Alors que l’industrie du jeu vidéo continue de traverser les sables mouvants d’une crise jusque-là inédite, Sony crée (un peu) la surprise cette semaine en annonçant la naissance d’un nouvel acteur sous bannière PlayStation Studios : Dark Outlaw Games.
Aux commandes de ce dix-huitième studio, un visage familier du secteur, Jason Blundell, connu pour avoir participé à la création de nombreux Call of Duty. Mais que prépare donc cette nouvelle structure ? Et pourquoi Sony lui accorde-t-il sa confiance malgré les incertitudes du marché ?
PlayStation poursuit donc logiquement son expansion en renforçant son portefeuille de studios internes. Contrairement aux rachats réalisés ces dernières années, cette nouvelle entité naît directement (ou presque) sous l’égide de PlayStation. Si les détails sur son premier projet restent confidentiels, ce choix démontre que Sony continue d’investir dans des talents pour diversifier son offre exclusive. Évidement, on est en droit de penser au regard du pédigrée de sa tête de pont, que le studio n’est pas pressenti pour développer des point and click narratifs…
Jason Blundell, figure emblématique de Treyarch, passionné de dystopie et de personnages à la morale trouble, a contribué à faire – entre autres – du mode Zombies une expérience perçue, encore aujourd’hui, comme une composante appréciée de la série Call of Duty. Ce passé a suffi à Sony pour lui confier une nouvelle unité, malgré l’issue décevante de son précédent projet.
Car Blundell n’est pas un inconnu chez PlayStation. Après avoir quitté Activision en 2020, il co-fonde Deviation Games, un studio indépendant déjà financé par Sony et présenté comme un pilier de la stratégie du constructeur. Pourtant, l’aventure tourne court : en mars 2024, Deviation Games ferme ses portes sans avoir sorti le moindre jeu.
Sony semble toutefois prêt à lui remettre les rênes de Dark Outlaw Games. Un geste qui souligne la confiance de l’éditeur en son expertise en matière de gameplay coopératif et narratif. Il est clair que la nouvelle direction de PlayStation a commencé, très tôt l’an passé et en coulisses, à procéder à de subtils ajustements et réalignements dans certaines de ses équipes créatives.
Aucune information officielle n’a filtré sur le projet en développement, mais l’historique de Blundell laisse inévitablement entrevoir certaines possibilités. Habitué à concevoir des expériences coopératives immersives, il pourrait travailler sur un titre mêlant action et narration, dans la lignée de ses réalisations passées. Évacuons l’éléphant du jeu service au milieu de la pièce et convenons que Sony, malgré ses échecs, ne peut se permettre de renoncer totalement à cette stratégie.
Alors pourquoi reparler de jeux service chez PlayStation ? Et bien, avant tout pour une question d’image. Sony ne veut plus apparaître comme le grand perdant du genre. Historiquement, l’éditeur a toujours veillé à soigner son profil et à éviter d’être en première ligne lors des échecs industriels.
Si Concord a été accueilli froidement, provoquant des hurlements d’animaux en détresse dans les couloirs du contrôle de gestion de chez Sony, et que plusieurs projets du genre ont déjà été annulés depuis, PlayStation cherche toujours néanmoins à se positionner comme un acteur crédible sur ce marché. Dark Outlaw Games est évidemment une tentative comme une autre de relancer cette ambition, tout en minimisant les risques en s’appuyant sur un vétéran du genre.
La prudence est donc assurément de mise. L’annonce de Dark Outlaw Games intrigue autant qu’elle questionne. Dans un contexte dans lequel l’industrie du jeu vidéo opère un repli stratégique sur quasiment tous les fronts, voir Sony ouvrir un nouveau studio relève presque de l’anomalie. Cependant, sur ces aspects, la firme veut toujours inverser cette stratégie de l’échiquier renversé où l’illusion de maîtrise et l’excès de confiance, lui ont coûté bien trop cher sur un plan tout autant financier que de crédibilité.
Une annonce exprimant à la fois une réaction résiliente et un instinct d’adaptation. Si Dark Outlaw Games se lance dans le jeu service, il devra rapidement démontrer sa valeur, sous peine de subir le même sort que d’autres avant lui. Un game over prématuré est toujours une possibilité et Sony, continuellement sous les projecteurs médiatiques de la sphère vidéo-ludique, en est à présent bien conscient et fera en sorte de ne plus se laisser piéger avant un moment. En somme, un complexe mécanisme d’auto-préservation.
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