Ce n’est un secret pour personne, la Nintendo Switch réalise un carton commercial qu’on n’imaginait pas, ou en tout cas pas à ce niveau, tandis que la WiiU était quant à elle l’un des pires fours de l’industrie. Mais ce qui impressionne plus encore, c’est la longévité sur le marché de la machine hybride qui continue, aujourd’hui encore, d’affoler les compteurs, à tel point que l’on se demande jusqu’où elle pourra aller.
En effet, les résultats commerciaux semestriels viennent de tomber et on s’aperçoit que la destinée de la Nintendo Switch est à nulle autre pareille. Rendez-vous compte, sur le dernier semestre, et alors que la console a déjà plus de six ans d’existence, ses ventes repartent à la hausse (comparé au même semestre de l’an dernier). Une hausse légère, certes, de deux petits pourcents, mais une hausse néanmoins significative alors que dans l’histoire du jeu vidéo, on est plutôt censé observer une chute (logique) dans le nombre d’unités vendues.
Ainsi, avec 132 millions de consoles ayant trouvé possesseurs, la Nintendo Switch est en passe de réaliser l’impensable et de détrôner sa grande sœur, la Nintendo DS (culminant à 154 millions d’unités), dans le panthéon des plus grands succès de machines, voire peut-être même les 155 millions de ventes de l’increvable PlayStation 2.
Évidemment, c’est aussi (et surtout) grâce aux derniers jeux sortis que Nintendo continue de vendre sa machine par palettes, à commencer par un certain The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom qui, après avoir vendu dix millions de cartouches en seulement trois jours, en est maintenant à 19,5 (soit presque 15 % du parc installé). Et en prime, 1,33 millions de copies supplémentaires de Breath of the Wild ont également trouvé preneur sur ces six derniers mois (portant son total à presque 33 millions de ventes).
Mais que dire des incroyables résultats réalisés par Mario Kart 8 Deluxe : 57 (!) millions de ventes (43 % du parc de machines installé) dont encore 3,22 millions sur le dernier semestre. Des ventes sans doute stimulées par les nouvelles sorties de circuits additionnels, transformant le jeu WiiU à la base comme le Maxi Best-Of des Mario Kart.
D’ailleurs, de manière plus globale, et à quelques exceptions près parmi les plus importantes licences de Big N (Metroid notamment), la machine nippone a accueilli ce qui se faisait de mieux ou presque à chaque fois, et quasi systématiquement avec des records de ventes. Dans ces conditions, et dans un contexte où tout le monde attend la relève à la machine de Nintendo au tournant, on se demande comment le constructeur va pouvoir réussir à faire mieux. Comment arriver à proposer un Mario Kart 9 arrivant ne serait-ce qu’à la cheville, au moins en termes de contenus, de l’épisode Switch ?
Une question qui se pose aussi bien pour Mario Kart que pour Smash Bros., Animal Crossing, Pikmin (dont le quatrième opus s’est écoulé à 2,61 millions d’exemplaires), ou, dans une moindre mesure, Super Mario Bros. Pour ces différentes licences, Nintendo est presque condamné à décevoir. De fait, la solution ne réside-t-elle pas dans la capacité des développeurs à révolutionner leurs formules, afin de compenser la baisse de contenu par une créativité débordante, soit un défi presque impossible à réaliser ?
Aussi, après un succès aussi insolent, peut-on imaginer que Nintendo puisse rééditer l’exploit que réalise sa Nintendo Switch ? C’est d’ailleurs probablement aussi pour cette raison que le constructeur repousse au maximum le moment où sera dévoilée au grand public sa prochaine machine (qui aurait été présentée à quelques privilégiés en marge de la dernière Gamescom). Et on ne peut pas vraiment leur donner tort quand on voit qu’il y a eu encore presque sept millions de machines vendues sur ce dernier semestre.
Sans doute encore traumatisé par l’accident industriel qu’a été la WiiU (succédant au carton de la Wii), on imagine assez aisément l’hésitation de Nintendo dans ce moment charnière de la vie commerciale de la Switch. Car pour convaincre ses millions d’adeptes, la « Switch 2 » devra à la fois être dans la continuité de sa grande sœur (son côté hybride notamment) tout en justifiant, autrement que par une simple mise à jour technologique, le passage à la nouvelle génération.
Cette justification pourrait passer par le hardware, même si on a du mal à voir comment Nintendo pourrait aller plus loin qu’actuellement, mais on imagine que c’est surtout du côté du software que le lancement de sa future machine devra mettre le paquet. Deux noms nous viennent alors instantanément en tête.
Côté caution gamer, on commence à se dire que Metroid Prime 4, très attendu par les fans de Samus et dont le développement a subi maints bouleversements, pourrait être le titre de lancement de la future machine de Nintendo. Mais pour le grand public, il en faudra bien plus, et c’est du côté d’un certain moustachu qu’on pense que le constructeur pourrait se tourner.
Entre un film d’animation ayant largement dépassé le milliard de dollars de recettes et un Super Mario Bros. Wonder autour des cinq millions de ventes en deux semaines, on n’imaginait pas que la popularité du plombier pouvait encore s’élargir, et pourtant… De fait, un nouvel épisode majeur de la licence pourrait voir le jour pour accompagner et booster la sortie d’une nouvelle machine.
Mais ensuite, si on imagine que cette future console soit compatible avec le catalogue Switch, et dans l’hypothèse où son lancement commercial soit couronné de succès (ce qui fait déjà deux beaux « si »), il apparaît presque impossible que soit reproduite cette trajectoire folle.
Nul ne pourra s’empêcher de comparer cette « Switch 2 » avec ce qui a été proposé sur sa grande sœur, laquelle semble avoir accueilli ce qui pouvait se faire de mieux. Quand on a atteint le sommet, on ne peut que redescendre, et si Nintendo continue de s’accrocher tant que faire se peut à son pic, on sait déjà que, malheureusement, c’est forcément la chute qui les attend. À moins d’un autre miracle…