Cela faisait longtemps que c’était dans les tuyaux chez Riot Games : la compétition Game Changers dédiée aux joueuses, déjà en place sur Valorant, va s’étendre sur League of Legends dès le mois d’Août prochain. League of Legends Game Changers, ou LGC, sera déployé en Europe, avec une première compétition, Game Changers Rising, qui se déroulera majoritairement en ligne. La finale de cette compétition sera disputée sur scène lors de la prochaine Paris Games Week.
« Enfin ! » car cela faisait longtemps que cette ligue était attendue. Alors que League of Legends est, en termes d’audience, l’une des disciplines, si ce n’est la discipline, la plus prisée dans l’esport, l’idée d’une ligue permettant aux joueuses de s’épanouir aura pris plus de quinze ans à s’officialiser par rapport à la compétition traditionnelle. A titre de comparaison, la compétition Game Changers de Valorant a été lancée un an seulement après le lancement de la compétition générale.
Installer les Game Changers dans un écosystème déjà existant
Les joueuses et les organisateurs n’ont cependant pas attendu le bon vouloir de Riot. Quelques compétitions et équipes, déjà bien implantées dans le système esportif, existent déjà. On pense notamment à la Coupe des Etoiles (en France) et l’Equal Esport Cup (en Allemagne). Riot est bien conscient de cet héritage et promet déjà d’inscrire sa compétition dans un calendrier qui ne perturbera pas leur déroulement.
D’ores et déjà, Riot Games promet l’implication de plusieurs structures LEC, la première ligue européenne, dans le projet. Au total, sur les huit équipes qui participeront à la compétition, six d’entre elles devraient être recrutées par invitation. Trois seront des projets de structures évoluant en LEC, comme G2 Hel. Riot Games invitera également les trois équipes finalistes de l’Equal Esport Cup. Enfin, les deux dernières équipes seront recrutées suite à un tournoi qualificatif ouvert à toutes les équipes.
Avec cette nouvelle ligue, Riot Games continue de travailler à réduire les inégalités, malheureusement encore bien présentes dans le milieu. Contrairement au sport traditionnel, il n’est pas question d’imaginer un prétendu avantage biologique : c’est avant tout une question sociale. Non pas que les filles ne soient pas attirées par les jeux et l’esport. C’est l’accueil qui leur est réservé qui pose problème.
C’est une expérience de Women in Games Argentina qui a le mieux mis la situation en exergue : des joueurs ont, à deux reprises pris la manette pour l’association. Une fois normalement, une fois avec un modificateur de voix afin de paraitre être une femme. Les résultats ont été sans appel : là où, avec une voix masculine, le joueur a pu tuer 15 fois ses adversaires en ne mourant que deux fois, la situation s’inverse globalement lorsque le modificateur de voix est activé.
Ce n’est pas un soucis de performance individuelle. Lorsque les équipiers du joueur ont pensé jouer avec une femme, ils ont choisi de ne pas coopérer, et d’insulter la supposée joueuse.
Dans ces conditions, il est difficile de sainement développer des talents, quand bien même les joueuses ont un potentiel équivalent aux joueurs. League of Legends, réputé pour sa toxicité, n’est bien évidemment pas exempté de ce genre de dérive. La ligue Game Changers, si elle vise à mettre en valeur les joueuses, ne pourra pas régler ces soucis à elle seule. En fait, même les joueuses ne voient pas forcément ces initiatives uniquement dédiées aux femmes et aux genres marginalisés d’un très bon oeil.
« On ne peut pas séparer l’expérience vidéoludique du genre du joueur. Le harcèlement fondé sur le genre est l’une des raisons principales derrière l’abandon d’une carrière dans le jeu vidéo pour les personnes marginalisées, que ce soit dans l’esport ou dans le streaming. C’est pourquoi, lorsqu’elles ont une réelle chance de participer à la compétition sérieusement ou professionnellement, beaucoup souhaitent ne pas porter l’attention sur leur genre » – Bonnie Qu pour Team Liquid
Pourtant, force est de constater que ces initiatives peuvent porter leurs fruits : en 2025, pour la première fois, une joueuse est passée de la ligue Valorant Game Changers aux VCT EMEA, la ligue majeure de Valorant en Europe, qui ne discrimine pas par le genre. Dans le même temps, G2 Hel, l’équipe de League of Legends féminine de G2 Esport, s’est qualifiée en division 2 de la Liga Nexo espagnole. L’équipe a atteint les quarts de finale.
Les choses vont changer, que les organisateurs soient prêts ou non. Si ces ligues dédiées vont dans la bonne direction pour favoriser la prise en charge et la protection des talents, reste une donnée, sur laquelle ni les structures, ni les organisateurs ne pourront agir : l’engouement et la présence du public, qui seront essentiels au développement de la ligue. Cela sera décisif pour la survie de la ligue sur le moyen terme.
Women In Games – L’association qui remet les sexes dans le contexte
M⅃K
League of Legends – La révolution KOI en marche au LEC
DracoSH
Valorant – DVM écarté des Challengers France
DracoSH