L’IA vocale générative, suscite des inquiétudes majeures. Lorsque ces outils remplacent des professionnels expérimentés au lieu de les épauler, les tensions montent.
Dans un contexte où les grèves paralysent une partie de l’industrie du jeu vidéo, l’utilisation de l’IA pour produire du contenu gratuit remue le couteau dans la plaie, voire annihile les chances d’un dialogue entre syndicats et éditeurs, surtout depuis les conflits sociaux d’Hollywood mené par la SAG-AFTRA.
Toujours la SAG-AFTRA, syndicat américain, a lancé un appel à la grève le 26 juillet dernier, mouvement toujours en cours. On rappelle qu’en 2016, lors du dernier épisode de grève des doubleurs dans le jeu vidéo, un mouvement similaire avait permis une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail, au terme de onze mois d’arrêt. Il s’agit donc d’un bras de fer aux allures plus de marathon que de sprint.
Mais cette fois, le bras de fer semble encore plus complexe. Au cœur des revendications : le flou autour des droits et de la protection des voix humaines face à l’essor des IA vocales.
Pourtant, personne n’est dupe. Comme notre rétine sait reconnaître une image produite sur Midjourney, notre oreille sait reconnaître une voix artificielle, ces inflexions de voix qui sonnent comme les fameux « crucial » et « tapisserie » de ChatGPT. L’IA vocale creuse toujours plus le sillon de cette « Uncanny Valley », sillon qui va chercher toujours plus profondément.
Lorsqu’elle fragilise des emplois, l’intelligence générative effraie ; pourtant, des solutions de cohabitation paraissent encore possibles malgré l’apparente surdité des employeurs.
À Paris, le 3 décembre 2024, des comédiens de doublage manifestent contre le « vol de voix ». Leurs voix, parfois extraites sans consentement, sont utilisées pour entraîner des IA vocales génératives. Une pratique qui rappelle le siphonnage d’œuvres visuelles par des logiciel comme Midjourney, souvent en violation flagrante des droits d’auteur.
Concrètement, cette grève ne se fait pas encore sentir sur notre paysage vidéoludique actuel. D’après The Verge, les jeux vidéo en développement avant août 2023 ne sont pas concernés par cet arrêt des machines.
Cela inclut notamment des mastodontes comme Grand Theft Auto VI et Assassin’s Creed Shadows, ou encore la majorité des titres majeurs prévus jusqu’au printemps 2025, voire un peu au-delà.
De manière assez amusante, des titres fonctionnant sur un modèle de GaaS tels que Fortnite ou Apex Legends échappent également à ces restrictions. On n’enraye pas les rouages de n’importe quelle machine !
Au cœur d’une polémique quasi philosophique, l’industrie du jeu vidéo (et du cinéma) se doit de naviguer entre les récifs de la morale avec l’IA vocale.
Quoi de plus personnel qu’une voix, quoi de plus humain ? Déposséder, étape par étape, l’être humain de ses attributs les plus naturels pourrait amener des chamboulements moraux inédits dans nos sociétés.
Microsoft veut doper le jeu vidéo à l’intelligence artificielle
n1co_m
SAG-AFTRA – Un accord sur l’IA qui sème la discorde
Ledan
Cyberpunk 2077 – Une voix faite par IA remplace un acteur décédé
DracoSH