Dans l’art et la culture populaire, Judas est souvent représenté à l’écart des autres apôtres, sombre, ou en train de dissimuler quelque chose… Annoncé en décembre 2022 lors des Game Awards, Judas s’était aussitôt imposé sur les radars des amateurs de FPS narratifs, hallucinés et violents.
Porté par Ken Levine, créateur de la série BioShock, ce nouveau titre développé par Ghost Story Games (structure spécialement créée par Take-Two pour l’occasion, sur les cendres d’Irrational Games) s’est présenté comme une expérience ambitieuse, héritière spirituelle de ses prédécesseurs. Mais deux ans après cette annonce, l’enthousiasme initial laisse place, pour le moment, à un léger sentiment de reniement.
La bande-annonce révélée fin 2022 laissait entrevoir un univers dystopique et spatial nommé Mayflower, du même nom que le vaisseau marchand anglais devenu célèbre pour avoir transporté en 1620 d’Angleterre en Amérique du Nord un groupe de dissidents religieux, les « Pères pèlerins », à la recherche d’un lieu pour pratiquer librement leur religion. Stylisé et porté par une direction artistique évoquant les décors et la démesure de Rapture, le jeu a immédiatement impressionné les vieux arpenteurs des couloirs de la ville sous-marine comme les nouveaux plongeurs des profondeurs.
Le jeu, prévu à l’origine pour mars 2025 selon Take-Two, n’a toutefois pas donné signe de vie depuis mars 2024. Ni images inédites, ni mise à jour, ni prise de parole officielle. Un silence de mort pour un jeu censé être sorti… depuis deux mois.
Face à cette absence de communication, beaucoup s’interroge. Forums, réseaux sociaux et plateformes spécialisées regorgent de spéculations. Certains espèrent une réapparition surprise à l’occasion du Summer Game Fest 2025. D’autres évoquent une sortie discrètement repoussée, voire un abandon du projet. Le manque de transparence du studio nourrit ces hypothèses, et soulève des doutes quant à la solidité du développement.
Ces interrogations s’appuient sur des éléments concrets. Dès 2022, une enquête du journaliste Jason Schreier (Bloomberg) levait le voile sur les coulisses de Ghost Story Games. Plusieurs témoignages d’anciens employés faisaient état d’une organisation instable et d’un climat de travail tendu. Ken Levine, à la tête du projet, y était décrit – une nouvelle fois – comme un directeur créatif exigeant, difficile à suivre, difficile à vivre. Son perfectionnisme aurait conduit à de nombreux revirements de direction, ralentissant la progression et fragilisant les équipes.
Ces difficultés pèsent d’autant plus lourd que Judas repose sur un concept technique complexe. Le jeu promet une narration adaptative, influencée par les choix du joueur, inspirée des mécaniques du Nemesis System de Shadow of Mordor. À cela s’ajoutent des ambitions sur le plan du gameplay, mêlant exploration, combats, interactions poussées et une rejouabilité accrue. Autant d’éléments qui exigent une cohésion de développement rarement compatible avec une structure interne instable.
À ce jour, aucune information ne permet de déterminer si Judas est toujours en voie d’achèvement. Le calendrier initial n’a pas été officiellement modifié, mais l’absence prolongée de communication laisse peu de place à l’optimisme quant à une sortie dans les délais. Pour Ken Levine, dont la réputation repose en grande partie sur l’impact durable de BioShock, l’enjeu est double : faire émerger un nouveau projet à la hauteur de ses ambitions et de son passé, et rassurer quant à sa capacité à diriger une production moderne.
Le jeu reste attendu, mais désormais, c’est son silence qui attire l’attention. Personne ne sous estime les ambitions et les difficultés d’un studio à faire ressusciter, d’une manière ou une autre, une des licences les plus marquantes du jeu vidéo. Reste à savoir si ce mutisme cache une stratégie discrète, un chantier toujours en cours, ou les signes d’un projet déjà bien trop tourmenté.
La suite dépendra de la manière dont Ghost Story Games saura, ou non, reprendre la parole. Bref, encore un peu tôt pour y voir le traître cupide ou l’instrument involontaire d’un plan divin qu’il est censé illustrer, mais on risque de le surveiller, quand même, d’un œil suspicieux à présent. Forcément.
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