Douze ans après ses dernières aventures en solo et quelques (maigres) apparitions chez les Ghosts dans Wildlands et Breakpoint, le célèbre espion aux lunettes de vision nocturne Sam Fisher est de retour sur Netflix via une série d’animation intitulée Splinter Cell: Deathwatch. À la barre du projet, Derek Kolstad accompagné d’une équipe bien de chez nous avec les réalisateurs Guillaume Dousse et Félicien Colmet-Daage. Suite à l’échec de la tentative de transposition de l’univers Splinter Cell sur grand écran (avec un Tom Hardy autrefois pressenti), Ubisoft s’est rapproché du géant Netflix pour tenter de donner vie à l’une de ses sagas les plus appréciées.
Alors retour réussi pour le héros de la NSA ? Ubisoft a-t-il trouvé le bon filon de l’adaptation avec l’univers de l’animation ?
Le (presque) repos du guerrier
Après avoir triomphé de Majid Sadiq et des ingénieurs dans Splinter Cell: Blacklist, Sam Fisher coule des jours paisibles dans une petite ferme abandonnée dans la campagne polonaise. En compagnie de son adorable chienne Kaiju, Sam profite d’une retraite bien méritée loin des complots et autres intrigues géopolitiques explosives. Pendant que Fisher nourrit paisiblement ses vaches, Anna Grimsdottir commande les opérations d’échelon 4 partout autour du globe. C’est lors d’une de ces fameuses missions que l’agent McKenna découvre qu’un complot à échelle indéterminée se cache derrière le sommet de la COP31. La mission en cours étant un échec cuisant, elle n’a d’autre choix que la fuite pour se retrouver devant le vieux briscard de Sam Fisher.
En enquêtant, Sam va très vite découvrir que la menace à laquelle il va devoir faire face est directement issue de son passé. Dans Splinter Cell: Pandora Tomorrow, Sam pouvait compter sur Douglas Shetland pour surveiller ses arrières jusqu’à ce que ce dernier ne le trahisse et force Sam à l’abattre. Aujourd’hui, il se trouve que la fille de Douglas, Diana, a repris les rênes de l’entreprise paternelle et tente de stopper les investigations d’échelon 4 et des Splinter. Tout au long des huit épisodes qui composent la série, Sam va devoir reprendre les armes pour protéger l’agent McKenna et faire la lumière sur cette menace venue de son passé.
Une équipe créative qui rend un bel hommage à l’espion
Derrière Splinter Cell: Deathwatch, se cachent plusieurs noms et pas des moindres. Derek Kolstad, créateur et scénariste des sagas John Wick et Nobody, porte les mêmes casquettes sur le projet de cette suite de la saga Splinter Cell d’Ubisoft. Kolstad sur Splinter Cell sonne presque comme une évidence. En allant puiser son inspiration chez des créateurs tels que Michael Mann (difficile de ne pas penser à Collatéral ou Hacker devant Deathwatch) ou encore Jonathan Nolan (le créateur de Person of Interest), le père de John Wick arrive parfaitement à capter l’idée de techno-thriller chère à Tom Clancy. En y insufflant la juste dose d’action musclée et froide, Derek Kolstad poursuit le travail commencé par Richard Dansky sur les opus Conviction et Blacklist.
Deathwatch étant une série d’animation, nous étions en droit d’attendre de la part d’Ubisoft et de ses collaborateurs une démonstration artistique collant à l’esprit froid et désespéré des jeux vidéo. Ce sont les studios d’animation Sun Creature et Fost, appuyés par les réalisateur Guillaume Dousse et Félicien Colmet-Daage, qui ont donc été choisi pour transposer à l’écran les aventures de Sam Fisher.
Les deux réalisateurs français ne sont pas étrangers au monde de l’animation, Dousse ayant travaillé sur la série anthologique Love, Death & Robots et Colmet-Daage sur l’incroyable adaptation du Sommet des Dieux. Le duo s’est adjoint les services de Sun Creature, un studio danois spécialisé dans l’animation de court et moyen métrages et ayant également œuvré sur un épisode de Love, Death & Robots. Et aussi ceux de Fost, studio français responsable du petit chef-d’œuvre Le grand méchant renard et autres contes… et aussi du Sommet des Dieux. En conservant une identité visuelle simple et aux volumes et formes très anguleux, Splinter Cell: Deathwatch possède quelque chose de très froid et dur collant à merveille à l’univers des espions aux lunettes vertes.
Les scènes d’action sont très stylisées et la force des combats mêlée aux chorégraphies réglées de manière chirurgicale font, bien évidemment, penser à la saga John Wick mais également à Kingsman et autres Jason Bourne. Terminé l’infiltration rigoureuse chère aux premiers opus de la saga, ici les protagonistes agissent comme des panthères bien plus proches des styles de jeu de Conviction et Blacklist.
Une bonne série, mais une bonne adaptation ?
Dans Splinter Cell: Deathwatch, Sam Fisher est un vieux loup. Un chasseur d’un autre temps, dépassé par un monde qui évolue trop vite. Même si Sam était souvent accompagné de gadgets derniers cris dans ses aventures, il restait un tacticien hors-pair formé à la dure et par une hiérarchie attachée à l’art de la guerre du siècle dernier. En faisant la rencontre de McKenna, Fisher comprend que les Splinter Cell d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Tout est très (trop) rapide, violent et la réelle confrontation ne se joue plus sur le terrain mais sur des écrans. Grimsdottir s’est acclimatée à cette nouvelle tendance, ayant trop peur de disparaître dans une masse informe. Sam, quant à lui, est plus lucide. Son gouvernement l’ayant trahi et laissé tombé à de nombreuses reprises, et le monde évoluant presque exclusivement dans des guerres fantoches, la retraite était donc la meilleure option.
En respectant ce crédo, celui d’un personnage vieux de plus de 23 ans, Derek Kolstad transpose à merveille l’univers de Splinter Cell sur le petit écran. La série est un savant mélange d’enquête, d’action et de relation entre les personnages qui donne corps et surtout crédibilité à un univers pas si éloigné du nôtre.
Splinter Cell: Deathwatch est l’adaptation que tous les fans de la saga attendaient. Respectueuse de l’univers qu’elle dépeint, la série de Kolstad, Dousse et Colmet-Daage réussit l’exploit encore trop rarement atteint : porter à l’écran de manière fidèle un jeu vidéo en conservant ce qui fait la force de l’œuvre, mais en innovant pour proposer quelque chose d’original et de personnel. Espérons qu’il en soit de même avec la seconde saison déjà officialisée et la future série Netflix Assassin’s Creed, car peut-être que le futur Eden des bonnes adaptations se trouve sur le petit écran.
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