Aujourd’hui, et surtout depuis la crise de la Covid-19 ayant propulsé la numérisation de la vie d’au moins une dizaine d’années en avant, il est normal de posséder une partie si ce n’est l’ensemble de sa bibliothèque de jeux, de films et de séries sous format numérique. Selon les cas, cette bibliothèque numérique peut être gardée chez vous dans un serveur personnel, comme un serveur Plex par exemple. Cependant, il est bien plus courant et simple pour une personne n’ayant pas de connaissance en informatique, ou simplement n’ayant ni l’envie ou le temps de mettre en place et maintenir ce genre de système, de dépendre des entreprises vendant ces produits.
Comme c’est le cas lorsque vous achetez un jeu sur le PlayStation Store ou le Microsoft Store, vous téléchargez le produit depuis le serveur de l’entreprise et vous pouvez le faire de nouveau autant que vous le voulez tant que les serveurs et le service sont en service et opérationnels.
Et c’est là que nous pouvons voir le problème du modèle : les produits achetés ne sont disponibles que tant que la société derrière les serveurs veut bien les mettre à disposition. C’est à cette réalité que sont confrontés certains clients PlayStation qui avaient acheté sur la plateforme des séries appartenant à la chaîne Discovery bientôt retirées, indépendamment du statut de possession des séries. PlayStation a prévenu du changement dans un mail sans vraiment d’explications, d’excuses ni de solutions de contournement ou de remboursement. Et ça ne passe pas très bien dans la communauté.
Disgusting behavior pic.twitter.com/qSTxzp82yL
— JayRock (@JAAY_ROCK_) December 1, 2023
Au total, plusieurs centaines de séries sont touchées. Et bien que PlayStation n’ait pas donné de justification claire quant à la raison de ces disparitions, il est suspecté que la source du problème est la fusion de Discovery avec Warner. Les changements légaux de ce type ont tendance à créer un moment de flottement dans lequel les accords en place sont à renégocier. Si cette hypothèse est correcte, il n’est pas impossible que les séries puissent revenir un jour.
Cette situation permet de nous poser toujours plus de questions sur ce qu’implique notre futur de plus en plus digitalisé. Des questions comme : que se passe-t-il quand une entreprise chez qui nous avons acheté les produits perd les droits de diffusion et/ou de distribution, à l’image de ce qu’il se passe aujourd’hui chez PlayStation ?
Mais aussi, que se passe-t-il dans vingt ans quand l’entreprise décide de fermer un vieux store alors que nous possédions des jeux dessus ? Nintendo, lors de la fermeture de ses stores pour la 3DS et la Wii U, a décidé de nous permettre de continuer à télécharger les jeux que nous possédions déjà, mais pour combien de temps ? Avec l’avènement de la connexion constante, il est courant que des jeux physiques ne possèdent qu’une partie minime du jeu réel et qu’il soit complété par une partie téléchargeable puis une multitude de mise à jour. Après avoir payé le jeu plein pot, que ce soit par le store ou en physique, quel sera le moyen de jouer à la version finale du jeu après la fin des serveurs ?
Autant de questions auxquelles il est urgent de répondre, à la fois pour les consommateurs qui méritent de garder l’accès à leur propriété que d’un point de vue de conservation de l’histoire du jeu vidéo. Les entreprises ont beaucoup de mal à agir dans ces directions, car elles impliquent souvent un coût. Il incombe donc à nos législateurs de prendre une décision pour l’industrie. La difficulté suivante étant qu’il est fort probable qu’ils soient déjà occupé à légiférer sur d’autres sujets dont les conséquences sont plus immédiates.
Il revient donc à nous, les joueurs, de prendre la parole et de nous faire entendre, à travers par exemple des associations de consommateurs qui pourront se faire entendre beaucoup plus que chacun de manière individuelle. De plus, elles seront toujours plus efficaces avec le nombre croissant de personnes qui les rejoignent.
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