Ces dernières années, l’actualité de notre société est rythmée par des scandales de harcèlement moral et sexuel dans le monde du travail. L’industrie du jeu vidéo n’est pas passée entre les mailles du filet, et des affaires de discrimination et de harcèlement sexuel ont touché les plus grandes entreprises, comme Activision-Blizzard ou Ubisoft. Ce dernier subit d’ailleurs un exode spectaculaire de ses talents qui ne se projettent pas professionnellement avec l’éditeur. Malheureusement, ce ne sont pas les seuls à être concernés par ce genre de faits, puisque c’est aussi le cas de l’éditeur de League of Legends, Riot Games.
En effet, l’entreprise a été poursuivie pour discrimination et harcèlement sexuel au sein de sa structure à la suite d’une plainte déposée en 2018 par deux anciennes employées. Riot avait expliqué vouloir corriger le tir et « construire un meilleur Riot ». C’est dans ce contexte que le PDG, Nicolo Laurent, qui aurait tenu des propos discriminants, a révélé le plan que l’éditeur allait suivre au cours des cinq prochaines années.
Il revient tout d’abord sur le succès de l’année 2021 pour l’éditeur avec notamment la sortie de la série Arcane sur Netflix basée sur l’univers de League of Legends qui a permis de mettre un coup de projecteur sur Riot Games et le catalogue de jeux que l’éditeur peut proposer.
L’objectif détaillé par Nicolo Laurent est de ne pas se reposer sur ses lauriers, de sortir de sa zone de confort, de ne surtout pas essayer de répéter une recette magique qui fait que tout ce que la société entreprend a du succès.
Il serait tentant de se reposer sur cette victoire et de s’en contenter. Jouer la prudence. Rincez et répétez. Le genre d’entreprise que les investisseurs aiment et que les joueurs détestent.
La problématique que le PDG de Riot Games souhaite mettre au centre des préoccupations de l’entreprise est le joueur. Il le dit lui-même, il souhaite que Riot Games soit « la société de jeux vidéo la plus centrée sur les joueurs au monde », mais pour cela, il faut débuter l’ascension du Mont Targon, la plus grande montagne de tout l’univers de Runeterra. Il s’agit bien évidemment d’une métaphore utilisée par Nicolo Laurent pour décrire le chemin parcouru et ce qu’il reste à parcourir pour l’entreprise.
Nous ne voulons pas être définis par les choses que nous fabriquons, nous voulons être définis par les personnes pour lesquelles nous les fabriquons.
Riot Games ne souhaite pas non plus être une entreprise de jeux, mais une entreprise de joueurs en proposant une expérience complète autour des différents jeux, que ce soit League of Legends ou Valorant pour ne citer qu’eux. L’éditeur compte sortir d’autres jeux tout en se concentrant sur d’autres projets enrichissant l’univers comme la saison 2 d’Arcane ou bien des groupes de musique comme K/DA.
Pour arriver à être « une entreprise de joueurs » où ces derniers sont au centre des préoccupations des développeurs, il faut passer par quelques ajustements. Le PDG souhaite donc retravailler la manière dont Riot Games fonctionne en passant par un nouveau modèle hybride de travail en présentiel et au domicile couplé à une réorganisation du travail pour le rendre plus opérationnel, plus simple, et pour offrir de bonnes conditions de travail aux employés. Cette volonté de bien-être au travail est renforcée par l’augmentation des salaires.
Riot Games propose également de commencer un nouveau chapitre et de tourner la page des scandales. Nicolo Laurent précise qu’évidemment, il ne s’agit pas d’effacer et d’ignorer les événements qui ont pu se passer, mais de justement apprendre de ces erreurs pour ne plus qu’elles se reproduisent et s’en nourrir pour construire un « meilleur Riot ».
Nicolo Laurent souhaite également renforcer et développer le système « Queue Dodge » qui est un programme qui permet à quiconque de se retirer de Riot au cours des six premiers mois de son contrat et de recevoir 25% de son salaire de base ainsi que trois mois d’avantages COBRA (qui couvrent les frais de santé) ainsi que l’intégralité de leurs primes, qu’ils quittent ou non avant la date à laquelle ces primes sont généralement versées. Ce programme permet à Riot Games de faciliter la transition vers une nouvelle étape dans la vie professionnelle de ses employés et s’inscrit, une fois de plus, dans une logique de bien-être au travail.
Une véritable volonté d’améliorer les conditions de travail de ses employés, donc. Vraiment ? On note quand même que rien ne semble avoir été imaginé pour lutter contre le phénomène de « boys club », très pesant dans l’univers du jeu vidéo et particulièrement chez Riot, où les salariés masculins sont assez systématiquement préférés à leurs homologues féminins quand il s’agit de se voir promus, ainsi que l’avait montré une longue enquête de Kotaku en 2018. On peut s’interroger aussi sur le fait que ce plan d’action soit présenté par Nicolo Laurent, lui-même accusé de harcèlement et de sexisme. Au final, on peut se demander si le véritable objectif de Riot n’est pas ici de se rendre plus « compétitif » dans la chasse aux développeurs, tant la bataille entre les studios pour attirer les talents est devenue rude. Devenir plus compétitif plutôt que de devenir plus inclusif, voilà qui colle mieux à l’image de la société, qui avait accepté de payer 10 millions de dollars en 2019 pour éviter d’aller jusqu’à un procès qui devait réunir un millier de plaignantes…
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