Alors que nous vous parlions encore récemment de licenciements, quelques bonnes nouvelles viennent peindre un tableau plus positif de l’industrie : les studios japonais auraient la cote auprès des jeunes diplômés, particulièrement Konami et Bandai, qui ont été beaucoup cités dans un sondage récent au sujet des ambitions de carrière des jeunes japonais.
Comme chaque année, Nikkei, le premier journal économique japonais, et My Navi, l’une des principales agences de ressources humaines du pays, ont sondé les étudiants japonais qui seront diplômés début 2026 au sujet de leur employeur de rêve. Les entreprises liées au jeu vidéo récupèrent un bon classement, avec, notamment, Konami qui se retrouve dixième, une belle évolution, puisqu’à la même période l’année dernière, le studio était trentième.
Pour être plus exact, le sondage se fait selon plusieurs catégories : principalement les domaines d’études : culturels (environ 25 000 sondés) et scientifiques (environ 10 000 sondés), d’autres rapports séparent également les hommes et les femmes dans chaque catégorie. De plus, il est également possible de voir les raisons évoquées par les sondés. Pour être plus exact, ce sont les étudiants dans le milieu de la culture qui ont élevé Konami à la dixième place, pour les étudiants scientifiques, Konami n’est « que » à la vingt-septième place.
Si, dans l’absolu, voir des studios de jeu vidéo populaires parmi les entreprises rêvées de jeunes adultes n’est pas surprenant, ce qui peut l’être un peu plus, c’est la raison : pour un peu plus de 18% des personnes ayant cité Konami, c’est avant tout la stabilité de l’entreprise qui les attire. Il faut dire que comparé à de nombreux homologues, le studio est en grande forme.
Non seulement il fait une excellente année d’un point de vue économique, c’est sur le plan humain que le studio s’est démarqué : en février, c’était la quatrième fois que le studio augmentait les salaires de ses employés depuis l’année dernière. Alors, il n’est bien sûr pas le seul à faire ces choix. Capcom s’est, notamment, également décidé à augmenter les salaires, et cela se fait dans un contexte économique global complexe dans l’archipel, pour autant, cette culture d’entreprise semble avoir convaincu.
Enfin, il ne faut pas oublier que la question du licenciement, est, au Japon, bien plus lointaine qu’aux États-Unis, par exemple. Les employés disposent de bien plus de protection, et les licenciements, surtout ceux de masse comme on peut régulièrement voir dans l’industrie, sont bien plus complexes à réaliser. Dans le cadre des « emplois à vie » (l’équivalent de nos CDI), les licenciements de masse ne sont possible qu’en donnant des preuves qu’il s’agisse de l’unique solution pour redresser la situation de l’entreprise, le nombre d’employés remerciés doit être en adéquation avec les besoins justifiés. Dans ces conditions, il est bien plus facile de voir le jeu vidéo comme un milieu « stable » !
De plus, avant d’en arriver là, une entreprise doit utiliser tous les moyens à sa disposition pour essayer de redresser la barre… y compris baisser les salaires des dirigeants. L’un des exemples les plus connus dans le milieu du jeu vidéo d’une telle situation, c’est la réaction de Nintendo suite à l’échec de la WiiU. Si Nintendo nous avait vendu la belle histoire du président qui préférait se sacrifier pour garder des équipes pleines, il était avant tout obligé par la loi de faire ce choix.
D’ailleurs, Nintendo a, lui aussi, observé un progrès par rapport à l’année dernière dans le classement : de vingt-neuvième à dix-septième. Cependant, cette fois-ci, c’est bien la place du studio dans l’industrie qui attire plus que la stabilité proposée par l’entreprise.
Si ces résultats peuvent être rassurants, les studios ayant une image positive du point de vue de leur culture d’entreprise, il reste cependant essentiel de voir ce sondage avec un grain de sel. Oui, les sondés ont, forcément, déjà une connaissance probablement plus approfondie de ce qu’il se passe au sein des studios, grâce à des rencontres, des stages, des recherches personnelles. Cependant, il faut tout de même garder en tête que ce sont des jeunes qui parlent de leurs espoirs, pas d’une expérience réelle.
Comme dans beaucoup d’endroit, il existe forcément des moyens de contourner les obligations dictées par la loi. Ce n’est pas parfait : notamment, il peut y avoir des entreprises qui profitent de contrats moins avantageux pour une partie de sa main d’oeuvre ou qui, lors des moments difficiles, forcent la main de leurs employés pour les pousser à la démission ou à la retraite anticipée. Dans les faits, beaucoup d’employés ou d’anciens employés témoignent de situations de travail difficiles, voire abusives.
D’autre part, si beaucoup souhaitent travailler dans les studios, ce n’est pas pour autant garanti qu’ils y trouvent leur place : la situation économique globale reste tendue, et la première méthode pour ne pas avoir à licencier, c’est de ne pas recruter.
Plutôt que de prendre des risques, les entreprises vont plutôt limiter les contrats d’emploi à vie, qui étaient la norme auparavant. Dans le cas de Konami, d’ailleurs, les actions, telles que les hausses de salaires, ont souvent été accompagnées de prises de paroles soulignant l’importance de l’humain dans l’entreprise.
Au vu de son actualité, il n’est pas surprenant de voir Konami monter dans ce genre de sondage. D’autant plus qu’il faut bien garder à l’esprit qu’en tant qu’entreprise, Konami ne se limite pas qu’au jeu vidéo, son activité est globalement bien plus visible sur l’archipel qu’à l’international.
Konami pousse ses jeux de sport à l’international
DracoSH
Suikoden – Konami enrichit l’univers de sa licence
Poulet
Vers une crise du recrutement chez les studios japonais ?
DracoSH