D’un côté, « plus c’est long, plus c’est bon », de l’autre « les plus courts sont les meilleurs ». Deux expressions en forme de proverbe qui résument un épiphénomène qu’on a pu observer autour de la sortie de Storyteller, puzzle game malin et original signé de l’Argentin Daniel Benmergui, déjà lauréat de deux prix Nuovo aux Independant Game Festival Awards.
Le fait est que le jeu est court. Le terminer prendra environ 4h, un peu moins si vous êtes doué (certains le finissent en deux heures), un peu plus si les puzzles vous résistent. Et c’est là que le bât blesse : d’aucuns le trouvent trop court, essentiellement au regard de son prix (une douzaine d’euros). Est-ce que le concept, fun et original, justifie le prix ? Est-ce que la D.A., très réussie, justifie le prix ? Est-ce que l’expérience générale et le sentiment que l’on en garde justifient le prix ? À toutes ces questions, on répondra un grand oui, et même, à bien y regarder, on trouve que le jeu n’est vraiment pas cher !
Mais non, c’est la durée de vie, et elle seule, qui semble cristalliser les critiques. Étonnamment, c’est une critique qu’on n’entend pas au sujet de Resident Evil 4, dont la durée de vie tourne autour de quinze ou seize heures pour un prix affiché à 60€. Une rapide règle de trois montre pourtant une certaine équivalence entre les prix rapportés aux temps de jeu dans chacun des titres (voire un prix à la minute un peu plus élevé pour RE4 !). C’est probablement qu’il y a une « limite » qui semble problématique pour certains.

Pourtant, les jeux courts viennent compléter une offre de jeux déjà riche, et représentent une option tout à fait bienvenue. Nous n’avons pas tous soixante ou quatre-vingts heures à consacrer à un jeu. C’est une très bonne chose qu’il y ait des titres qui réussissent à nous tenir en haleine aussi longtemps (voire plus, coucou Persona !), mais c’est aussi une bonne nouvelle que de pouvoir démarrer un jeu un samedi après-midi, tout en sachant qu’on en verra le bout avant la fin du week-end ! Et puis, l’histoire a montré que la durée de vie d’un jeu n’avait pas grand-chose à voir avec sa qualité, ni avec les traces qu’il laisse. Citons pêle-mêle Journey, Limbo et Inside, ou The Stanley Parable. Chacun de ces titres se complète en plus ou moins deux heures, et s’est inscrit profondément dans l’histoire du jeu vidéo et dans la mémoire des joueurs.
Enfin, et c’est un argument développé par Daniel Benmergui, le développeur de Storyteller lui-même, le jeu est aussi à destination de ceux qui ne jouent pas, ou qui jouent moins. Un public moins à l’aise avec les mécaniques du puzzle game, qui prendra peut-être un peu plus son temps, mais aussi un public qui n’aura pas l’habitude, ni la volonté, de rester scotché devant un jeu pendant des heures. Proposer un format plus court peut aussi faire venir au jeu vidéo toute une partie du public qui s’y refuse par manque de temps, ou simplement parce qu’ils n’ont pas envie d’y rester collé pendant des heures et des heures !
On retiendra quand même que si les chouineurs trouvent le jeu trop court, c’est qu’ils auraient aimé y jouer plus longtemps. Et donc que le jeu est bon. CQFD. Un compliment en forme de critique, en somme ! Dans le même ordre d’idée, quand on trouve qu’un jeu est « trop long » (et ça arrive souvent !), c’est qu’on s’y ennuie un peu. Et comme en amour, on préfèrera un jeu court qui tient sur toute sa longueur, qu’une aventure bancale qui fait durer les choses artificiellement.
Bonne nouvelle pour tout le monde : une étiquette présente au dos du livre de Storyteller, visible par ceux qui sont allés au bout du jeu, mentionne « Storyteller Tome 1 »… On a donc un bon espoir de voir arriver un Tome 2, et donc du contenu supplémentaire venant allonger cette durée de vie à l’origine des disputes !
