Lorsque votre serviteur fréquentait encore les bancs de l’école (il y a donc un bon moment…), le monde était bien différent de celui d’aujourd’hui. Internet, les portables, les écrans plats partout… À mesure que les technologies ont envahi nos vies, tout s’est mis à aller plus vite. Finies les recherches dans un dico quand un mot manque, finis les trous de mémoire puisque Google et Wikipédia sont accessibles partout… Aujourd’hui, tout est plus simple, même choisir. Envie d’un nouveau jeu ? Si les indices sur la boîte ne suffisent pas, un passage sur le net pour voir ce que Metacritic en pense et votre nouvelle galette trouve sa place dans votre caddie (ou votre panier si vous achetez sur le net), c’est aussi simple que ça.
Ceci dit, tout le monde n’est pas bien à l’aise sur internet et, pour eux, acheter pour un autre (et plus particulièrement pour un enfant) peut rapidement devenir un casse-tête. En effet, la perspective de placer nos gosses ou ceux d’autres devant des scènes violentes, suggestives ou autres sujets matures (alcool, drogue, entre autres) n’est guère enchanteresse… C’est probablement donc pour cela que PEGI (pour Pan European Game Information) a vu le jour. Oui, parce qu’avant 2003, il fallait se débrouiller sans ça et sans internet, et c’est donc pour ça que tous les trentenaires qui ont grandi manette en main ont joué à Tintin au Tibet.
Avant d’aller plus loin, revenons vite fait sur ce qu’est PEGI. En fait, il s’agit d’un organisme de classification dont la tâche consiste à évaluer l’âge auquel se destine un jeu vidéo (ou plutôt à partir de quel âge le produit ne représente plus de danger) et les divers éléments gênants auxquels pourrait être confronté un joueur (alcool, sexe, sujets religieux… bref, tous les sujets qui peuvent fâcher à l’exception de la politique visiblement). Une mission ardue puisque PEGI opère dans de très nombreux pays à diverses échelles, du Québec en Afrique du Sud et jusqu’au Kazakhstan, des pays à la culture et aux croyances sensiblement différentes qui ne doivent pas faciliter une notation claire et équitable de logiciels provenant des quatre coins du globe…
Enfin, si adapter un système de notation efficace à diverses cultures ne doit pas être chose aisée, l’appliquer à diverses cultures doit aussi représenter une sacrée prouesse. Effectivement, à l’instar de l’adage « on ne peut pas rire de tout avec tout le monde », tous les sujets ne peuvent pas être abordés partout de la même manière. Un exemple ? L’hypersexualisation des personnages adolescents dans les jeux japonais, généralement moyennement bien reçue aux USA et dans les pays scandinaves alors qu’au Japon ou chez nous, ça passe.
Et cette liste n’est pas figée. En fonction des changements de la société, elle évolue pour accueillir des sections (« Achat intégrés » pour les micropaiements ou autres loot boxes) ou changer des catégories existantes comme celle des jeux d’argent et de hasard, le sujet dont il est question ici. On vous l’apprend peut-être, mais depuis des années, les jeux d’argent sont dans le viseur de l’État, notamment parce qu’une addiction sévère à ceux-ci peut détruire la vie d’un joueur et de son entourage. Précision utile : cette tribune n’a aucune valeur moralisatrice (d’autant qu’on serait mal placé pour donner des leçons…), nous n’allons juger personne ni pointer du doigt un dysfonctionnement, nous établissons juste le contexte pour ce qui suit.
Entrons à présent dans le vif du sujet. Le jeu vidéo ne manque pas d’exemples de jeux d’argent et de hasard. Red Dead Redemption (Poker par exemple qu’on retrouve aussi dans Watch Dogs), The Witcher (le Gwent), Super Mario Bros. (le jeu des paires)… On en retrouve partout, sous toutes les formes et pour presque tous les publics. Or, le souci est là, le public. En effet, si un adulte peut bien faire ce qu’il veut, donner une image élogieuse de ces jeux au travers d’expériences contrôlées pourrait une fois adulte engendrer de grosses répercussions et favoriser des comportements à risque. C’est pour cette raison que PEGI attribue depuis 2020 la note PEGI 18 à toute expérience comprenant des jeux d’argent et de hasard.
Vous commencez à voir où l’on veut en venir avec Pokémon ? Vous souvenez-vous de Pokémon Rouge, Bleu et Jaune ? Nous parlons bien des épisodes originaux, pas des versions Let’s Go! qui ont, elles, contourné le problème. Une fois à Céladopole, votre argent, accumulé en tabassant des scouts et la pègre locale, pouvait être investi au casino afin d’empocher des jetons pouvant ensuite être échangé contre des bêtes rares comme Minidraco ou Porygon, ce dernier ne pouvant être obtenu que par ce moyen. Vous noterez aussi la subtilité de ce message : vous tapez sur la mafia, oui, mais vous financez aussi leurs magouilles en essayant de compléter votre Pokédex en devenant ainsi complice de leurs agissements… Classe et subtilité…
Dans de telles circonstances, le trio de cartouches originales Pokémon est donc bien un ensemble de jeux déconseillés au moins de 18 ans (et c’est probablement la même chose pour Pokémon Or, Argent et Cristal). Bon, en réalité, on vous rassure, ce n’est pas le cas. En effet, cette règle ne s’applique qu’aux jeux qui sortent aujourd’hui. Cependant, avec la rumeur persistante qui indique que la Switch pourrait prochainement accueillir l’émulation Game Boy et Game Boy Color dans le cadre de son service en ligne, nous sommes en droit de nous demander si ces softs pourraient s’en voir priver l’accès en Europe…
Pour l’heure, difficile de répondre. Le point clé se situe en fait dans le nombre d’améliorations que le logiciel pourrait accueillir au format émulé. En effet, dans le cas d’un portage, PEGI indique qu’un jeu ne pourra conserver sa note originale que « s’il n’est ni amélioré, ni modernisé, ni altéré de sorte à passer pour un nouveau jeu » (#directorscut). Donc dans l’absolu, un portage des versions émulées de la 3DS pourrait convenir, mais il est possible que l’organisme ne partage pas ce point de vue (notamment si le jeu accueille une connexion au Pokémon Home comme ceux sur 3DS). Si le titre ne passe pas, il est très peu probable que le jeu soit proposé « gratuitement » par le biais du service (ensuite, rien n’empêche Nintendo de le proposer en vente séparément).
Alors, qu’en pensez-vous ? Une telle décision vous semble-t-elle trop dure ? Avez-vous un avis sur les jeux de hasard dans le jeu vidéo ? Seriez-vous déçu si Pokémon Rouge, Bleu et Jaune n’apparaissent pas dans les listes des jeux Game Boy d’un éventuel logiciel d’émulation sur Switch ? Crachez votre venin dans la section ci-dessous. Sinon, saviez-vous que ces mêmes versions ont le plus haut classement PEGI de toute la série (oui, même plus que Pokkén alors qu’on les voit bien se tartiner la tronche à coup de mandales…) ?
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