Square Enix nous rappelle que notre époque est définitivement marquée par la séparation du consommateur et de l’objet. Il est évident que les supports physiques sont en déclin, comme en témoigne l’arrêt progressif de la production de Blu-ray, encouragé par la prolifération des plateformes de streaming qui prélèvent 5, 10, 15 ou 20 euros par mois en échange d’un catalogue parfois discutable, ou encore par l’essor d’applications de lecture en ligne comme MANGA Plus et la popularité croissante des webtoons.
C’est ainsi que Final Fantasy Crystal Chronicles a été retiré de l’écosystème Apple de manière définitive. Par le biais d’un communiqué, Square Enix informe qu’un remboursement est possible jusqu’au 31 août 2025, sous réserve d’un achat effectué au plus tôt en janvier 2024 et à condition de passer par le support d’Apple.
Si Square Enix présente des excuses pour avoir retiré le jeu, la raison avancée reste pour le moins discutable : un bug lié à la modification du modèle d’achat in-app serait, semble-t-il, impossible à corriger. Difficile de ne pas se poser des questions d’éthique élémentaires : n’existait-il réellement aucune solution viable, ou cette décision reflète-t-elle simplement la volonté du groupe d’abandonner le titre à moindre coût ? Compte-t-il sur la passivité des consommateurs, peu enclins à réclamer un remboursement, pour partir avec un petit pactole en toute discrétion ? Vous pourriez légitimement protester en suggérant de simplement supprimer les achats in-app, s’ils posent problème.
Cependant, vous l’aurez vite compris : la version complète du jeu fait partie de ces achats in-app. Pratique courante du jeu sur téléphone, un téléchargement gratuit qui « force » le consommateur à passer à la caisse pour avancer passé un certain stade. Si, dans le fond, cette méthode est proche d’une démo disponible sur Steam ou d’une simple preview du jeu, ici elle concerne toute l’application et bloque donc le jeu dans sa globalité.
La firme de Gabe Newell nous rappelait récemment qu’un utilisateur qui dépense son argent n’achète en réalité qu’une licence, et qu’un compte sur la plateforme de Valve n’a légalement aucun propriétaire en cas de décès. Les modèles d’abonnement se multiplient dans l’industrie du jeu vidéo (Game Pass, PS Plus), ajoutez à cela des boîtes de jeu contenant de plus en plus souvent de simples codes d’activation : nos jeux vidéo ne nous appartiennent plus vraiment.
Faut-il brandir la fourche et allumer les torches, ou simplement se résigner à l’idée que nos jeux n’ont plus leur place sur une étagère ? Peut-être qu’à défaut de cautionner des modèles économiques douteux, nous pouvons accepter qu’un jeu laissé à l’abandon depuis des mois disparaisse de notre collection. Peut-être aussi qu’en voyant des entreprises comme Square Enix effacer irrémédiablement une œuvre, on y réfléchira à deux fois avant de passer à la caisse pour « louer » un jeu susceptible de disparaître du jour au lendemain.
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