Dying Light 2, Horizon Forbidden West ? – Gloire aux jeux courts !
Critique Moss: Book II – L’expérience VR renouvelée ?
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Alors perso non, je ne suis pas d’accord avec ce qui est dis dans cet article. Bon alors déjà si je joue sur les chiffres autant que toi je peux dire que pour un jeu qui coute 16 € (son prix réel est de 14, pas de 12 comme tu le prétends) et qui se finit en 2h ca fait cher. Mais ce n’est pas non plus les seuls choses qui lui sont reprochés, déjà avec la suppressions des niveaux du tutoriels (donc la majorité sont de l’avis général meilleurs que ceux publié sur le jeu). Il y a aussi 90% des personnages qui étaient teasé à la fin de la demo qui n’en font pas partie (entre autre des pirates, marchants, nobles, paysants, divers monstres…). Et enfin on peut se demander : Ils ont fait quoi pendant 1an et demi (date de sortie de la demo) ? Car bon pour toute la durée écoulée désolé mais je vois pas à quoi ils ont passé leurs temps pour juste sortir une cinquantaine de niveaux alors que tout le moteur du jeu et son fonctionnement était déjà codé avant.
Et enfin… le jeu est il si bon que ca? Certe je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est mauvais mais c’est juste un petit jeu proposant des énigmes très faciles (bon, au moins le jeu joue la carte de l’accessibilité car meme un enfant de 6ans peut les réussir) mais à aucun moment le jeu n’a de continuité entre les énigmes, ce qui est un peu un soucis pour un jeu se nommant StoryTeller
Bonjour,
Et merci de votre commentaire. Il est vrai que j’ai lu beaucoup de réactions de gens qui avaient joué à la démo, et sont déçu de cette version finale. Ce que je peux comprendre, mais c’est un autre débat que celui de la qualité intrinsèque du jeu, de ses mécaniques, ou des reproches qui lui sont fait sur la longueur. Quant à savoir ce qu’avait fait le développeur entre la sortie de la démo et celle du jeu, il faut savoir que c’est un titre développé par un seul homme, et que ce dernier a tout mis dans le projet, et s’est retrouvé à un moment à sec, financièrement parlant. J’imagine qu’il a dû prendre un job plus classique à un moment, ce qui a pu l’éloigner du développement de Storyteller…
Enfin, à sa sortie, le jeu coûtait bien une douzaine d’Euros sur Steam, en promo pour sa première semaine d’exploitation, et les premiers ouins-ouins trouvant le jeu trop court l’avaient donc payé ce prix là !
Je vous rejoins cependant sur le bonus non négligeable qu’aurait apporté le fait de lier les histoires entre-elles… Et le « Tome 1 » qu’on aperçoit à la fin du jeu nous laisse espérer que les niveaux de la démo absent du jeu final pourraient être de la partie pour un éventuel Tome 2 ?
La comparaison avec Resident Evil 4 est bancale : y a une vraie rejouabilité pour RE. Storyteller n’en présente aucune. Ceci dit je suis tout à fait d’accord qu’estimer l’intérêt d’un jeu au ratio durée de vie / prix est assez risible.
Bonjour,
Et merci de participer à la discussion ! C’est vrai que la comparaison était un peu provocatrice, mais je soulignait surtout le fait que le rapport entre durée de vie et prix n’est jamais mentionnée que pour les jeux « courts » (et j’ai d’ailleurs pu le faire moi-même !). Cela dit, la rejouabilité est une notion très personnelle. Quelqu’un qui joue pour la découverte (du scénario, des personnages, des environnements…) n’y reviendra pas forcément, quand bien même un mode New Game + serait présent. D’autres, en revanche, sont sensibles au scoring, au fait de se frotter à la difficulté maximale, au speedrun…