Il y a des petits studios indépendants que l’on attend toujours au tournant et qui pourtant ne parviennent jamais à nous contenter pleinement. Camel 101 fait indéniablement partie de ces derniers, non pas parce que ses développeurs accouchent de mauvais jeux, mais bien parce qu’ils n’arrivent jamais à nous proposer une expérience qui sorte des sentiers battus et surprenne. Certes, niveau horreur, leur Syndrome était plutôt prenant, mais il n’apportait rien de bien original ni même de marquant. Alors voilà que nous arrive Those Who Remain, probablement leur titre du genre le plus ambitieux puisqu’il s’inspire en grande partie d’œuvres telles qu’Outlast ou Silent Hill, avec un petit côté Alan Wake pour ce qui est de l’impératif de la lumière.
Annoncé en janvier 2018, le jeu aura connu un développement compliqué du fait que Camel 101 est un studio minuscule à l’échelle de l’industrie et a dû probablement lutter pour réussir à rendre possible la sortie de ce Those Who Remain. Il n’empêche qu’il va enfin sortir après plus de deux ans d’attente et c’est au travers d’une démo longue d’une vingtaine de minutes que nous avons pu nous forger un premier avis sur cet objet horrifique. Alors, est-on enfin face au jeu de la consécration pour Camel 101 ? Rien n’est moins sûr…
Those Who Remain nous propose d’incarner une âme torturée, une de celles que l’on rencontre dans un bar noyant un chagrin passé, mais toujours présent, dans une bouteille de whisky. Une de celles qui courent après un bonheur diffus et fuyant, allant jusqu’à courir à sa perte. C’est ainsi que nous est présenté le personnage, comme l’un de ces archétypes littéraires que l’on croise dans les romans policiers d’époque et dont les écrivains d’aujourd’hui se targuent de ne plus traiter, bien que les personnages créés soient en tout point similaires. Sauf qu’ici, nous n’incarnons nullement l’un de ces vieux flics bourrus, mais un père de famille désabusé ayant vécu un drame qui paraît insurmontable.
Lors de l’une de ces soirées passées à boire comme un trou sans fond, nous recevons un message de notre amour déchu nous demandant de la rejoindre dans un motel situé aux abords de la ville de Dormont. Et c’est exactement à cet endroit que commence un nouveau cauchemar pour notre cher Edward Turner.
Stephen’s Twin Hill
Le petit motel n’avait rien d’accueillant et était plongé dans une étrange pénombre, d’une colorimétrie grisâtre et repoussante. Même les faisceaux de lumière émanant des diverses sources de lumière ne semblaient pas atténuer cette impression terne qui se dégageait des lieux. Le tout étant comme resté figé dans les années 50 ou 60, apportant un petit cachet rétro à une direction artistique qui s’avère bien meilleure que la réalisation technique globale datée et très loin des standards actuels. Même avec ce côté photoréaliste qu’aiment se donner les œuvres horrifiques ces dernières années, cela reste insuffisant. Cependant voilà, cela fonctionne aussi par certaines idées qui font mouche comme ces formes humanoïdes dont on ne distingue que les yeux brillant d’un argenté inquiétant dans la pénombre menaçante ou cet « autre endroit » plongé dans un voile bleuté et peuplé de créatures repoussantes.
Pour ce que l’on en a vu, Those Who Remain ne semble pas spécialement inspiré d’un autre jeu, mais il s’en dégage un petit côté Twin Peaks qui nous a bien plu. Dommage que la démo mise à disposition s’arrête avant notre arrivée dans Dormont et ne nous présente qu’un motel, une station-service et une petite ferme.
Mais on ne peut cependant pas s’empêcher d’y voir de nombreuses sources d’inspiration. Silent Hill notamment, pour le patelin désert hanté par des entités démoniaques, mais aussi de par cet univers alternatif dans lequel on peut pénétrer et qui nous permet de progresser en résolvant des énigmes. C’est dans cet endroit que notre héros sera aussi confronté à ses cauchemars intérieurs le renvoyant à son sombre passé. On y dénote aussi un petit côté Stranger Things sur les bords, alors que nous n’avons pu nous empêcher de penser aux Tommyknockers ou encore au Village des Damnés, deux bouquins de Stephen King qui semblent trouver écho ici. Ceci parce que dans la pénombre et où que l’on aille dans le jeu, en extérieur ou en intérieur, on trouve ces créatures aux yeux brillants, debout et attendant que l’on pénètre dans leur zone de confort pour nous choper.
