Le débat avait fait rage à l’époque de portages à destination de la PlayStation 5 dont le titre était augmenté de la mention « Director’s Cut » pour laisser penser que les jeux étaient autre chose que des portages PlayStation 4 sur la, alors, nouvelle console de Sony. C’est ainsi que parmi les premières sorties notables de la PS5, on eut droit à un Death Stranding Director’s Cut, ainsi qu’à un Ghost of Tsushima Director’s Cut, qui n’avaient rien de director’s cut.
Rappelons que l’expression vient du cinéma, et désigne une nouvelle version d’un film, dont le montage (« cut ») est plus fidèle à la vision du réalisateur (« director ») que lors d’une première exploitation, où le film subit les exigences des studios. Parmi les plus célèbre director’s cut, on trouve évidemment le Blade Runner de 1992 ou encore le Snyder Cut du film Justice League de 2017 (ressorti en 2021).
On pourrait imaginer qu’un jeu subisse les pressions de son éditeur par exemple pour faciliter certains passages « exigeants », pour supprimer tel ou tel aspect (gore…), ou au contraire pour ajouter au forceps des éléments que le studio ne souhaitait pas implémenter (un peu d’action pour le trailer…). Un « Director’s Cut » pourrait alors venir proposer ensuite aux joueur le jeu tel qu’il était imaginé à l’origine par le studio, purgé des éléments imposés par l’éditeur.
Sauf qu’aucun titre portant la mention n’a jamais été dans cette situation. Kojima lui-même a déclaré n’être pas fan de l’appellation « Director’s Cut »…
Le line up de sortie de la Switch 2 fait un peu peine à voir. Un nouveau Mario Kart en guise de flagship, un Donkey Kong très « démo technique » mais qui ne semble pas retourner la table, et un FromSoftware (quand même). En dehors de ça, des portages et des ressorties. Alors il fallait bien emballer le tout pour essayer de provoquer un semblant d’enthousiasme.
Et c’est ainsi qu’une nouvelle édition de Yakuza 0 (par ailleurs excellent jeu, et l’un des meilleurs épisodes de la saga) ressort sur Switch 2 affublée de la dite mention. Cependant, comble du cynisme, le « director » du jeu, Toshihiro Nagoshi a quitté SEGA et Ryu Ga Gotoku Studios voilà maintenant quatre ans pour fonder sa propre structure, et n’a vraisemblablement rien à voir avec ce portage. Voilà donc un « Director’s Cut » fait sans le réalisateur ! L’appellation pourrait-elle être plus vide de sens ?
SEGA aurait pu qualifier le jeu de « Portable » (comme le Persona 3 sur PSP), de version « Augmentée » (« Enhanced »), ou encore de « Switch 2 Edition », parmi une foule d’autres possibilités. En choisissant d’usurper l’appellation « Director’s Cut », l’éditeur pense peut être se rapprocher d’une forme de noblesse que possède le cinéma, et que le jeu vidéo a des difficultés à atteindre ? Mais ce faisant, il met surtout en avant de manière contre-productive un ressort marketing qui n’échappera à personne, poussant le curseur vers la position « industrie », et l’éloignant d’autant de la position « art ».
Avec un prix de lancement qui fait grincer des dents, son mode d’emploi interactif payant, ou encore un line up décevant, Nintendo et la Switch 2 ont d’autres urgences à régler. N’empêche, voilà un nouvel élément qui s’ajoute à la litanie des motifs de grogne accompagnant ce pré-lancement de la console…
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Poulet