direction artistique est une réussite, parvenant parfaitement à mixer les héros aux designs réalistes et les environnements infernaux. Quant à la musique, elle oscille entre l’excellence (Devil Trigger, le thème de combat de Nero reste le meilleur morceau de l’OST) et le… euh… carrément moins excellent (Subhuman, le thème de combat de Dante donne l’impression de se faire vomir dans les oreilles).
Jouissif, stylé, excellent ! C’est un triple S qu’on a envie de remettre à ce Devil May Cry 5. Dante, ses potes et ses démons reviennent en force avec un épisode qui assoit la série sur le trône infernal des big boss du beat’em all. S’il est loin d’être parfait, il mettra en revanche d’accord tous les fans de la série.
Cependant, on regrettera une difficulté légèrement vue à la baisse (le jeu est très généreux en cas de game-over) et on aurait aimé un rôle plus important pour Lady et Trish, qui font figure de potiches dans cet opus (ou au moins les rendre jouables dans un mode comme le Palais Sanglant qui devrait bientôt être dispo).
Laissez-vous tenter par le démon, et activez donc votre Devil Trigger, car Devil May Cry 5 vous emmènera au paradis dans un train d’enfer !