Sans bras ni jambes, mais toujours plein d’éclat, Rayman s’apprête enfin à sortir d’un long sommeil. Une récente offre d’emploi publiée par Ubisoft Milan a ravivé la flamme : le studio cherche des talents pour un « prestigieux AAA » estampillé Rayman. Une seconde annonce, dédiée au recrutement d’un game designer pour la licence, vient également confirmer ce frémissement : quelque chose se prépare.
En octobre dernier, Ubisoft surprenait déjà en affirmant qu’un projet Rayman entrait en « phase d’exploration ». Une rare transparence pour un éditeur plutôt coutumier du silence. Cette démarche discrète, amorcée par une petite équipe composée notamment d’anciens de Prince of Persia: The Lost Crown, ne promettait rien (si ce n’est la possibilité d’un retour). Désormais, il semble clair que l’exploration a convaincu : un nouveau Rayman entre en production.
Ce revival s’annonce donc comme un projet d’envergure, avec Ubisoft Milan aux commandes et Montpellier, berceau historique de la licence, en soutien. Les deux studios ont prouvé par le passé qu’ils savaient faire vibrer le cœur des joueurs, avec Valiant Hearts, Mario + Lapins Crétins, et bien sûr Rayman Legends, dernier volet en date, acclamé pour sa précision, sa musicalité et sa direction artistique.
Mais tout retour d’icône s’accompagne de son lot de questionnements. Le nom de Michel Ancel, créateur et père du personnage, a circulé l’an dernier comme consultant sur la phase initiale. Son départ d’Ubisoft en 2020, en pleine enquête interne pour comportements managériaux contestés, a laissé des traces. Si l’éditeur ne précise pas son implication actuelle, la question demeure : comment honorer l’héritage d’un créateur désormais controversé, dans une industrie qui cherche à conjuguer mémoire et responsabilité ?
Ce projet s’inscrit dans un mouvement plus vaste de réorganisation ; en effet, dans un souci de clarté et de recentrage, Ubisoft a dernièrement érigé une entité vouée à ses piliers commerciaux (Assassin’s Creed, Far Cry, Rainbow Six) dans l’espoir de restaurer cohérence et lisibilité. à son catalogue. Dans ce cadre, Rayman ne représente pas une priorité stratégique, mais peut-être un pari différent. Une tentative de renouer avec quelque chose de plus fondamental.
Car avec la mascotte historique d’Ubisoft, c’est un autre tempo. Celui d’un jeu de plateformes au rythme burlesque, d’un monde où la logique s’efface devant l’élan, l’humour et la musique. Ce n’est ni une licence à extensions annuelles, ni une vitrine technologique. C’est un terrain de jeu, un espace de liberté poétique.
C’est sans doute ici qu’il convient d’apaiser l’enthousiasme. Rayman reste une figure chère à toute une génération, mais c’est aussi un héros né il y a plus de trente ans. Son retour éventuel ne serait pas une rupture, mais plutôt un repli, un signe que l’industrie, face à ses doutes, cherche refuge dans son passé plutôt que d’oser l’inédit. Un phénomène touchant d’ailleurs également la plupart des milieux artistiques, comme on peut le voir au cinéma avec la prolifération des remakes et suites de franchises d’autrefois, et en musique, avec un retour obsessionnel aux sonorités des années 80, reflétant cette nostalgie.
Le signe que l’industrie cherche parfois dans son passé des solutions à ses doutes présents. Un réflexe compréhensible, mais révélateur : l’innovation passe-t-elle encore par la création de nouvelles icônes, ou uniquement par la résurrection des anciennes ?
Rien n’a encore filtré de concret. Pas de visuel, pas de teaser, pas même une silhouette en contre-jour. Mais il arrive que le simple écho d’un thème musical ou d’un niveau marquant suffise à raviver une attente. Rayman, en ce sens, reste un nom qui évoque, qui convoque.
Ubisoft paraît désormais disposé à redonner à Rayman la lumière des projecteurs, après des années d’absence ponctuées de simples apparitions furtives. Reste à savoir si le public saura encore répondre présent, et surtout si ce héros pourra encore offrir quelque chose de neuf et de captivant à raconter.
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