Ils sont l’élément de peur numéro un et aident à la mise en place d’une atmosphère horrifique assez perturbante, car non commune aux autres jeux du genre. L’impression d’être toujours surveillé et en danger ne nous quitte jamais dès lors qu’ils apparaissent pour la première fois. S’installe alors une certaine appréhension à exécuter quelque mouvement que ce soit, même appuyer sur un interrupteur devient un calvaire tant on ne sait si ce dernier va éteindre la lumière sous laquelle on s’abrite ou en allumer une nouvelle nous ouvrant une voix sécurisée.
Service minimum
S’inspirant là du simple walking simulator, Those Who Remain ne brille pas par sa proposition de gameplay. On ne peut que courir et rien d’autre. Alors oui, on peut prendre et porter nombre d’objets inutiles et même les jeter avec violence, ce qui n’aide en rien face aux créatures des ombres, mais permet de résoudre quelques casse-têtes. Aussi, différents objets cruciaux comme des clés justement ou encore un pesticide qui nous a servi lors d’une énigme peuvent être ramassés et stockés pour une utilisation ultérieure. Point d’inventaire, une interaction automatique se crée lorsque l’on peut utiliser un outil et basta. Le jeu semble se résumer en une succession d’énigmes entrecoupées par un peu d’exploration et de fuite. Avec aussi quelques documents à trouver et lire pour en apprendre plus sur l’histoire au cours de notre progression.
Néanmoins, les entités qui nous poursuivent ne craignent qu’une chose, la lumière. Il faut alors jouer avec pour se créer un chemin, aussi petit soit-il, et pour éviter de se faire hacher menu par ces stalkers surnaturels qui ne cessent de nous observer où que l’on soit. Ils sont une force en attente dans ce que l’on ne voit, et ravivent une peur du noir ancrée dans notre moi d’enfance. Ils sont les croque-mitaines qui nous guettent et attendent le moindre faux pas de notre part pour nous sauter dessus. Entrer dans un environnement sombre et non éclairé est souvent synonyme de décès quasi obligatoire, on ne peut se défendre ou s’extirper d’une étreinte. Mais il arrive parfois que l’on perde juste un peu la tête, l’image devenant tourbillonnante, et regagner un endroit lumineux nous permet alors d’échapper à un destin funeste.
Au-delà de devoir éviter une mort horrible, il nous fallait donc aussi résoudre des énigmes. Si certaines se montraient très classiques, du type trouver une clé dans l’environnement pour ouvrir une porte, une autre était plus réfléchie. Cette dernière nous demandait de nous servir des phares d’une voiture pour nous dégager un accès.
Lorsque l’on essayait d’ouvrir cette dernière, nous ne pouvions tout simplement pas atteindre la portière, car une sorte de force nous en empêchait. Il fallait alors rejoindre via une porte l’autre endroit et dégager la voiture à l’état de carcasse en ces lieux d’une végétation abondante qui la recouvrait et, une fois revenu dans le vrai monde réel de la réalité véritable, on pouvait alors accéder à l’intérieur de l’auto. Ce genre de petites choses donnent une dimension autre à ce Those Who Remain et le rendent plus intéressant qu’il n’y paraît. Reste à voir ce que tout ceci donne sur une session de jeu de plusieurs heures, car en une demi-heure, il est dur de juger l’ensemble, même si cela s’avère à la fois aussi classique que prometteur.
Those Who Remain ne s’annonce pas mauvais du tout. Techniquement daté et au gameplay quelque peu éculé, il propose tout de même un principe de jeu efficace, tout en distillant une atmosphère pour le moins assez perturbante. S’inspirant d’un grand nombre d’œuvres aussi bien littéraires, cinématographiques que vidéoludiques, le titre de Camel 101 promet de jolis moments de frissons.
Reste que des doutes subsistent concernant sa proposition sur le long terme, et sur ce qu’il a à nous offrir dans sa globalité. On l’avoue, on ne sait trop quoi en penser pour le moment, le mieux est donc d’attendre une sortie complète du jeu pour le juger plus objectivement.
Those Who Remain se voit enfin offrir une date de sortie !
Riku
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