L’annonce a fait l’effet d’une lame froide sur le dos des joueurs américains, et une impression de déjà-vu pour nous, Européens : à compter du 21 août 2025, toutes les versions de la PlayStation 5 verront leur prix augmenter de 50 dollars. La version standard passera ainsi de 499,99 à 549,99 dollars, l’édition digitale de 449,99 à 499,99 dollars, et le modèle Pro franchira un seuil symbolique en atteignant 749,99 dollars.
Dans son communiqué, Sony invoque un contexte « économique difficile », une justification dont la lassitude commence à se faire sentir tant elle revient de manière cyclique. L’argument, certes valide au regard des soubresauts financiers et politiques qui agitent le marché mondial, n’en demeure pas moins l’expression d’une tendance qui ne se limite plus à un accident isolé. Là où autrefois une telle révision tarifaire semblait constituer un événement rare, souvent incongru, elle s’installe désormais comme une habitude, un jalon attendu dans la trajectoire des consoles de salon.
Une tendance globale qui dépasse Sony
Car ce n’est pas la première fois que la firme nippone prend cette décision. On s’en souvient, dès août 2022, la PlayStation 5 avait déjà vu son prix augmenter dans plusieurs régions du globe, à l’exception notable des États-Unis. Puis, en 2025, d’autres territoires furent à leur tour concernés. Aujourd’hui, l’Amérique, jusque-là épargnée, rejoint le concert des hausses successives.
Ce phénomène n’est pas propre à Sony. Nintendo, il y a quelques semaines à peine, relevait le tarif de ses Switch, qu’il s’agisse du modèle classique, de la version OLED ou de la Lite. Derrière ces décisions, plane l’ombre pesante des politiques économiques américaines, et notamment des droits de douane impulsés par l’administration Trump, dont l’impact menace de gonfler le prix des consoles de près de 70 % selon certaines projections de la CTA.
Du loisir populaire au produit de luxe ?
Ainsi, l’augmentation du prix des consoles, naguère perçue comme une anomalie, se mue peu à peu en un horizon familier. Elle traduit à la fois la fragilité d’un secteur dépendant des chaînes de production mondialisées et la volonté des constructeurs de préserver leurs marges face à l’érosion monétaire. Mais au-delà des chiffres, elle soulève une question plus fondamentale : à quelle hauteur se situe désormais le seuil d’acceptabilité pour le joueur ?
Voir une machine de divertissement dépasser allègrement les 700 dollars, somme que l’on associait jadis aux machines élitistes ou aux configurations PC spécialisées, interroge grandement sur la place que le jeu vidéo entend occuper dans le paysage culturel contemporain. La console tend à rejoindre le rang des produits semi-luxueux, où l’acte d’achat s’accompagne d’une réflexion plus lourde, presque d’un engagement.
Ce glissement, s’il devait se poursuivre, pourrait redessiner le rapport entre industrie vidéoludique et public, accentuant la fracture entre ceux qui peuvent suivre le rythme imposé et ceux qui devront se contenter des générations passées, du cloud gaming ou d’alternatives plus économiques.
Le signe d’une profonde mutation pour l’industrie du jeu vidéo
L’augmentation du prix de la PlayStation 5 aux États-unis, territoire jusque là épargné, n’est donc pas seulement une nouvelle aride, perdue dans le flux quotidien. Elle incarne le signe tangible d’une mutation profonde, celle d’un loisir qui, happé par les aléas du marché mondial, voit s’effriter peu à peu son image d’accessibilité universelle. Et si cette hausse apparaît aujourd’hui comme une décision isolée, tout laisse à croire qu’elle n’est que la pièce la plus récente d’un puzzle qui, au fil des ans, compose le nouveau visage de l’industrie vidéoludique.
Car déjà, Sony évoque l’horizon d’une PlayStation 6, alors même que la cinquième génération peine encore à s’implanter pleinement dans les foyers. La transition entre PS4 et PS5, déjà singulièrement longue, pourrait bien annoncer un phénomène plus durable encore : une ère où chaque cycle se dilue dans le précédent, jusqu’à effacer la notion même de “génération”. Peut-être assistons-nous, à travers ces hausses successives et cette inertie de marché, au prélude de la fin des consoles telles que nous les avons toujours connues.
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Marco
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