C’est la seconde fois dans l’histoire du club : ce samedi, à l’occasion du KCX, la Karmine Corp a rassemblé un public de 28 000 personnes à Paris La Défense Arena pour un spectacle d’un peu plus de six heures composé de showmatchs et d’annonces. Cela fait maintenant quatre ans que la structure organise cet événement annuel en fin de saison esportive afin de réunir son public et ses joueurs une dernière fois.
Bien que la structure ait choisi d’à nouveau tenter l’expérience à Paris La Défense Arena, le contexte est bien différent. Plutôt que d’affronter des adversaires monde entier, la Karmine Corp se concentre sur un seul ennemi, son premier rival, l’Espagne. Les équipes de la structure Koi, chapeautée par le streamer espagnol Ibai.
La rencontre s’est déroulée sur cinq manches : Rocket League, deux manches de League of Legends et deux manches de Valorant. L’objectif des rencontres est double. D’une part, c’était l’occasion d’apporter une réponse à une rivalité qui s’est déjà exprimée à chaque rencontre des deux équipes au cours de l’année. De l’autre, les supporters ont pu voir une dernière fois leurs équipes de l’année 2024, avant de leur dire au revoir et d’accueillir les nouvelles équipes qui joueront sous leur couleur.
Des adieux forts, d’autant que cette année, la structure a remercié deux joueurs phares de la structure : Saken et Cabochard, qui jouaient dans l’équipe League of Legends depuis 2021. Ces « légendes du club » ont grandement aidée la structure à gagner son identité, puisqu’ils l’ont suivi dans tous ses succès sur l’une des disciplines esportives les plus suivies (si ce n’est la plus suivie aujourd’hui).
Pour les supporters, qui suivent la structure depuis ses débuts, ce sont trois ans qu’ils ont partagé avec ces joueurs, et l’émotion a retenti dans la salle. La séquence d’au-revoir a été l’une des plus anticipées par le public, avec des spéculations qui allaient bon train depuis la mise sur le banc des joueurs en mai de cette année suite à un passage difficile en ligue européenne.
« Cette aventure, c’était vraiment incroyable. […] Merci à vous. Je suis triste que ça se termine comme ça. » Lucas « Saken » Fayard
Dans la salle, les discours d’adieu du duo ont été difficiles à entendre, tant le public était galvanisé par la présence des deux joueurs, dont ils n’avaient pas eu de nouvelles depuis leur mise sur le banc. Ce ne seront pas les seuls joueurs à quitter la structure : la Karmine Corp participe au mercato, au cours duquel les joueurs participent à un jeu de chaises musicales afin de se trouver une équipe pour l’année prochaine.
Cependant, les joueurs n’ont pas été les seules étoiles : la structure elle-même a brillé, grâce aux diverses annonces faites par les gérants de la structure. Si l’année dernière, ces annonces avaient concerné la croissance du club, avec respectivement le partenariat des Arènes d’Evry-Courcouronnes et la montée en LEC, cette année, c’est avant tout des annonces tournées vers la jeunesse qui ont été faites.
Tout d’abord, la mise en place de deux nouvelles équipes Valorant et League of Legends pour les ligues de deuxième division. Prévues pour accueillir des joueurs très jeunes, qui auront 19 ans tout au plus, la structure voit ces nouveaux projets comme un moyen de détecter les talents le plus tôt possible.
Il s’agit d’un système qui s’aligne sur le fonctionnement de la LCK, la ligue coréenne de League of Legends, qui est également la plus performante : les structures ont trois équipes pour trois niveaux de jeu. C’est un système qui paye lorsqu’on regarde les résultats : T1, l’équipe championne du monde en titre depuis deux ans, a conservé trois joueurs provenant de son académie autour de Faker, joueur star de la structure depuis plus de dix ans.
De plus, la structure s’est engagée dans un autre projet : une partie des bénéfices du merchandising sera attribuée à la cagnotte Blue Hearts, qui sera distribuée à des associations. Pour la première année, les associations sélectionnées ciblent la jeunesse. Télémaque vise à mettre en relation des jeunes avec des mentors et Nightline est un système d’écoute prévu par des étudiants pour aider leurs pairs en détresse psychologique.
Ce KCX était un moment fort, tant pour les supporters de la Karmine Corp que pour les spectateurs d’esport à travers le monde. En prenant du recul, et replaçant le KCX au sein des événements esportifs majeurs à travers le monde, il fait partie des événements ayant attiré le plus le public cette année. En réussissant ce succès une seconde fois, la Karmine Corp cémente la place du public français comme étant l’un des plus impliqués.
« Décider d’aller en Europe était un choix difficile mais après le KCX4, tout ce que je veux faire, c’est vous rapporter un trophée, vous rendre fier. » Saadhak, capitaine de l’équipe Valorant 2025.
Cette année, même la finale des mondiaux de League of Legends, le match ayant enregistré le plus grand record de spectateurs en ligne de tous les temps pour de l’esport, n’avait pas vu aussi grand en présentiel, avec 20 000 places de prévues dans le stade O2 de Londres.
Cependant, ce KCX marque bel et bien un tournant : la structure est de plus en plus mature. Contrairement à l’année dernière, les annonces ne concernent plus un agrandissement de la structure en soi. Elles visent, en priorité, l’amélioration, sur le long terme de l’environnement compétitif et plus immédiatement, à soutenir son jeune public.
Au sein d’un environnement actuellement en crise, avec des structures européennes historiques telles que Fnatic qui peinent à rentrer dans leurs frais, l’exemple de la Karmine Corp montre une solution possible. Contrairement au sport traditionnel, l’esport ne distribue pas de droits de diffusion : la majorité des rentrées d’argent se fait avant tout sur l’événementiel, les sponsors et la vente de merchandising.
Les décisions de Riot Games, derrière l’esport League of Legends, actuellement le plus regardé, semble également aller dans cette direction : l’année prochaine, les équipes LEC pourront, sous certaines circonstances, organiser leur propres événements autour des matchs compétitifs, sortant alors la compétition du petit studio berlinois habituel…
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