Plus que jamais proche de la sortie de la Nintendo Switch 2, le 5 juin prochain, nous poursuivons notre bilan de l’incroyable parcours de la Switch. Dans notre première partie, nous nous étions penchés sur l’avant lancement, avec tout le travail opéré par les pontes de Nintendo pour séduire à nouveau les éditeurs tiers et proposer une machine qui puisse autant correspondre aux joueurs aguerris qu’aux nouveaux venus. Intéressons-nous donc à présent plus concrètement à la vie de la machine et à ce qui a été les clés de son fabuleux succès.
Sur les chapeaux de roue
la réussite de son lancement peut se résumer en un seul mot : Zelda. Révolution de l’open world, invraisemblable richesse de jeu, chef d’œuvre vidéoludique, les superlatifs pleuvent au point qu’il se classe même sur Metacritic, avec une évaluation à 97/100, comme le sixième meilleur jeu de tous les temps d’après l’agrégat. Nintendo tient son système seller dès la sortie de sa machine, le 3 mars 2017, et rapidement, les prudentes prévisions de vente du constructeur volent en éclats devant l’engouement populaire suscité par Breath of the Wild.
En effet, le constructeur tablait sur 2 millions de machines vendues. Mais voilà, le mois de mars n’était pas terminé que déjà la machine était en rupture de stock un peu partout, avec au 31 mars 2,73 millions de consoles écoulées (et, pour l’anecdote, 2,76 millions de Breath of the Wild pour la même période, même si on parle ici de jeux distribués). De quoi conclure une année fiscale supplémentaire avec un semblant d’espoir alors que Big N dévoile à nouveau un chiffre d’affaires en déclin et un bénéfice proche de zéro. Ainsi, toujours échaudé par des années de morosité, Nintendo restera prudent quant à ses prévisions et estimera pouvoir écouler 10 millions de Switch entre avril et décembre, là où les analystes de l’époque prévoyaient plutôt entre 13 et 17 millions.
Il faut dire que l’avenir restait encore incertain, notamment éditorialement, avec des éditeurs tiers malheureusement toujours aussi absents. Et Nintendo a beau avoir dans sa besace un Mario Kart 8 Deluxe, un Splatoon 2 et un Xenoblade Chronicles 2, on se pose encore de nombreuses questions quant à la pérennité sur le long terme de la Switch tant le constructeur semble lâcher ses meilleures cartouches dès le début.
L’E3 2017 devait donc nous rassurer. Ainsi, et au-delà des annonces d’un nouveau Yoshi, Kirby ou, plus inattendu et tellement symbolique du changement de paradigme vis-à-vis de ses partenaires occidentaux, Mario + Lapin Crétins, Nintendo esquisse l’avenir de sa console. La prochaine génération de Pokémon sera bien sur Switch, et, surtout, celui qu’on attend encore aujourd’hui, Metroid Prime 4 est teasé. Une caution grand public très populaire et une caution gamer, il n’en fallait pas beaucoup plus pour que la hype autour de la machine se poursuive.
D’autant que quelques mois plus tard sortira un certain Super Mario Odyssey. Une nouvelle prise de risque de la part de Nintendo qui avait déjà chamboulé l’une de ses licences phare, Zelda, et qui ici nous propose un jeu de plate-forme particulièrement réussi et inventif. Même les esprits les plus chagrins qui fustigeaient la présentation du titre et notamment le monde de New Donk City (« Quoi ! Mario au milieu d’humains, quelle hérésie ! ») durent se rendre à l’évidence, Nintendo signe là l’un des tout meilleurs, si ce n’est le meilleur, jeu de plate-forme de l’histoire du jeu vidéo, rien que ça.
Le succès critique et commercial est indiscutable. À la fin de l’année 2017, la Switch culmine à 15 millions d’exemplaires vendus environ (soit déjà plus que le nombre total de Wii U vendues) tandis que Mario Odyssey a trouvé un peu plus de 9 millions d’acquéreur. Mais ce n’est pas tout, l’année 2017, c’est aussi 7,3 millions de Mario Kart 8 Deluxe, 6,7 millions de Breath of the Wild ou presque 5 millions de Splatoon 2. Un véritable raz-de-marée.
