« Make FPS Great Again. » C’est avec cette casquette sur la tête que Ian Proulx, CEO de 1047 Games, est monté sur scène lors du dernier Summer Game Fest. Une parodie à peine voilée du célèbre slogan de Donald Trump, portée comme un « meme marketing » assumé, censée attirer l’attention au moment d’annoncer la sortie surprise d’un mode battle royale pour Splitgate 2. Sauf que quand on joue avec des symboles, on déclenche autre chose que du buzz.
Pour le CEO de 1047 Games, la casquette est l’expression d’un ras-le-bol face à un genre FPS devenu stérile, citant le sempiternel Call of Duty qui sort annuellement. Une critique légitime, que beaucoup partagent, mais qui s’habille ici d’un accoutrement aux connotations racistes, nationalistes, et profondément divisives.
D’autant plus déplacé que la présentation avait lieu à Los Angeles, alors même que la Garde nationale venait d’y être déployée sur ordre de Trump. La ville étant depuis secouée par des manifestations contre les rafles migratoires et la brutalité policière, donnant à cette casquette une saveur particulièrement violente.
Marketing sans boussole, excuses sans fond
Quelques jours plus tard, Ian Proulx a fini par s’excuser. Pas pour avoir attisé la haine avec une référence politique détournée, mais pour avoir divisé la communauté, d’après ses mots. Du damage control, mais qui dit tout d’un marketing décomplexé, où la radicalité se joue en surface, et toujours sous contrôle.
No excuses, I’m sorry. pic.twitter.com/4dgOxrSXUJ
— Splitgate 2 (@Splitgate) June 10, 2025
Dans la même vidéo où il s’excuse, il explique également le lancement d’un bundle à 80 € sur la boutique du jeu, qui a provoqué un tollé médiatique. Pour justifier cette bourde, il n’hésite pas à pointer du doigt un ancien employé ayant travaillé sur Call of Duty, qui aurait « imposé une stratégie de monétisation trop agressive ».
Peut-être que cette vilaine excuse aurait pu passer si, dans une AMA (Ask Me Anything) sur Reddit, Proulx ne reconnaissait pas qu’il n’était pas au courant. La faute à la transition d’équipe, paraît-il.
« Ce n’était absolument pas notre intention que cela soit perçu de manière politique. Et je ne suis pas idiot : je savais évidemment qu’il y aurait un certain niveau de controverse. » – Ian Proulx (traduit par l’équipe)
Ce moment de confusion et de fuite de responsabilités illustre bien les contradictions des intentions de Splitgate 2. Un jeu qui se veut nostalgique mais lance son propre battle royale, et qui critique les pratiques d’Activision, tout en reproduisant les mêmes dérives tarifaires.
La casquette « Make FPS Great Again », même brandie au second degré, n’est en aucun cas neutre. C’est une récupération dangereuse, d’une esthétique profondément réactionnaire et conservatrice. Le clin d’œil ironique et innocent n’existe pas quand il est amplifié par un micro devant plusieurs millions de spectateurs.
Le slogan ne parle pas du genre FPS, il parle d’un fantasme de retour à un passé mythifié, viriliste, codé pour les mecs blancs nostalgiques d’une époque révolue, où le jeu vidéo, autant dans sa conception que dans sa pratique, était beaucoup moins inclusif, varié et accessible à tous.
Splitgate 2 devient alors le symptôme d’un double échec : celui de ne pas comprendre que la politique est partout, et celui de croire que le fun suffit à couvrir l’odeur du cynisme. Et pendant ce temps, Ian Proulx joue la carte de l’idiot, celui qui ne voulait pas diviser, comme si l’ignorance feinte pouvait suffire à masquer la complaisance.
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