La situation dramatique pour l’emploi dans le jeu vidéo que l’on connait depuis 2023 ne s’améliore pas, et empire, même. Si certains, comme Mimimi Games (Shadow Tactics), ont rendu leur tablier pour ne plus subir la pression qu’exerçait cette situation, d’autres plus nombreux, ont payé cher un échec commercial, à l’instar d’Arkane Austin, qui n’aura pas survécu au lancement compliqué de Redfall.
On s’habitue tristement aux actualités relatives à la fermeture de studios (même si certaines touchent plus que d’autres), et on n’est tristement pas surpris d’apprendre que Rocksteady a vu le nombre de ses collaborateurs fondre suite au ratage Suicide Squad: Kill the justice League. Sans être une surprise, la nouvelle est toutefois regrettable sur plusieurs fronts.
D’abord parce que Suicide Squad a des qualités, nous les avions soulignées dans notre test, et que celles-ci sont bien évidemment dues aux équipes de développement. Que ce soit l’écriture, la mise en scène, ou le rendu graphique, le jeu retrouve au moins sur ces aspects un peu de la grandeur de la trilogie Arkham.
Là où il pêche, c’est sur la proposition de gameplay, l’identité bâtarde entre aventure solo et jeu-service. Une identité cassée qui laisse à penser que les problèmes du jeu sont très probablement plus dus à la (les ?) direction qu’on a voulu lui donner. Or, les dirigeants sont rarement touchés par les restructurations.
L’autre conséquence de ces licenciements, c’est que Rocksteady s’abime lui-même en se privant de compétences. Certes, Suicide Squad n’est pas à la hauteur. Mais Rocksteady reste un grand studio qui a signé parmi les plus grands jeux de super héros de l’histoire du média, et dont l’influence se ressent encore dans les hits actuels (la série des Marvel Spider-Man sur PlayStation…). Garder des dirigeants ineptes et se séparer des savoir-faire n’est probablement pas la meilleure façon de garantir la réussite du prochain jeu.
Tu rates : tu dégages, tu réussis : tu dégages.
Les licenciements chez Rocksteady relèvent donc de décisions questionnables, mais étaient hélas attendues dans l’atmosphère qui entoure l’industrie depuis quelques mois. Ceux qui touchent les équipes qui ont travaillé sur Helldivers II sont plus étonnants, tant le jeu a satisfait en tous points à la fois l’industrie, la presse et le public.
Toadman Interactive, un studio « support » sur Helldivers II qui a notamment participé à son suivi, particulièrement salué, vient ainsi de décider la fermeture de trois studios à Oslo, Visby et Stokholm. Il conserve sa structure à Berlin, qui souffrira néanmoins également de licenciements, pour un total d’une centaine d’employés.
La cause avancée est essentiellement l’échec du dernier jeu développé par les studios, EvilVEvil, un FPS qui a reçu un accueil plutôt froid de la part de la presse et des joueurs. Cependant, qu’un jeu de cette envergure (que nous qualifierons de « moyenne ») entraine la quasi-fermeture des studios sans que le succès d’Helldivers II ne puisse compenser en dit beaucoup sur la fragilité économique des acteurs de l’industrie.
Pire, chez les anglais de Ballistic Moon, on est licencié avant même de savoir si le projet aura fonctionné où non. Le studio est responsable de l’adaptation sur PC et PS5 du hit Until Dawn, prévu pour sortir le 4 octobre prochain. Cependant, alors que le jeu n’est même pas encore disponible, des licenciements ont déjà été décidés pour « assurer l’avenir du studio ».
Tout est pourtant au vert pour Until Dawn, avec une version PC réclamée de longue date et un film au programme réalisé par David F. Sandberg, un réalisateur de premier plan (Annabelle 2, les films Shazam !…). Un film qui sans aucun doute relancera à sa sortie l’intérêt pour le jeu, et potentiellement ses ventes. Mais nombre de ceux qui l’auront porté sur PS5 ne profiteront pas de ce nouveau boost.
Vu les récentes nouvelles autour de Concord, les salariés de Firewalk, (studio appartenant aux PlayStation Studios) ne doivent pas être rassurés. Jour après jour, fermeture après fermeture, on a l’impression que l’industrie se rapproche d’un point de rupture. Avec des jeux comme Concord ou Life By You enterrés tels E.T. en 1983, s’apprête-t-on à revivre un krach du jeu vidéo ?
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