D’autant que, là où Nintendo a aussi su faire la différence, c’est concernant les jeux indépendants. Le catalogue Switch étant encore relativement faible, il y avait là une opportunité à saisir pour les développeurs indés qui se trouvait bien plus visibles sur une boutique virtuelle encore peu alimentée que sur une plate-forme déjà saturée telle que Steam. Les success-story sur l’eshop étaient régulières et un cercle vertueux s’instaurait alors, attirant de plus en plus de développeurs sur la console.
La Switch devint donc très vite un incontournable pour les indés et Nintendo, flairant le bon coup, surfa sur la vague et créa les Nindies Showcase, l’ancêtre des Indie World, des vidéos centrées sur des jeux indépendants présents et à venir sur la Switch. Le tour était joué. Nintendo accueillera ainsi un nombre croissant de jeux, dont certains aussi cultes qu’Hollow Knight, Céleste, Stardew Valley ou Shovel Knight, permettant aux développeurs de vivre là leurs meilleures vies commerciales.
Nintendo signe ainsi une année historique. Entre titres maisons d’une qualité rare et scène indépendante qui va se sentir comme chez elle sur Switch, la machine hybride réalise un lancement prometteur. Sauf que mettre autant d’œufs dans le même panier, dans l’euphorie d’un lancement canon, cela aura pour conséquence de provoquer une seconde année bien plus morose.
Une deuxième année inquiétante… ou pas
Nous l’avons évoqué précédemment, mais le catalogue Switch pour 2018 n’avait pas grand-chose de bien enthousiasmant. Un nouveau Kirby, un nouveau Yoshi (qui finira repoussé à 2019) et un Mario Tennis Aces qui ne fait pas lever les foules, voilà tout le programme concocté par Nintendo pour le premier semestre 2018. Il y a bien les portages de Donkey Kong Country et d’Hyrule Warriors, mais cela parait bien peu pour entretenir la flamme autour de la console.
Mais Nintendo cachait un autre atout, presque le seul de cette année là d’ailleurs qui verra la Switch accueillir moults portages et remasters (Bayonetta 1 et 2, Ôkami, Diablo 3, Ys VIII, Dark Souls, Crash Bandicoot, et l’incontournable Fortnite…), à savoir Super Smash Bros Ultimate. Une locomotive incroyable qui va entretenir la hype et permettre à Nintendo d’écouler plus de 20 millions de switch sur cette année fiscale 2018-2019. Excusez du peu. Même au plus haut de sa forme, la PS4 n’arrivera jamais à dépasser ce seuil, c’est dire si la performance de la Switch est exceptionnelle, presque irréelle compte tenu du manque de gros jeux first party cette année-là.
Du moins, un gros manque pendant une longue partie de l’année puisque sur le dernier trimestre, Nintendo va enchainer ses trois plus gros succès de l’année avec, évidemment, Super Smash Bros. Ultimate, Super Mario Party et Pokémon Let’s Go. Trois petits tours et puis s’en va, laissant les tiers et indés marquer de leur empreinte cette année 2018 avec, pour ne citer qu’eux, Céleste et Octopath Traveler.
Et l’année suivante poursuivra sur cette lancée, avec des titres tels que Fire Emblem: Three Houses, Luigi’s Mansion 3, Zelda: Link’s Awakening, Pokémon Epée et Bouclier ou Ring Fit Adventure, tandis que du côté des tiers et des indés, nous avons pu retrouver Dragon Quest XI S, Mortal Kombat 11, Katana Zero, Baba is You et Ori and the Blind Forest. Que demander de plus ? L’annonce d’un nouveau Zelda ? Voilà qui tombe bien, ce fut précisément la conclusion du Nintendo Direct estival, déchaînant une nouvelle hype autour de la console hybride.
Désormais, plus rien ne pourra se mettre sur le chemin d’une Switch qui marche sur l’eau. Tout ce que Nintendo touche se transforme en or et rien ne semble pouvoir arrêter cette marche en avant. Le Joycon Drift ? Ce fut certes une épine dans le pied du géant nippon mais qui n’a pas tant entravé que cela sa réussite commerciale, et ce malgré le fait qu’il ait fini par accepter de réparer, depuis quelques temps maintenant, sans frais et hors garantie les manettes touchées.
Même une crise sanitaire mondiale s’est transformée en cash machine pour Nintendo qui a eu la chance de proposer au moment parfait le jeu parfait pour les dizaines de millions de joueurs enfermés chez eux, à tel point qu’Animal Crossing New Horizon est la deuxième meilleure vente sur la console avec presque 48 millions de copies écoulées. Une réussite insolente.
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