S’il y a un jeu qui a fait forte impression auprès des amateurs de souls-like, c’est bien ce Lies of P. Il faut dire qu’avec son esthétique clairement inspirée de Bloodborne, notamment, jointe à une réinterprétation très sombre de l’univers de Pinocchio (l’origine du P de Lies of P), le titre des Coréens de Neowiz Studio a su marquer les esprits dès sa première présentation. Alors, quand une démo a été annoncée durant le Summer Game Fest, il n’a pas fallu nous convaincre bien longtemps pour que l’on se lance corps et âme dans ses deux premiers chapitres. De quoi nous faire patienter et pardonner le report des aventures de notre pantin menteur, initialement prévues pour août, mais finalement décalées au 19 septembre prochain.
Que penser donc de nos premières armes sur Lies of P ? Lacunaire, le scénario à peine perceptible veut se la jouer à la FromSoftware. On est lâché là, dans la ville de Krat rappelant le Paris des années 1920 sans vraiment d’objectif clair. Accompagné d’un Jiminy Cricket réduit à l’état de luciole et guidé par une mystérieuse voix nous intimant d’accéder au grand hôtel de la ville, notre périple débute par le classique, mais toujours efficace choix de l’orientation de notre avatar. Sera-t-on puissant, agile ou équilibré ? Un choix qui n’en est pas vraiment un au final puisque c’est l’attribution de nos points d’expériences qui déterminera réellement nos forces et faiblesses.
On se met donc à explorer cette ville crasseuse dont la nuit sombre et humide renforce le côté lugubre de l’environnement. On s’attèle à occire nos premiers ennemis et on s’aperçoit alors d’une vérité simple, mais cruelle : n’est pas Bloodborne qui veut. Et si nous assénons cette violente pique, c’est notamment au regard de l’esquive qui, à notre sens, est actuellement le principal défaut du jeu. En effet, celle-ci demande un temps d’adaptation certain pour être apprivoisée, les mouvements de notre personnage sur un côté ou vers l’arrière étant à la fois plutôt lents, rigides et peu amples.
Rien de rédhibitoire en soi – encore que –, mais le décalage entre le dynamisme des attaques et déplacements ennemis et la mollesse de nos roulades reste particulièrement troublant. Heureusement, on est loin du désastre qu’était Steelrising sur ce point et in fine, nous les avons peu à peu mieux appréhendées et nos affrontements ont alors gagné en souplesse. Reste que l’on espère que le studio pourra se servir de ces quelques semaines de développement supplémentaires pour affiner le tout et rendre les esquives plus agréables.
Notre exploration à la recherche de notre créateur Geppetto nous amène alors à arpenter une ville très agréable à l’œil tant graphiquement qu’esthétiquement. La direction artistique notamment nous a particulièrement plu. Les teintes ternes sont certes très présentes, mais elles renforcent l’ambiance presque horrifique du monde dont la sublime architecture extérieure de certains immeubles n’a rien à envier à bon nombre de titres. Néanmoins l’ensemble est loin d’être monochrome et nous avons beaucoup apprécié la pointe de folie, parfois colorée, de certains espaces, leur offrant un cachet indéniable.
Ainsi, si notre « balade » dans l’univers de Lies of P s’est avérée plaisante, c’est au travers des combats que nous avons pris le plus de plaisir, et plus précisément en nous frottant aux premiers boss de l’intrigue. Pour ces chapitres d’introduction, nous avons été convaincus par les designs à la fois mécaniques et organiques de ces adversaires, avec une mention spéciale pour l’âne, ainsi que par leurs paterns, le boss de la fin de la démo nous ayant laissé une excellente impression.
Alors évidemment, Lies of P ne réinvente pas la roue. Il n’essaie même pas de la révolutionner en fait, piochant allègrement des mécaniques chez les cadors du genre avec par exemple Sekiro et son système de prothèse et la mise en avant du contre parfait à rythmer. Pourtant, ici et là, Lies of P distille sa propre lecture du genre. On pense par exemple aux fioles de potions qui, quand elles sont vides, se remplissent peu à peu au fil des coups assénés aux adversaires jusqu’à nous octroyer un précieux flacon de rab. Nul doute également que les éléments de personnalisation s’affineront après quelques heures supplémentaires, comme ces combinaisons entraperçues entre la lame et la garde de notre sabre, laissant imaginer une variété d’approches des combats plus qu’appréciable.
Nous sommes également curieux de connaître l’éventuel impact des différents mensonges que nous pourrions formuler, le thème étant à peine effleuré au cours de ces premiers chapitres de jeu. Bien utilisé et intégré à des mécaniques de gameplay ou de personnalisation (via l’arbre de compétences par exemple), le système pourrait offrir à Lies of P une tout autre dimension ludique et une rejouabilité certaine.
Dans les faits, malgré ses zones d’ombre et quelques défauts, principalement concernant l’esquive, qui a encore le temps d’être équilibrée, et le bestiaire général qui risque de vite tourner en rond s’il reste un peu trop accroché aux marionnettes (comme ce fut le cas, encore une fois, pour Steelrising), nous avons été happés par l’univers de Lies of P et avons pris un grand plaisir en découvrant un level design franchement prometteur. Cette généreuse démo, d’environ deux heures si on prend le temps de bien explorer, nous a laissés avec un très bon goût de « reviens-y ». Une excellente première impression donc qui ne demande qu’à se confirmer dès le 19 septembre 2023 sur les consoles PlayStation, Xbox et PC ainsi que sur le GamePass dès son jour de lancement.
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