Rétro (mais pas trop), c’est la chronique qui rebondit sur l’actualité pour revenir en arrière et évoquer l’histoire d’un jeu vidéo, ou du jeu vidéo. Avec ce numéro, on profite de la prochaine sortie de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom pour revenir dans le temps et comprendre les destinées diverses des différentes suites au sein de la saga de Nintendo.
« Avec Nintendo, c’est toujours les mêmes jeux, toujours la même chose. » Voilà une rengaine qu’on a maintes fois entendue. Si on peut concéder qu’effectivement, la firme de Kyoto recycle sans vergogne la plupart de ses anciennes gloires, il est une série qui ne s’est jamais réellement reposée sur ses acquis. Alors quand, à la suite de la présentation de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, on entend à nouveau cette musique, qualifiant le prochain titre de Nintendo de « DLC de luxe » à Breath of the Wild, on en est venu à se demander si, compte tenu de l’historique de la saga, cette peur était vraiment justifiée.
À l’échelle de la série, chaque nouvel épisode tente de s’écarter de son prédécesseur. Zelda II: Adventure of Link a beau être la suite directe du premier opus de la série, son approche était totalement différente. Néanmoins, cette aventure datant d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, il ne serait pas très juste de s’en servir comme base de réflexion. Il y a cependant une autre suite qui pourrait faire mentir cette envie d’évolution permanente pour la légende. Il s’agit bien entendu du diptyque Ocarina of Time – Majora’s Mask, ce dernier lui faisant quasiment directement suite.
Sorti seulement deux années après son illustre aîné, Majora’s Mask réutilisait un maximum d’éléments d’Ocarina of Time afin d’optimiser le développement. Un développement très court donc qui n’a pourtant pas empêché le titre de proposer un nombre incalculable d’idées, souvent excellentes, qui ont réussi à le démarquer de sa préquelle. Est-il aujourd’hui considéré comme un ersatz d’Ocarina of Time ? Non, c’est même tout le contraire.
Et c’est là qu’on commence à mettre le doigt sur le point qui nous semble le plus important. Bien au-delà des considérations techniques ou visuelles, ce qui a évité à Majora’s Mask cette image de suite au rabais et qui pourrait éviter à Tears of the Kingdom un statut de DLC Premium, c’est l’identité du titre. Entendons-nous bien, si Ocarina of Time et Breath of the Wild ont été des révolutions pour toute une industrie à leurs sorties respectives, comme pour Majora’s Mask, on n’imagine pas que Tears of the Kingdom puisse reproduire le phénomène. Mais est-ce vraiment ce que l’on attend de lui ?
Toutefois, il convient aussi de se souvenir des deux suites à l’exceptionnel Wind Waker : Phantom Hourglass et Spirit Tracks. Se déroulant dans le même univers et adoptant une charte graphique identique, les deux titres sortis sur DS en 2007 et 2009, s’ils n’étaient pas mauvais, se sont révélés être des jeux finalement assez fades et aujourd’hui assez largement considérés comme des épisodes oubliables. On pourrait alors sans rougir accuser le support de jeu, trop faible pour une telle saga, ou les moyens alloués probablement restreints, mais nous préférons penser que ce relatif échec est à imputer au fait qu’ils ne reposaient finalement que sur quelques gimmicks, bien insuffisants pour leur offrir une véritable place dans la légende.
C’est donc selon nous sur ce qu’il va être plutôt que sur ce à quoi il ressemble que va se jouer l’accueil critique de la presse (et surtout des joueurs) de Tears of the Kingdom. Chez Nintendo, on place ses pions, on esquisse une nouvelle promesse, en forme d’aboutissement de sa révolution de 2017, et surtout, on garde jalousement moult secrets sur le titre, son intrigue, ses (probables) donjons ou ses enjeux. Sans doute que ce voile nimbé de mystères est aussi en partie à l’origine de cette peur d’un épisode 1.5 des joueurs, probablement aussi frustrés par le manque d’informations claires.
Si, selon nous, Tears of the Kingdom semble plutôt suivre la philosophie de développement de Majora’s Mask, avec des thèmes abordés qui paraissent plus adultes et sombres et des idées de gameplay qui changeraient drastiquement la vision du level design, il nous faut rester prudent quant à la qualité finale de ce nouvel opus. L’aura de Breath of the Wild est tellement forte que repasser derrière lui est déjà une grosse prise de risque en soi, un pari qui peut avoir de fâcheuses conséquences, mais qui peux aussi présenter de fructueux bénéfices. Alors selon vous, à quelques semaines de sa sortie, l’avenir de Tears of the Kingdom se présente-t-il comme plutôt fâcheux ou fructueux ?
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Al
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Barth