Il n’y a pas bien longtemps que la grève qui a marqué Hollywood a pris fin. Cette dernière opposait les acteurs et scénaristes américains aux studios de production et aux plateformes qui, en plus de sous-payer ses « petites mains », souhaitaient autant que possible les remplacer par l’IA. Cette grève, massive et historique, a permis aux travailleurs du secteur d’obtenir plus de droits, même si quelques points laissent encore à désirer, notamment par rapport à l’utilisation de l’IA.
Les grévistes étaient représentés (entre autres) par la SAG-AFTRA, le syndicat derrière les acteurs et doubleurs américains. Comme rarement, cette coalition s’était battue pour défendre les droits de ses membres et seul l’avenir nous dira ce que ces négociations ont pu permettre afin de ralentir l’utilisation excessive de l’IA. Une lutte honorable qui rend d’autant plus incompréhensible la décision que le syndicat a prise le 10 janvier, à savoir signer un accord avec l’entreprise Replica.
La compagnie a pour mission de proposer, comme son nom l’indique, des répliques de voix digitales grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle. L’accord en question permet à Replica de travailler avec les doubleurs syndiqués de la SAG-AFTRA dans le cadre d’une collaboration « juste et éthique ». Qu’est-ce que cela signifie ? Tout simplement que les doubleurs du secteur du jeu vidéo qui le souhaitent peuvent travailler avec Replica dans un cadre surveillé et réglementé par le syndicat lui-même, afin de s’assurer du consentement des intéressés de l’usage fait de leur voix répliquée.
Une bonne nouvelle ? Après tout, l’IA progresse, que nous le voulions ou non. Pour protéger efficacement le droit des doubleurs, ne vaut-il mieux pas, comme la SAG-AFTRA, opter pour la sécurité et apprendre à travailler avec ces nouveaux outils ? Nous n’en sommes pas certains…
Cet accord ouvre la voie à une croissance plus rapide encore de l’apparition de l’IA dans des œuvres, nous le rappelons, censément faites par des humains, pour des humains. Jamais une IA ne pourra créer du contenu original, spontané et inventif comme un humain est capable de le faire, car comme indiqué ci-dessus, il ne s’agit que de répliques. Qui plus est, même si les doubleurs doivent être rémunérés pour l’utilisation de ces voix digitales, nous ne pouvons que constater que la porte est désormais ouverte à de nouvelles négociations qui brigueront ces droits. L’industrie, par envie de plus de confort et de rentabilité, tentera toujours de trouver des petites failles économiques.
Nous ne croyons pas en des studios qui défendent leurs doubleurs, déjà précaires, et nous croyons encore moins en une IA qui permette la production d’œuvres intéressantes. Cet accord est une erreur et nous ne sommes pas les seuls à la relever. De nombreux doubleurs et doubleuses du secteur ont haussé le ton sur les réseaux sociaux, contre la SAG-AFTRA, ne se reconnaissant pas dans cette décision.
Précisons que le syndicat indique dans son communiqué que ses membres, dont de nombreux doubleurs, étaient assis à la table des négociations. Peut-être, et pourtant, ils ne peuvent en aucun cas représenter l’intégralité du milieu. Ces nombreuses voix qui ont résonné sur les réseaux en sont la preuve.
Ce qu’il est essentiel de comprendre ici, c’est que ce n’était pas à la SAG-AFTRA et à quelques doubleurs triés sur le volet de prendre cette décision majeure. Les intéressés ont-ils été concertés avant ? Non, bien évidemment. Sous couvert de vouloir protéger ses membres, le syndicat, non seulement, les précarise, mais en plus se les met à dos. Une tournure bien tragique au sein d’une industrie dont les acteurs ont désespérément besoin d’être mieux représentés.
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